Alors que les représentants du Parti communiste, des Ecologistes et des députés LIOT, ont été reçus par le président de la République, ce lundi 9 décembre, tous ont dit la nécessité d'une forme d'union des forces politiques pour ne pas laisser s'installer une situation de blocage politique. À la sortie de l'Elysée, la présidente du groupe "Ecologiste et social", Cyrielle Chatelain, a indiqué qu'Emmanuel Macron avait proposé une "nouvelle méthode", qui passerait par l'organisation d'une "réunion des différentes forces politiques pour échanger sur une plateforme programmatique" en amont de la construction du futur gouvernement.
Reçus tour à tour par Emmanuel Macron, ce lundi 9 décembre, les représentants du Parti communiste, des Ecologistes et des députés LIOT, lui ont fait part de leurs priorités en amont de la nomination d'un nouveau Premier ministre et de la composition d'un gouvernement. Tous ont également manifesté leur volonté de bâtir des ponts entre les différentes forces politiques susceptibles de participer à l'après-gouvernement Barnier.
Au sortir de l’Élysée, le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a déclaré que "les partis politiques et les groupes parlementaires qui sont prêts à trouver des solutions ensemble vont devoir se mettre d’accord sur des positions communes, et il faut que chacun s'y retrouve".
Entouré du président des députés communistes, André Chassaigne, et de la présidente des sénateurs communistes, Cécile Cukierman, Fabien Roussel a énuméré les points d'attention des communistes. "Nous avons mis en avant la question du pouvoir d’achat, la question des retraites avec la proposition d’avancer vers une conférence sociale et de remettre ce sujet au cœur des discussions entre les partenaires sociaux (...) Et la question industrielle avec tous les plans de licenciements en cours", a-t-il indiqué, sans formuler l'abrogation en tant que telle de la réforme des retraites.
"Ce qui compte, c’est que l’on avance, et pour avancer, on ne vient pas en mettant des préalables sur des noms, sur des propositions, des lignes rouges", a expliqué Fabien Roussel, qui n'a pas non plus exigé du président de la République qu'il nomme un Premier ministre de gauche, contrairement aux représentants du Parti socialiste vendredi. Le secrétaire national du PCF a toutefois indiqué que les dirigeants communistes avaient fait valoir auprès du président de la République que cette hypothèse serait "préférable".
Une souplesse qui n'a pas manqué de faire réagir les Insoumis en la personne d'Eric Coquerel. "Donc, Fabien Roussel est encore moins exigeant que le PS pour une éventuelle coalition gouvernementale en bradant notamment l’abrogation de la réforme des retraites !", a dénoncé le président de la commission des finances sur X (ex-Twitter). La France insoumise a refusé de participer au cycle de concertations enclenché par le chef de l'Etat en vue d'un éventuel accord de non-censure prôné, sous conditions, par le PS. La déclaration de Fabien Roussel sur les retraites semble cependant avoir déconcerté jusque dans les rangs de son propre parti : "J’apprends à la télé qu’on lâcherait l’abrogation de la réforme des retraites Macron contre une conférence sociale !!! Pas ça !", a ainsi réagi le député Nicolas Sansu (Gauche démocrate et républicaine).
En arrivant à l'Elysée, affichant un esprit d'ouverture similaire à celui de Fabien Roussel, la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, a estimé que "chacun [devait] faire un pas vers l’autre". À la sortie de l'entretien avec Emmanuel Macron, entourée de la présidente des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, et du président des sénateurs écologistes, Guillaume Gontard, elle a déclaré que le président de la République avait été "très clair sur le fait que le Rassemblement national, pour lui, n’était pas dans le périmètre des partis qui souhaitaient discuter". Selon Marine Tondelier, le chef de l'Etat a indiqué que "la solution ne pourrait plus, ou pas, reposer sur un accord avec le Rassemblement national". Cela "correspond à ce qu'il pense, qu'il faut s'extraire des griffes du RN et de LFI", a commenté un proche d'Emmanuel Macron cité par l'AFP.
Cyrielle Chatelain s'est, pour sa part, félicitée qu'Emmanuel Macron ait selon ses dires proposé une "nouvelle méthode" visant à élaborer une "plateforme programmatique" pour construire le prochain gouvernement. "Aborder la question par le contenu de la politique menée, est pour nous un élément important", a souligné la présidente du groupe "Ecologiste et social" de l'Assemblée nationale. Et d'évoquer à son tour les priorités de sa famille politique : "la question du pouvoir d'achat et des salaires, du budget (...) notre désaccord total de repousser la question des retraites à la prochaine présidentielle (...) la politique en faveur de la transition écologique".
"Nous sommes prêts à y participer", a aussi dit la députée à propos de cette plateforme programmatique, avant d'envoyer par médias interposés un message à La France insoumise qui refuse à ce stade de se rendre à l'Elysée. "La gauche aura besoin d'être en force. Je pense que nous avons besoin de toutes les forces politiques du Nouveau Front populaire lors de ces discussions, des quatre forces. Nous avons été clairs, nous ne laisserons pas le Nouveau Front populaire être fissuré, parce qu'il est le garant d'une cohabitation, d'une nouvelle politique", a estimé Cyrielle Chatelain.
Reçus un peu plus tôt dans la matinée, les représentants des députés LIOT avaient également demandé au chef de l'Etat "quelque chose qui regroupe les différentes sensibilités" et "que ce soit rapide, parce que le pays est dans une situation d’urgence", selon Christophe Naegelen. De nouvelles discussions pourraient d'ailleurs avoir lieu dès mardi.