Commission d'enquête TikTok : "On a vu un océan de contenus néfastes", témoigne la rapporteure, Laure Miller

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Arthur Delaporte et Laure Miller LCP 11/09/2025
Arthur Delaporte et Laure Miller, le 11 septembre 2025 (© LCP)
par Raphaël Marchal, le Jeudi 11 septembre 2025 à 14:10, mis à jour le Jeudi 11 septembre 2025 à 16:16

Laure Miller (Ensemble pour la République) et Arthur Delaporte (Socialistes) ont présenté les conclusions de la commission d'enquête sur TikTok, lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale, ce jeudi 11 septembre. Promotion du suicide, violence, pédocriminalité... "On a vu un océan de contenus néfastes", a témoignée la rapporteure. 

Article mis à jour à 16h15 : ajout de la réaction de TikTok

Un "océan de contenus néfastes", scrollables à l'infini et mis à la disposition des plus jeunes. Ce jeudi 11 septembre, la députée Laure Miller (Ensemble pour la République) et son collègue Arthur Delaporte (Socialistes et apparentés) ont présenté les conclusions de la commission d'enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs. Après quatre mois de travail intensif, 178 personnes auditionnées, pour un total de 90 heures d'auditions, le président de l'instance, Arthur Delaporte, souligne que le constat de la responsabilité de la plateforme est "accablant".

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Alors que "65 % d'enfants de 6 à 8 ans sont inscrits sur les réseaux sociaux" et que le temps passé par les mineurs sur les portables "explose", indique la rapporteure, Laure Miller, les plateformes n'ont pour seule préoccupation que leur rentabilité. Quitte à mettre en avant des contenus faisant la promotion du suicide, de l'automutilation, des troubles du comportement alimentaire, ou encore des contenus violents, racistes, antisémites, voire relevant de la pédocriminalité, avec une modération insuffisante.

Cette profusion de contenus qui peuvent défiler à l'infini ont des "effets qui sont évidents sur la santé physique de nos jeunes", pointe Laure Miller : troubles du sommeil, dépendance, sédentarité, amplification de vulnérabilités psychologiques, et même comportements dangereux et détérioration de la santé mentale.

Une interdiction pour les moins de 15 ans

La principale recommandation de la rapporteure vise à interdire purement et simplement l'accès des réseaux sociaux aux moins de 15 ans - exceptées les simples messageries. "En fixant une limite dans la société, on passe un message très fort à l'égard des enfants, des familles, de la société", explique Laure Miller.

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Laure Miller propose également de limiter l'accès aux réseaux sociaux pour les mineurs de 15 à 18 ans, avec la mise en place d'un "couvre-feu" numérique entre 22 heures et 8 heures, et de généraliser l'interdiction des téléphones portables dans les lycées. De manière plus générale, la députée de la Marne pose la question d'une société moins tournée vers le numérique, mettant en avant les côtés néfastes de la multiplication des outils numériques utilisés, y compris dans le parcours scolaire 

>>> Retrouvez ici l'article dans lequel LCP dévoilait les préconisations de la commission d'enquête

Les élus ont également fait part de leur désarroi quant à l'attitude des responsables de TikTok lors de leur audition. Ceux-ci ont "préféré éviter de répondre aux questions, invoquant une surprenante ignorance dès lors que les membres de la commission d'enquête évoquaient des études, articles ou témoignages pourtant en lien directs" avec la plateforme, déplore Arthur Delaporte, qui se dit "choqué par l'attitude des responsables de TikTok" et qui dénonce en outre un "mensonge flagrant" de la responsable Europe de la firme.

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A l'issue des travaux de la commission, le député du Calvados a décidé de saisir la justice pour "mise en danger de la vie" des utilisateurs. "TikTok ne peut pas ne pas savoir qu'ils mettent en danger des dizaines de millions, voire des centaines de millions de jeunes dans le monde entier", souligne-t-il, agacé par la stratégie d'ignorance feinte des cadres de la plateforme, cette "machine algorithmique infernale conçue pour capter l'attention".

TikTok rejette "catégoriquement" la "présentation trompeuse" des députés

Dans une déclaration faite à l'AFP, TikTok a dénoncé la "présentation trompeuse" de la commission d'enquête parlementaire. Les députés cherchent "à faire de notre entreprise un bouc émissaire face à des enjeux qui concernent l’ensemble du secteur et de la société", a déclaré un porte-parole de la plateforme, ajoutant que TikTok mène "depuis longtemps une politique exigeante en matière de sécurité et de protection de ses utilisateurs", notamment les plus jeunes.