Yaël Braun-Pivet : "Le gouvernement ne pourra rien faire seul, il doit faire avec l'Assemblée nationale"

"Je vois un gouvernement qui est composé de beaucoup de talents, beaucoup de de promesses, mais qui ne pourra rien faire seul". Voilà une phrase de bienvenue qui sonne aussi comme un avertissement. Ce lundi matin, invitée de BFMTV, Yaël Braun-Pivet a dit commencer à entendre la tentation de certains ministres de vouloir agir par "voie réglementaire" et exprimer la volonté d'"appliquer telle ou telle politique". "Le gouvernement doit faire avec l'Assemblée nationale que je préside", a-t-elle prévenu.  

Interrogée sur sa crainte éventuelle de voir l'Assemblée nationale contournée, notamment après les premières déclarations du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, sur l'immigration, la présidente de l'Assemblée a déclaré qu'elle sera "très attentive" et que "le Parlement ne sera pas contourné".

l'Assemblée nationale n'est jamais le problème. L'Assemblée nationale, c'est la solution. Yaël Braun-Pivet

"J'entends beaucoup : "Ça va être difficile à l'Assemblée nationale", a-t-elle indiqué, alors que le gouvernement ne peut s'appuyer que sur une coalition pouvant être mise en minorité à tout moment si les voix du Nouveau Front populaire et du Rassemblement nationale s'additionnent pour s'opposer à ses projets. "Mais pour moi, l'Assemblée nationale n'est jamais le problème. L'Assemblée nationale, c'est la solution. L'Assemblée nationale, c'est là où siègent les représentants du peuple. Nous avons été élus, nous sommes là par la volonté des Français", a martelé Yaël Braun-Pivet. 

Et d'ajouter : "J'entends que le gouvernement - qui vient d'être nommé et dont je souhaite vraiment la réussite pour notre notre pays et pour nos compatriotes - j'entends que le gouvernement respecte le Parlement dans toutes ses prérogatives et donc qu'il l'associe pour construire des politiques qu'il souhaitera mener. Plus que jamais, l'Assemblée nationale doit être au centre du jeu". Soulignant que les "règles du jeu" étaient fixées par la Constitution. 

Avant de se rendre à la Conférence des présidents, programmée ce mardi à 10h, Yaël Braun-Pivet s'est félicitée que Michel Barnier vienne à l'Assemblée pour cette réunion, jugeant important de voir que "le Premier ministre est soucieux du Parlement". "Il sera à 10h, en Conférence des présidents avec moi, pour parler aux présidents de groupe à l'Assemblée, aux présidents de commission, aux vice-présidents", a-t-elle expliqué. Affirmant  : "Je lui redirai quelle doit être la place du Parlement". 

Michel Barnier promet "respect et dialogue" au Parlement

Un message semble-t-il pleinement reçu par le chef du gouvernement, qui l'avait même en quelque sorte anticipé en se rendant, chose exceptionnelle, lui-même à cette réunion. Dès lundi, Michel Barnier avait expliqué devant les ministres réunis à Matignon vouloir une méthode faite "de respect et de dialogue" avec le Parlement. Des mots qu'il a répétés, ce mardi, devant les membres de la Conférence des présidents. "Je n'attends pas de complaisance ou de compromission", a-t-il dit, selon des participants à la réunion, ajoutant vouloir trouver des "compromis dynamiques". 

Confirmant, comme l'a révélé LCP, qu'il prononcera sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale le 1^er octobre, le Premier ministre a affirmé, selon nos informations, que son discours ne sera "pas un catalogue de mesures", mais définira "quelques priorités" sur des sujets importants pour les Français : niveau de vie, services publics, sécurité, intégration, immigration, finances publiques... Et d'afficher sa volonté de dialogue en promettant de rencontrer tous les présidents de groupe qui le voudront. 

Projet de loi sur la fin de vie : "Je souhaite qu'il soit réexaminé à l'Assemblée nationale avant la fin de l'année"

Yaël Braun-Pivet a fortement plaidé, sur BFMTV, pour la réinscription rapide de certains projets de loi à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale : le projet de loi d'orientation agricole, en navette entre les deux Chambres du Parlement, et le projet de loi sur la fin de vie, dont l'examen a été interrompu par la dissolution, ce qui veut dire que, s'il est de nouveau inscrit au programme du Palais-Bourbon, l'ensemble du projet de loi devra être rediscuté. "C'est un texte qui est attendu par les Français et donc, je souhaite qu'il soit réexaminé à l'Assemblée nationale avant la fin de l'année", a-t-elle insisté.