Devant les parlementaires Renaissance, la Première ministre a prédit une période "difficile" et "passionnante", lors de laquelle "des mesures radicales devront être prises" pour surmonter la crise énergétique.
En attendant la rentrée législative qui s'annonce mouvementée, Élisabeth Borne est venue clôturer mercredi les journées parlementaires des députés et sénateurs Renaissance (ex-La République en marche). Mine bronzée sur ton grave, la cheffe de la majorité – désormais relative au Palais Bourbon – a tenté de tracer la méthode des prochains mois "alors que la mer n’a sans doute jamais été aussi forte".
La France vivrait même une "bascule politique" selon ses mots, alors que "la guerre en Ukraine", "le dérèglement climatique", "la crise démocratique" et "le rapport au travail" bousculent chaque jour une classe politique en quête de nouveaux repères. Pour la Première ministre, la bonne méthode c'est, d'abord, de changer de méthode :
Nous devons plus que jamais faire de la politique autrement si nous voulons continuer à faire Nation. elisabeth borne aux journées parlementaires de renaissance, le 7 septembre 2022
Afin de traverser une période aussi "difficile" que "passionnante", elle compte sur le Parlement auquel "les citoyens ont redonné un rôle" et sur une majorité où règne "l'ordre", "le dialogue" et "l'ouverture", avec "avec la volonté farouche de bâtir des compromis". Une tâche qui s'annonce d'autant plus ardue que, après avoir distribué les milliards lors des lois pouvoir d'achat cet été, l'exécutif va s'attaquer à des sujets autrement plus clivants, comme l'assurance-chômage ou la transition énergétique.
Pour illustrer que le plus dur reste à venir, Elisabeth Borne a insisté sur le grand défi que représente un monde désintoxiqué du pétrole et du gaz : "Les Français ont compris qu’être la première grande Nation à sortir des énergies fossiles, c’est aujourd’hui une question de survie et pas une bataille d’affichage."
Alors que le pouvoir escompte faire baisser la consommation énergétique du pays de 10%, la Première ministre avait déjà évoqué devant le Medef fin août la possibilité de rationnement. Elle revient à la charge en évoquant, sans les détailler, "les mesures radicales" qui "devront être prises" lors du quinquennat :
[Les Français] savent, sans pour autant les approuver toutes par avance, que des mesures radicales devront être prises. ELISABETH BORNE AUX JOURNÉES PARLEMENTAIRES DE RENAISSANCE, LE 7 SEPTEMBRE 2022
Comme pour ne pas porter seule le poids des lourdes décisions à venir, Elisabeth Borne a aussi soutenu l'initiative présidentielle du Conseil national de la refondation (CNR), lancé jeudi par Emmanuel Macron : "Comment relever les défis devant nous sans partager notre diagnostic et chercher des solutions concrètes avec les partenaires sociaux, mais aussi les élus ou les représentants des forces vives de la Nation ?".
Alors que les contours du CNR restent flous et que son utilité interroge jusque dans les rangs des macronistes, ce sera dans les travées de l'hémicycle que la Première ministre devra in fine convaincre. En allant chercher, pour chaque future loi, les quelques dizaines de voix ou d'abstentions qui manquent à l'appel.