L'ex-députée Cécile Untermaier ne sera finalement pas la prochaine déontologue de l'Assemblée

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Cécile Untermaier
par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Mercredi 22 janvier 2025 à 18:27

Une ancienne députée peut-elle occuper la fonction de déontologue de l'Assemblée nationale ? A l'issue de l'audition de Cécile Untermaier, ce mercredi 22 janvier, devant le Bureau de l'institution, la réponse est non. Plusieurs voix se sont élevées pour considérer que ce poste devait être occupé par une personnalité au profil apolitique. 

C'est ce qui s'appelle un tir de barrage. Auditionnée par le Bureau de l'Assemblée nationale, ce mercredi 22 janvier au matin, l'ancienne députée socialiste, Cécile Untermaier, a vu ses chances de devenir la nouvelle déontologue de l'institution s'évanouir. En effet, si nombre de députés qui siègent au sein de cette instance ont assuré que sa personne et ses compétences n'était pas visées, ils ont néanmoins affiché leur désaccord avec le fait qu'une ex-élue du Palais-Bourbon soit nommée à cette fonction.

Députée de 2012 à 2024, Cécile Untermaier n'a pas été réélue lors des élections législatives anticipées de l'été dernier. Candidate PS-NFP dans la 4circonscription de Saône-et-Loire, elle a été battue par Eric Michoux, candidat tendance Eric Ciotti, qui avait le soutien du Rassemblement national. Celui-ci siège aujourd'hui au sein du groupe Union des droites pour la République, présidé par l'ancien président des Républicains.

"Vous avez perdu contre lui et vous allez désormais devoir le contrôler ?", s'est en substance interrogé, selon nos informations, Eric Ciotti lors du Bureau ce mercredi matin. Le président du groupe Droite républicaine, Laurent Wauquiez, a lui mis en avant – et dénoncé – certains des récents tweets de Cécile Untermaier. "Comment confier à Rachida Dati les clefs de la culture en France ?", avait écrit sur X fin décembre l'ex-députée. 

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Son homologue du groupe Ensemble pour la République, Gabriel Attal, a aussi dit ses réserves : "On va être accusé d'être jugé par quelqu'un de chez nous [un ancien député, NDLR]." Ses troupes lui avaient auparavant fait passer un message d'inquiétude sur "la jurisprudence que cela pourrait ouvrir", à savoir que "certains groupes d'extrême droite ou d'extrême gauche puisse s'en servir" à l'avenir, et avaient affirmé trouver "plus logique" qu'un tel poste revienne à "quelqu'un d'apolitique", a appris LCP. 

Une nouvelle liste de noms à venir

Des réserves ont aussi été émises par des membres du Nouveau Front populaire. "Oui, ça interroge. C’est un précédent dangereux", considère un socialiste. Avant d'ajouter : "Nous nous serions opposés à un déontologue d'un autre parti battu aux dernières législatives par un candidat PS." Présente lors de la réunion du Bureau, la questeure Christine Pirès-Beaune, qui siège au sein du groupe Socialistes a, quant à elle, déclaré que si elle comprenait que le passé politique de Cécile Untermaier pouvait interroger, elle n'avait pas de doute sur le fait qu'elle "serait indépendante" malgré tout.

Ce ne sera pas suffisant. La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui avait proposé la nomination de l'ancienne députée, mais qui souhaite "une majorité renforcée" pour valider le futur déontologue de cette législature, a indiqué aux membres du Bureau qu'elle leur proposera prochainement une liste de nouveaux noms.

Ils se sont réveillés en considérant que ce n'était pas possible sur des principes d'équilibres politiques. Cécile Untermaier

Contactée par LCP, Cécile Untermaier confirme la tournure des échanges matinaux : "Ma personnalité n'a pas été mise en doute, ils ont tous exprimé ces précautions, mais c'est l'apparence de neutralité [qui l'a été] du fait que je suis ancienne députée." Selon elle, "LR et EPR redoutaient qu'on lance le signal de moins de déontologie". "Ils se sont réveillés en considérant que ce n'était pas possible sur des principes d'équilibres politiques", ajoute-t-elle encore.

Si elle se dit "déçue", la socialiste estime que sa candidature a toutefois "permis un débat intéressant pendant plus d'une heure, sur les questions d'impartialité, de neutralité  et d'amélioration du dispositif". 

Le futur heureux élu ? Cécile Untermaier plaide pour que ce soit "un professeur de droit", "un universitaire", et pour qu'il "réoriente la déontologie sur d'autres sujets majeurs", tels que le contrôle des "représentants d'intérêts" et des "ingérences étrangères". 

Il devra être trouvé rapidement. En effet, le mandat du déontologue sortant, Jean-Eric Gicquel, prend fin dans les tous prochains jours, puisqu'il exerce ses fonctions "jusqu'à la fin du sixième mois qui suit le premier jour de la législature suivante", comme le précise l'article 80-2 du règlement du Palais-Bourbon.