Budget : avant le coup d'envoi des débats, les socialistes mettent la pression sur le gouvernement

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"Le Premier ministre nous a présenté une copie très insuffisante", déclare Olivier Faure
Olivier Faure entouré de Boris Vallaud et Patrick Kanner, le 3 octobre 2025. LCP
par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Vendredi 24 octobre 2025 à 11:33, mis à jour le Vendredi 24 octobre 2025 à 12:17

A quelques heures d'intervalle, les socialistes Boris Vallaud, qui préside le groupe à l'Assemblée nationale, et Olivier Faure, qui dirige le parti, ont lancé un ultimatum au Premier ministre, Sébastien Lecornu. Alors que les débats budgétaires commencent ce vendredi 24 octobre dans l'hémicycle, ils l'exhortent à corriger sa copie budgétaire sur la question de la justice fiscale. Faute de quoi, le PS pourrait censurer le gouvernement.

Deux interviews coup sur coup, et la même teneur dans les propos. Les socialistes Boris Vallaud et Olivier Faure appellent le gouvernement à revoir sa copie budgétaire, alors que la première partie du projet de loi de finances (PLF), consacré aux "recettes", arrive ce vendredi après-midi dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Faute de quoi leurs troupes pourraient appuyer sur le bouton de la censure, ce qu'elles n'ont pas fait la semaine dernière après avoir obtenu un engagement du Premier ministre, Sébastien Lecornu, sur une suspension de la réforme des retraites.

"Si dans les toutes prochaines heures, jusqu'à lundi, il n'y avait pas d'évolutions d'ensemble sur le texte (…), en réalité ce serait terminé", a déclaré le premier secrétaire du Parti socialiste sur BFMTV. "Si nous n'avons pas de recettes supplémentaires, nous ne pourrons pas corriger le reste de la copie qui vient après", celle consacrée aux "dépenses", a souligné Olivier Faure, plaidant pour trouver entre 15 et 20 milliards d'euros supplémentaires.

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Un ultimatum que le chef de file du PS a répété sur X, écrivant que "s’il n’y a pas d’évolution sur les budgets de l'État et de la Sécurité sociale pour plus de justice sociale et fiscale d'ici lundi, les socialistes voteront contre et censureront ce gouvernement".

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Vers un bougé, ou pas, sur la justice fiscale ?

Au cœur des exigences des socialistes : la justice fiscale. "Ce que tout le monde doit comprendre c'est que tout ce que les plus riches ne paieront pas, tous les autres auront à le payer", a insisté Olivier Faure sur BFMTV, en appelant à "taper sur les GAFAM, sur les ultra riches, sur les héritages, sur les super héritages". 

Dans Le Parisien, c'est Boris Vallaud qui a lancé un avertissement à Sébastien Lecornu et ses troupes au Palais-Bourbon. "Beaucoup de choses vont se jouer dès ce week-end, lors de l’examen des recettes en séance", a alerté le président des députés PS dans une interview mise en ligne jeudi. "Si le bloc central n'est pas capable de voter la taxe Zucman, cet impôt minimal et indispensable sur les très hauts patrimoines, s’il n'est pas capable de voter l'ISF sur les milliardaires, sur lequel nous avons travaillé et que nous proposerons, s'il n'est pas capable de justice fiscale, je ne suis pas sûr qu'il sera possible de discuter de la suite", a développé le président des députés socialistes.

Avant de prévenir que sans avancées suffisantes, "le débat budgétaire s'arrêtera très vite." Et de répondre à propos d'une éventuelle censure sans attendre la fin des discussions : "Tout est possible. Nous nous sommes réservé la possibilité de sanctionner à tout moment."

En réaction, le président des députés MoDem, Marc Fesneau, a dénoncé sur X "le chantage par voie de presse" qui "n'est pas une voie pour la discussion". "Lorsque la recherche du compromis est sincère, alors les ultimatums et les caricatures sont inutiles", renchérit l'ancien ministre, qui appelle chacun à "essayer d'être à la hauteur du moment". L'élue, membre du groupe Les Démocrates, Geneviève Darrieussecq, a renchéri : "Stop aux injonctions ! Monsieur Vallaud, ne rendez pas impossible le travail budgétaire nécessaire pour les français."

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Au vu de ces échanges, nul doute que les débats seront animés dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Et ce, dès ce vendredi soir, car les articles 2, 3 et 4 de la copie initiale du gouvernement sont respectivement consacrés à la prorogation de la contribution différentielle sur les hauts revenus, à la taxe sur le patrimoine financier des holdings patrimoniales et à la contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises.