"Le macronisme trouvera une fin dans les mois qui viennent" : les propos de Sophie Primas exaspèrent les députés du parti présidentiel

Actualité
par Anne-Charlotte DusseaulxStéphanie Depierre, le Mardi 20 mai 2025 à 18:16, mis à jour le Mardi 20 mai 2025 à 18:37

La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, qui est membre des Républicains, a estimé, ce mardi 20 mai, sur Europe1/CNews que "le macronisme, probablement, trouvera une fin dans les mois qui viennent". Une sortie matinale qui a provoqué l'indignation dans les rangs du groupe "Ensemble pour la République", au sein duquel siègent les députés du parti présidentiel à l'Assemblée nationale. 

C'est l'histoire d'une petite phrase qui a indigné les députés du parti présidentiel, ce mardi 20 mai, à l'Assemblée nationale. Sur Europe1/CNews, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas (Les Républicains), a déclaré dans la matinée que "le macronisme, probablement, trouvera une fin dans les mois qui viennent, avec la fin du deuxième quinquennat du Président Macron""La question est de savoir comment on rebâtit la suite", a-t-elle ajouté, interrogée sur la position de Bruno Retailleau qui est à la fois ministre de l'Intérieur et, depuis dimanche, président des Républicains.

Tweet URL

"Une porte-parole dans une coalition et dans le contexte politique dans lequel nous sommes ne devrait pas dire ça", a répliqué au micro de LCP, dans la salle des Quatre-Colonnes de l'Assemblée, la députée Prisca Thévenot (Ensemble pour la République). Selon elle, Sophie Primas "devrait avoir cette capacité de peut-être présenter ses excuses". L'élue des Hauts-de-Seine n'hésitant pas, au passage, à rappeler le score des Républicains à la dernière élection présidentielle, 4,8%.

"Il faut être cohérent, soit on est ministre d'Emmanuel Macron et on respecte ce qui a été bâti ces dernières années, soit on n'est pas d'accord et on s'en va, mais il faut choisir", renchérissait quelques minutes plus tard son collègue Pieyre-Alexandre Anglade (voir la vidéo en tête d'article), qui dénonce une "offensive brutale de la droite réactionnaire [...] qui a décidé de mener la guerre à ce qu'est le macronisme". 

"Pour exister, pas besoin de critiquer le Président", taclait également un autre député EPR, Eric Bothorel, auprès de LCP. "On n'est pas obligé de dire qu'on n'est pas macroniste quand on a été nommé" par le chef de l'Etat, poursuivait l'élu des Côtes d'Armor qui, comme d'autres pourront faire passer le message ce mardi soir à Matignon, où le chef du gouvernement, François Bayrou, a convié les députés du parti présidentiel à dîner. "Au-delà d'avoir un minimum de décence, il faut un minimum de mémoire", réagissait aussi Hervé Berville (EPR) dans la journée. Avant d'ajouter, faisant allusion aux soutiens de Bruno Retailleau dans l'élection à la présidence de LR : "Ce n'est pas parce qu'on a l'ivresse des lendemains de victoire qu'il faut se laisser aller à des commentaires désagréables et déloyaux."

Gabriel Attal a appelé François Bayrou et Sophie Primas

Selon nos informations, Gabriel Attal a décroché son téléphone ce mardi matin pour joindre le Premier ministre au sujet des propos de Sophie Primas. Le président du groupe "Ensemble pour la République" a aussi appelé la principale concernée. "Elle s'est excusée auprès de lui et a convenu d'une maladresse", a indiqué à LCP un participant à la réunion hebdomadaire du groupe EPR, où Gabriel Attal a débriefé ses appels matinaux. Et l'ex-Premier ministre de déclarer, selon la même source : "Je ne doute pas qu'elle saura le dire publiquement"

Des excuses ? "Est-ce quelqu'un qui est sincère a besoin de s'excuser ? Je ne suis pas certain", commentait de son côté le député Les Républicains Antoine Vermorel-Marques, pour qui Sophie Primas "a eu raison de le dire", car "c'est un fait constitutionnel" :"Le Président ne peut plus se représenter, donc il n'y aura plus de macronistes en 2027". A ceux, au sein d'Ensemble pour la République, qui accusent Les Républicains de déloyauté, alors qu'Emmanuel Macron les a nommés au gouvernement, il réplique : "On est au gouvernement car on a voulu empêcher la gauche d'y être. On a pris nos responsabilités."

Un constat que partage son collègue Philippe Gosselin (LR), qui estime que "si la droite républicaine n'était pas responsable, il n'y aurait pas de gouvernement". S'il reconnaît une "formulation peut-être un peu malicieuse" de la part de Sophie Primas et assure comprendre qu'elle ait pu "faire bondir" les soutiens du chef de l'Etat, le député s'interroge : "Reste un vrai sujet, et ce n'est pas pour tacler ou renvoyer d'un revers de main, c'est quoi aujourd'hui réellement le macronisme ?" Et Antoine Vermorel-Marques d'ironiser : "Je ne suis pas sûr que Gabriel Attal se définisse comme macroniste. C'est peut-être une question à lui poser."

Des propos qui, de part et d'autre, montrent une nouvelle fois, s'il en était besoin, que la vie du "socle commun" du gouvernement Bayrou, au sein duquel cohabitent les partis de la coalition présidentielle et la droite, n'est pas un long fleuve tranquille