Budget 2026 : Vers un compromis entre le bloc central et le Parti socialiste ?

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Boris Vallaud et Olivier Faure à l'Assemblée nationale, vendredi 24 octobre.
Boris Vallaud et Olivier Faure à l'Assemblée nationale, vendredi 24 octobre.
par Anne-Charlotte DusseaulxStéphanie Depierre, Elsa Mondin-Gava, le Vendredi 24 octobre 2025 à 19:30, mis à jour le Vendredi 24 octobre 2025 à 19:45

A l'initiative du chef de file des députés socialistes, Boris Vallaud, une réunion s'est tenue à l'Assemblée nationale, ce vendredi 24 octobre au matin, entre le bloc central et la gauche, hors La France insoumise. Les Républicains n'étaient pas invités. L'objectif ? Voir si un compromis sur le budget 2026, plus particulièrement sur la justice fiscale, est possible. Les débats qui auront lieu ce soir et demain dans l'hémicycle, ainsi que les échanges qui peuvent se dérouler en parallèle, seront déterminants. 

Alors que l'examen de la première partie, consacrée aux "recettes", du projet de loi de finances (PLF) vient de débuter dans l'hémicycle, les négociations s'accélèrent entre le "bloc central", c'est-à-dire l'ex-majorité présidentielle, et certaines forces de gauche. Une réunion s'est tenue ce vendredi matin, dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, entre les présidents des groupes Ensemble pour la République, Les Démocrates, Horizons, Socialistes, ainsi qu'Écologiste et social.

Un représentant du groupe Gauche démocrate et républicaine était également présent autour de la table. "La semaine dernière, les socialistes ne voulaient même pas être dans la même pièce que nous. Aujourd'hui, nous étions invités dans la grande salle de réunion du PS, on a accepté", raconte un participant. L'objectif ? Se jauger et voir quelles forces politiques sont prêtes à travailler à un éventuel compromis. Les Républicains, eux, qui ne font pas partie du "bloc central", mais du "socle commun" n'avaient pas été invités.

Au cœur des discussions : la justice fiscale, et la fameuse taxe Zucman, dont le gouvernement ne veut pas. "Ils ont compris que c'était foutu", assure un soutien de l'exécutif. "Les socialistes sont d'accord pour sortir l'appareil productif" de la taxe, affirment deux autres sources. Un député PS ne confirme pas, les échanges étant, selon lui, toujours en cours en parallèle des discussions dans l'hémicycle. "Le compromis ne se fera pas sur Zucman, rien que Zucman, tout Zucman. Mais rien n'a encore atterri", indique le même. "On a un chapeau à avaler, je ne sais pas si c’est un béret ou un sombrero", juge pour sa part un cadre du groupe Horizons, qui appelle à "un compromis exhaustif, un package".

Dans le cadre de l'examen des recettes du budget, le groupe Socialistes a déposé un amendement (à consulter ici) avec une série de mesures fiscales, une sorte de "mini Zucman", visant à "instaurer un impôt minimum sur les très hauts patrimoines (IMTHP) afin de garantir une contribution équitable et effective des patrimoines les plus élevés à l’effort fiscal collectif".

"Il va falloir que les macronistes fassent un pas"

Comment en est-on arrivé là ? Les travaux en commission des finances et les attitudes de chacun des groupes ont donné des indications. "C'est parce que la gauche s'est rendue compte que le Rassemblement national ne votait pas avec elle qu'elle s'est tournée" vers le bloc central, estime un cadre d'Ensemble pour la République, le groupe présidé par Gabriel Attal. A l'opposé, les socialistes jugent que les députés macronistes sont "restés fermés aux compromis sur cette question fondamentale de qui doit payer", affirme Romain Eskenazi (PS). "On va se plier au jeu du débat, j'espère qu'ils sont conscients qu'il va falloir qu'ils fassent un pas", ajoute-t-il. D'où les interviews, coup sur coup, des deux leaders socialistes, Boris Vallaud et Olivier Faure, destinées à mettre la pression sur le Premier ministre, Sébastien Lecornu, avant le coup d'envoi des débats dans l'hémicycle. 

"Il fallait que le groupe EPR comprenne que la suspension de la réforme des retraites, ce n'est pas la fin de l'histoire. Ça ne suffit pas dans la corbeille", complète un député socialiste. Réponse d'un cadre du groupe Ensemble pour la République : "Si le Premier ministre nous propose un compromis sans mettre en risque l'attractivité économique, on soutiendra." Chez Horizons, on met en garde quant au respect de la trajectoire budgétaire, avec un déficit sous les 5% du PIB en 2026. 

A la tribune de l'Assemblée nationale, lors de la discussion générale du projet de loi de finances ce vendredi après-midi, Philippe Brun (PS), s'est adressé aux députés du "socle commun" : "Rien ne serait pire qu'un budget qui ne comprenne rien à la colère qui monte dans le pays, qui ne ferait rien pour le pouvoir d'achat." Puis, à l'intention de Sébastien Lecornu : "Les députés socialistes seront au rendez-vous. (...) Nous avons fait notre devoir, Monsieur le Premier ministre. A vous désormais de faire le vôtre."

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Les parlementaires vont rapidement entrer dans le vif du sujet, avec les articles 2, 3, 4 du budget, respectivement consacrés à la prorogation de la contribution différentielle sur les hauts revenus, à la taxe sur le patrimoine financier des holdings patrimoniales et à la contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises. Les débats qui auront lieu ce vendredi soir et demain dans l'hémicycle, ainsi que les échanges informels en parallèle de la séance, s'annoncent déterminants, alors que le vote solennel sur la première partie du projet de budget est programmé le 4 novembre