La secrétaire nationale du parti Les Ecologistes, Marine Tondelier, a été auditionnée ce mardi 2 décembre par la commission d'enquête "sur les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l’action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste". Samedi, ce sera au tour de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) et du ministre de la Justice, Gérald Darmanin.
Ce sera finalement samedi 6 décembre, à 14 heures. Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, sera auditionné par les députés de la commission d'enquête "sur les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l’action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste", créée à la demande du président du groupe Droite républicaine, Laurent Wauquiez. Après plusieurs jours d'imbroglio, un agenda rectificatif a été envoyé ce mardi 2 décembre par les services de l'Assemblée nationale.
C'est finalement également le même jour – samedi donc, et non plus ce jeudi – que sera auditionné le ministre de la Justice, Gérald Darmanin.
Lundi, l'entourage de Jean-Luc Mélenchon avait fait savoir que le triple candidat à la présidentielle avait reçu une convocation la veille pour une audition ce mardi 2 décembre, mais qu'il ne pouvait pas "être disponible dans un délai aussi court" et qu'il était "déjà pris" à cette date. Le fondateur de LFI avait alors proposé d'être entendu "dès samedi ou dimanche pour éclairer la commission sur l'histoire de la pensée républicaine en matière de relations entre religion et politique".
Ce mardi après-midi, c'est la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, qui a été entendue pendant plus d'une heure trente par cette commission d'enquête présidée par Xavier Breton (Droite républicaine) et dont le rapporteur est Matthieu Bloch (Union des droites pour la République). "Je me tiens devant vous par respect du règlement du Parlement, parce que je n'ai aucune volonté de me soustraire aux questions de la représentation nationale. Par ailleurs, je n'ai rien à cacher", a déclaré dans son propos liminaire l'écologiste, tout en évoquant ses "doutes" sur le fait que la commission "soit conduite en toute bonne foi" (voir vidéo en tête de page).
Marine Tondelier, qui a été interrogée sur plusieurs situations et événements précis survenus ces dernières années – comme la venue du rappeur Médine à la rentrée politique du parti au Havre en août 2023, ou encore le récent retrait de la candidate Sabrina Decanton aux municipales à Saint-Ouen –, a affirmé que "oui, les questions du terrorisme et de la diffusion de l'idéologie islamiste sont essentielles pour la sécurité de notre pays et pour notre vivre ensemble". "Mais dans ce cas précis [la commission d'enquête], la manière de les traiter me semble délétère et je préfère le dire d'emblée", a ajouté la conseillère régionale des Hauts-de-France, dénonçant "le climat de suspicion permanente qui pèse sur un trop grand nombre de nos compatriotes en raison d'une appartenance réelle ou supposée à une religion, en l'occurrence l'islam".
Les Ecologistes "sont convaincus que la lutte contre le terrorisme islamiste est un enjeu crucial pour notre pays parce qu'il menace et a déjà atteint à plusieurs reprises la sécurité de ceux qui vivent sur notre sol", a complété Marine Tondelier, qui a jugé "inquiétant" que "tout ce qui soit associé à la religion musulmane devienne suspect" et pas seulement les Frères musulmans. "Je ne crois pas au mythe du grand complot musulman pour prendre le pouvoir", a-t-elle martelé, reconnaissant en revanche qu'il y a "certains territoires sur lesquels c'est difficile".
De son côté, prenant la parole au début de l'audition, le président Xavier Breton (Droite républicaine) avait, lui, assuré que la commission d'enquête "ne vise aucun parti (...) et n'a vocation, sur un sujet aussi sensible que l'islamisme, à n'accuser personne". Les groupes de gauche de l'Assemblée nationale dénoncent notamment un déséquilibre politique dans la composition du bureau de l'instance et déplorent que certaines personnalités politiques, comme Marine Le Pen, ne soit pas auditionnés. De leur côté, Xavier Breton (DR) et Matthieu Bloch (UDR) répondent que c'est une députée socialiste, Sophie Pantel, qui avait initialement été élue présidente de la commission d'enquête avant de démissionner de cette fonction.
Après un démarrage difficile, marqué par des reports et des rebondissements lors de la désignation de son rapporteur et de son président, la commission d'enquête a notamment auditionné le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, le ministre de l'Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, le directeur du renseignement de la Préfecture de police de Paris, Hugues Bricq, le directeur général de la sécurité extérieure, Nicolas Lerner, ou encore le directeur de Tracfin, Antoine Magnant, ainsi que des universitaires et des journalistes.
Les auditions de Jean-Luc Mélenchon et de Gérald Darmanin seront les dernières. Les membres de la commission d'enquête se réuniront ensuite à huis clos le mercredi 10 décembre pour examiner le rapport qui sera préparé par Matthieu Bloch (UDR).