Alors qu'au lendemain du second tour des élections légistlatives, le Nouveau Front populaire revendique sa légitimité et sa capacité à gouverner, Emmanuel Macron a demandé à Gabriel Attal de rester "pour le moment, afin d'assurer la stabilité du pays". Sans majorité absolue à l'Assemblée nationale, divisée en trois blocs, la nomination d'un Premier ministre est une équation pour l'instant sans solution.
Le Nouveau Front populaire revendique Matignon. Avec le plus grand nombre de députés devant Ensemble, puis le Rassemblement national, l'alliance de gauche est aujourd'hui la principale force politique de l'Assemblée nationale. Forts du résultat des urnes, les chefs des partis qui composent le NFP demandent au président de la République de prendre acte de la situation en nommant un Premier ministre issu de leurs rangs.
Or la chose n'est pas aisée, y compris au sein du Nouveau Front populaire, actuellement en pleines tractations pour dégager d'abord une méthode de désignation, puis un nom qui puisse rassembler dans ses propres rangs. À ce stade, rien n'est décidé. D'autant que si, au sein de ce bloc, La France insoumise est aujourd'hui la formation la mieux représentée en nombre d'élus au Palais-Bourbon, la constitution des groupes politiques qui composent la représentation nationale n'aura lieu que jeudi 18 juillet. Alors que le Parti socialiste ne compte que quelques députés de moins, le rapport de forces pourrait d'ici-là encore évoluer au sein du NFP.
En outre, le choix du Premier ministre restant, selon l'article 8 de la Constitution, une prérogrative du président de la République, ce dernier pourrait tenter de pousser à la mise en place d'une coalition alternative, en nommant une personnalité en mesure de rassembler plus largement que le Nouveau Front populaire, allant des sociaux-démocrates aux libéraux. Une solution pour laquelle plaide le président du MoDem, François Bayrou, qui imagine une coalition qui irait "de la gauche hors LFI jusqu’à la droite hors RN".
À ce stade, une telle coalition est cependant introuvable.
Notamment parce que la gauche refuse d'envisager l'hypothèse d'un Premier ministre extérieur à ses rangs. "Nous avons gagné et maintenant nous allons gouverner", a ainsi déclaré, ce lundi 8 juillet, la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier, quand Yannick Jadot a indiqué que le Nouveau Front populaire proposerait un gouvernement "cette semaine".
"C'est le Nouveau Front populaire qui constitue aujourd'hui la première force politique à l'Assemblée nationale, c'est une victoire immense", a renchéri Manuel Bompard plus tard dans la journée. "Dans ces circonstances, il ne peut être question que le maintien de Gabriel Attal à Matignon vienne effacer le vote des Françaises et des Français", a aussi estimé le coordinateur national de La France insoumise, avant de conclure : "C'est un enjeu démocratique, et c'est un devoir pour le président de la République d'appeler au gouvernement le Nouveau Front populaire pour respecter le résultat des suffrages".
Pour l'heure, Emmanuel Macron a demandé à Gabriel Attal, qui lui a présenté sa démission lundi matin, de rester Premier ministre "pour le moment, afin d'assurer la stabilité du pays", a fait savoir l'Elysée. Un choix justifié par les députés de la coalition présidentielle qui, à l'instar de Constance Le Grip, considéraient lundi après-midi qu'il était "urgent de ne pas se précipiter" pour garantir une forme de continuité, notamment destinée à permettre le bon déroulement des Jeux olympiques.
Tout en qualifiant, pour l'heure, le maintien de Gabriel Attal à Matignon de "logique", Olivier Faure a estimé lundi soir que "dès lors que le président de la République recevra une proposition de la part du Nouveau Front populaire, il devra se résoudre à l'idée qu'il n'a pas gagné, et même qu'il a perdu". "Nous ne devons pas laisser prospérer une forme de vide dans lequel le chef de l'Etat s'engouffrerait", a déclaré le premier secrétaire du Parti socialiste, évoquant du bout des lèvres la possibilité qu'une proposition pour Matignon soit formulée "cette semaine", ou en "début de semaine prochaine".