L'ancien Premier ministre, Gabriel Attal, a été auditionné ce mardi 4 février par la commission des finances de l'Assemblée nationale dans le cadre des travaux d'enquête menés sur le dérapage du déficit public. Interrogé sur les informations dont il disposait au sujet de l'évolution de la situation financière de la France et sur son action en la matière, il a martelé avoir fait de la maîtrise des finances publiques "le coeur de [son] action" à Matignon.
"Dès les premières minutes, il a été très clair que la question de la maîtrise des finances publiques serait au cœur de mon action à Matignon." Rappelant avoir dit aux Français qu'"il n'existait pas d'argent magique", Gabriel Attal s'est défendu de toute négligence ou dissimulation, indiquant avoir fait de la réduction du déficit public sa priorité lorsqu'il était Premier ministre.
L'actuel président des députés Ensemble pour la République était auditionné, ce mardi 4 février, par la commission des finances de l'Assemblée nationale qui s'est dotée des prérogatives d'une commission d'enquête "afin d’étudier et de rechercher les causes de la variation et des écarts des prévisions fiscales et budgétaires des administrations publiques pour les années 2023 et 2024".
"J’ai eu le sentiment de consacrer l’essentiel de mon énergie le temps que j’ai passé à Matignon à faire des économies", a déclaré Gabriel Attal devant la commission qui, dans le cadre de ses travaux, a notamment auditionné l'ancien ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, en décembre dernier.
"Le déficit budgétaire de l’Etat en 2024 s'est réduit de 17 milliards d'euros", a fait valoir celui qui a exercé la fonction de chef du gouvernement de janvier à septembre 2024. "Pour le dire autrement, l'année où j'ai été Premier ministre, le déficit de l’Etat a baissé de 10% (...) et les dépenses de l’Etat ont diminué de 11 milliards". Et Gabriel Attal d'énumérer les mesures "courageuses" prises ou annoncées avant la dissolution de juin dernier, telles que celles visant à lutter contre la fraude fiscale et sociale, la réforme de l'assurance-chômage ou encore les 10 milliards d'euros d'annulation de crédits budgétaires. "Je n'ai pas d'exemple de gouvernement qui a assumé et réalisé autant d'économies seulement un mois après sa nomination", a-t-il souligné devant la commission des finances présidée par Eric Coquerel (La France insoumise).
Lors de son audition, Gabriel Attal (EPR) s'est défendu de toute dissimulation à propos de l'ampleur du dérapage financier, rappelant avoir, en concertation avec le ministre de Bercy d'alors, Bruno Le Maire, "modifié l'hypothèse de croissance à 1% pour 2024, choix de prudence validé par les faits". L'ancien locataire de Matignon a, en outre, contesté avoir ajourné des décisions en matière de finances publiques à l'approche des élections européennes, citant là encore l'exemple des 10 milliards d'euros d'annulation de crédits parmi les "mesures impopulaires" impulsées lorsqu'il était à la tête du gouvernement. "Moi je ne pense pas qu'il y ait eu dissimulation, je pense que votre politique s'est plantée", a réagi Eric Coquerel (LFI), remettant en cause la politique de l'offre, en particulier le choix d'abaisser le taux de l'impôt sur les société (IS), de 33 à 25%.
Interrogé par le même Eric Coquerel sur le choix de ne pas présenter de projet de loi de finances rectificative (PLFR) pour 2024, alors que Bruno Le Maire y était favorable, Gabriel Attal a assumé une décision de "compétence exclusive du Premier ministre", bien que prise avec le président de la République lors d'une entrevue à l’Elysée. Il a notamment justifié cette décision par la volonté de ne pas encombrer le calendrier parlementaire, alors que des textes "importants", tels que le projet de loi d'orientation agricole et celui sur la fin de vie, étaient en passe d'être examinés.
"Le choix de ne pas recourir au PLFR n'a pas eu d'impact sur le volume d'économies que l'on a décidé de faire", a affirmé Gabriel Attal, considérant qu'un tel projet de loi aurait surtout eu un objectif "politique", à savoir sensibiliser l'opinion à la question du dérapage des finances publiques, mais sans valeur ajoutée sur les décisions prises. Demain, mercredi, c'est son successeur à Matignon, Michel Barnier, qui sera auditionné par la commission des finances.