La ministre déléguée chargée de l’Autonomie et des Personnes handicapées, Charlotte Parmentier-Lecocq, était auditionnée ce mardi 28 octobre dans le cadre d'une commission d'enquête à l'Assemblée nationale. Elle a notamment été interrogée sur les 50 000 élèves en situation de handicap qui n'avaient pas d'accompagnant à la rentrée 2025, des chiffres révélés le matin même sur France Inter.
50 000 élèves en situation de handicap n'avaient pas d'accompagnant à la rentrée 2025, selon les données inédites de la Direction générale de l'enseignement scolaire, révélés ce mardi 28 octobre au matin par France Inter. En 2024, ils étaient 36 000, soit une hausse de 35% sur un an.
Des chiffres qui avaient été recueillis par la commission d'enquête "sur les défaillances des politiques publiques de prise en charge de la santé mentale et du handicap et les coûts de ces défaillances pour la société", créée à l'initiative du groupe Socialistes de l'Assemblée nationale. Ce même mardi, dans l'après-midi, la commission d'enquête a longuement auditionné la ministre déléguée chargée de l'Autonomie et des Personnes handicapées, Charlotte Parmentier-Lecocq.
Malgré le manque d'accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) à la rentrée dernière, celle-ci a souligné que leur nombre avait fortement augmenté ces dernières années : "Nous avons recruté 67% d'AESH en plus depuis 2017", assure la ministre : il y avait 53 800 équivalent temps plein d'AESH en 2017, 140 000 en 2025. "On a doublé, presque triplé le nombre" et "2 000" postes supplémentaires ont été créés en 2025.
Charlotte Parmentier-Lecocq explique le nombre d'enfants sans accompagnement par l'écart entre "le nombre de demandes d'AESH, qui galope" et "le rythme des recrutements". "Ce n’est pas tant une question de moyens que de faisabilité concrète", estime-t-elle.
"C’est hallucinant d'avoir une telle faiblesse de pilotage sur un volume de cette nature", s'est indigné le rapporteur de la commission d'enquête Sébastien Saint-Pasteur (Socialistes). "On constate une aggravation, ce passage de 35 000 à 50 000 doit nous alerter très fortement et nécessiter une mobilisation beaucoup plus forte des acteurs". Et le député de pointer une "dissonance" entre "les discours sur l'école inclusive" et "le terrain". "Les problèmes de recrutement sont liés au statut, qui est précaire, et à la paye", a-t-il par ailleurs souligné déplorant le manque d'attractivité du métier.
On n'est pas du tout à la hauteur des discours qui sont tenus sur l'école inclusive aujourd'hui. SÉBASTIEN SAINT-PASTEUR
Un constat partagé par la ministre : "Je ne nie pas qu'on a parfois des difficultés de recrutement des AESH et de leur fidélisation", a reconnu Charlotte Parmentier-Lecocq. "Cela me fait mal de voir des familles en attente de réponse. Mais il y a aussi plus de 90% des enfants qui ont une notification AESH qui en bénéficient bien - pas toujours exactement avec le nombre d'heures identifiées au départ, mais qui bénéficient en partie ou totalement de la notification", a-t-elle poursuivi.
La ministre a, en outre, rappelé qu'au-delà des AESH, "d’autres solutions du médico-social sont apportées" aux élèves en situation de handicap, comme "les pôles d'appui à la scolarité", les "unités d'enseignement externalisées" ou les "classes ULIS". "Ce ne sont pas des enfants sans solution", a-t-elle affirmé.
Au cours de l'audition, Charlotte Parmentier-Lecocq a promis que les recrutements d'AESH continueront en 2026, sans toutefois donner d'objectifs chiffrés. Ceux-ci pourraient être affinés après les conclusions de la mission commandée par les ministères de l'Autonomie et des Personnes handicapées et celui de l'Education nationale pour rendre les emplois d'AESH plus attractifs, qui doivent être remises dans les prochaines semaines.