"Il y aura de la casse si les droits de douane américains sont confirmés", déplore la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, sur LCP

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Annie Genevard, le 5 mai 2025. LCP
Annie Genevard était l'invitée de Lundi c'est politique, ce lundi 5 mai 2025. LCP
par Maxence Kagni, le Lundi 5 mai 2025 à 21:37, mis à jour le Lundi 5 mai 2025 à 21:43

Invitée de "Lundi c'est politique" sur LCP, ce 5 mai au soir, la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Genevard, a notamment alerté sur les conséquences qu'aurait un durcissement des droits de douane américains sur la filière française des vins et spiritueux, qui pourrait à terme perdre quatre milliards d'euros.

"L'augmentation des droits de douane impactera forcément et lourdement nos filières." Invitée de "Lundi c'est politique" sur LCP, ce 5 mai au soir, la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Genevard (Les Républicains), a déploré les conséquences importantes que risque d'avoir la guerre commerciale lancée par le Président américain, Donald Trump.

"Il y aura de la casse, bien sûr, si ces droits de douane sont confirmés", a déclaré la ministre, alors que l'administration américaine a augmenté de 10% les droits de douane sur l'importation de produits européens aux Etats-Unis. Pire, cette augmentation pourrait encore être relevée à 20% à l'issue de la pause de 90 jours décrétée au début du mois d'avril par Donald Trump.

En attendant cet éventuel renchérissement, la filière des vins et spiritueux est la plus touchée par ces nouveaux droits de douane, a expliqué Annie Genevard. Et la ministre d'évoquer, à terme, un risque de préjudice de l'ordre de quatre milliards d'euros pour le secteur. "Aux Etats-Unis, le renchérissement des produits européens a un effet sur le consommateur", a-t-elle expliqué.

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"Il faut établir un rapport de force" a, en conséquence, estimé la ministre de l'Agriculture, rappelant que "l'Europe a pris des contre-mesures". Annie Genevard espère cependant qu'une "désescalade" s'opérera dans les prochaines semaines.

Mercosur : "difficile" de trouver une minorité de blocage

La ministre a également évoqué le traité commercial entre l'Union européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) : celui-ci pourrait prochainement être ratifié malgré l'opposition de la France, qui tente de réunir une minorité de blocage pour l'empêcher. 

"C'est un accord qui sera ratifié au niveau européen, ce n'est pas la seule ministre de l'Agriculture qui peut déterminer du sort de ce projet d'accord", a commenté Annie Genevard, qui veut toutefois "porter la voix des agriculteurs français qui vont être pénalisés".  Selon elle, le projet d'accord avec le Mercosur "porte préjudice à la filière de la volaille, du boeuf, du sucre, de l'éthanol". D'autant que les "clauses miroirs", censées protéger les agriculteurs européens, vont "tomber" dans l'accord final, a-t-elle indiqué. 

Concernant les discussions politiques, la ministre a reconnu que la constitution d'une minorité de blocage avec d'autres pays de l'Union était "difficile" : "Je continue mon tour des capitales européennes", a souligné Annie Genevard. 

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Sur ce sujet du Mercosur, la ministre de l'Agriculture a mis en garde la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, estimant que celle-ci devait "bien mesurer la portée de son projet d'accord" : "Le Parlement européen n'est pas du tout sur la même ligne que la Commission européenne." Un passage en force poserait "un problème de fonctionnement démocratique de l'Union européenne", a jugé Annie Genevard.

S'agissant de l'accord de libre échange entre l'Union européenne et le Canada (Ceta), la ministre a appelé à un contrôle des effets de son application temporaire en France avant toute ratification définitive. "Il faut regarder les effets produits sur le marché français", a-t-elle expliqué, qui estimant que "c'est le moment ou jamais" de modifier le traité si cela est nécessaire.

Pesticides : le gouvernement n'est pas "hostile" au rétablissement dérogatoire de l'acétamipride

Annie Genevard a précisé la position du gouvernement vis-à-vis de la réintroduction dérogatoire de l'acétamipride, un pesticide nocif pour les pollinisateurs interdit en France depuis 2018.

Les sénateurs ont voté en janvier 2025 une proposition de loi autorisant sa réintroduction temporaire pour certaines filières. Le texte doit être examiné à partir de ce mardi 6 mai à l'Assemblée nationale, d'abord en en commission du développement durable, puis la semaine prochaine en commission des affaires économiques.

Annie Genevard a indiqué que le gouvernement n'était pas "hostile" au texte si la réintroduction est "réservée aux productions en impasse de traitement". La ministre de l'Agriculture, qui s'en remet à la "sagesse" des parlementaires, a rappelé que l'acétamipride était aujourd'hui autorisée dans les 26 autres pays de l'Union européenne.

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"Il appartient au Parlement d'en débattre", a-t-elle déclaré, faisant part de sa volonté de "mettre nos producteurs à égalité de concurrence avec les producteurs européens".

> Retrouvez Lundi c'est politique avec Annie Genevard dans son intégralité