Castets à Matignon : la gauche prête à un "rapport de force" avec l'Elysée

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Lucie Castets sur France Inter
par Thibault Henocque, le Mercredi 24 juillet 2024 à 14:14, mis à jour le Mercredi 24 juillet 2024 à 14:25

La candidate désignée par la gauche Lucie Castets a demandé ce mercredi à Emmanuel Macron de la nommer sans attendre Première ministre. La veille au soir, le chef de l'Etat a balayé cette hypothèse, déclenchant la colère des leaders du Nouveau Front populaire. Certains se disent prêts à "un rapport de force" avec l'Elysée.

Sur France Inter ce mercredi, pour sa première prise de parole dans un média audiovisuel, Lucie Castets a donné la réplique au président de la République. Après que le chef de l'Etat, mardi soir, a botté en touche sur sa nomination à Matignon, elle l'a appelé à "prendre ses responsabilités" en la désignant première ministre.
"Le moment est grave et on ne peut pas ajourner ce type de décision", a-t-elle insisté, en réponse aux propos d'Emmanuel Macron, qui a indiqué qu'il ne nommerait pas de nouveau gouvernement avant la fin des Jeux olympiques "mi-août".

Mobilisation 

Dans la foulée, les leaders de la gauche se sont succédé dans les médias mercredi matin pour défendre sa candidature, appelant à "la mobilisation" pour faire pression sur l'Élysée. Le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, a ainsi dit vouloir engager "un rapport de force", ayant "l'impression d'avoir affaire à une sorte de forcené qui est retranché à l'Élysée". "Il devra se soumettre ou se démettre" a-t-il ajouté, reprenant les mots de Jean-Luc Mélenchon.

Pour la patronne des écologistes Marine Tondelier, M. Macron a réagi "comme un enfant paniqué, la seule chose qu'il a su annoncer à 20H00, c'est qu'il disait non". "Il ne peut pas faire comme si de rien n'était jusqu'à mi-août", a-t-elle jugé, balayant l'idée d'une trêve olympique. 

Urgent d'attendre

En face, le camp macroniste a défendu la trêve réclamée par le chef de l'Etat dont l'agenda est désormais quasi-monopolisé par les JO (26 juillet-11 août).
"Ce n'est pas gagner du temps, c'est respecter une temporalité que nous n'avons pas choisie qui est celle des JO", a plaidé la ministre démissionnaire Aurore Bergé sur Europe1/Cnews. Sur le fond, elle a jugé qu'"un gouvernement qui ne serait formé que par le NFP, un gouvernement qui comprendrait des membres issus de LFI serait un gouvernement qui serait censuré dès le lendemain-même".

Mardi soir, Emmanuel Macron a relevé l'échec de l'élection du candidat du NFP à la présidence de l'Assemblée nationale - le communiste André Chassaigne - signe que la coalition des gauches ne serait pas en mesure de constituer une majorité à l'Assemblée. "La question, c'est quelle majorité peut se dégager", a insisté Emmanuel Macron qui a appelé à "des compromis" entre les partis ayant fait barrage au Rassemblement national entre les deux tours des élections.

À l'Élysée, on considère que l'alliance qui s'est nouée entre le camp présidentiel et La Droite républicaine pour faire réélire Yaël Braun-Pivet à la présidence de l'Assemblée nationale pourrait ainsi constituer un "embryon" de coalition viable. La preuve en tout cas que "le barycentre" politique est plutôt "au centre", voire "au centre-droit", selon l'entourage du président.
"Aujourd'hui, le Nouveau Front populaire a 198 voix. Qui vous dit que demain, il n'y aura pas une autre majorité avec 230-240 voix qui peut se dessiner (...) Prenons le temps de le faire", a plaidé le chef de file des sénateurs macronistes François Patriat.

Coalition "impossible" pour la gauche

Interrogé sur ces souhaits de coalition émis par Emmanuel Macron, Lucie Castets s'est montrée claire : "Une coalition avec le camp présidentiel est impossible du fait de nos désaccords profonds", a-t-elle déclaré, dans la lignée des responsables de gauche. "Notre base de départ, c'est le programme du Nouveau Front populaire", il faudra "convaincre texte après texte" pour dégager des majorités à l'Assemblée nationale, a-t-elle affirmé, qualifiant enfin l'attitude du chef de l'État de "déni démocratique".