Le ministre de l'Intérieur annonce qu'il va proposer la dissolution des "Soulèvements de la terre"

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par Soizic BONVARLET, le Mardi 28 mars 2023 à 17:42, mis à jour le Jeudi 30 mars 2023 à 12:18

Alors que la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites a eu lieu mardi 28 mars, le maintien de l'ordre dans le cadre des manifestations, ainsi que les affrontements qui ont eu lieu à Sainte-Soline le week-end dernier, ont été au cœur de la séance de Questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

"J'ai décidé d'engager la dissolution des Soulèvements de la terre", a annoncé le ministre de l'Intérieur lors de la séance des Questions au gouvernement, mardi 28 mars, alors qu'il répondait à Jean-Marie Fievet (Renaissance) qui lui demandait ce qu'il prévoyait à l'encontre des "organisateurs" de la mobilisation organisée contre un projet de méga-bassine à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) samedi dernier.

Gérald Darmanin dénonce des "appels à l'insurrection"

Dénonçant des "événements inqualifiables", Gérald Darmanin a évoqué "l'extrême violence de certains groupuscules", citant pour exemple "Les Soulèvements de la terre", responsables, a-t-il indiqué, de "plusieurs envahissements d'entreprises, plusieurs exactions fortes contre les forces de l'ordre, plusieurs destructions de biens (...) plusieurs appels à l'insurrection". Le ministre de l'Intérieur a précisé qu'il proposerait la dissolution de l’organisation "à un prochain Conseil des ministres".

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Sur son site web, le collectif "Les soulèvements de la terre" définit sa raison d'être comme "la tentative de construire un réseau de luttes locales tout en impulsant un mouvement de résistance et de redistribution foncière à plus large échelle". Les membres de l'organisation assument ainsi "la volonté d’établir un véritable rapport de force en vue d'arracher la terre au ravage industriel et marchand" et le fait, qu'à leurs yeux, "seul un basculement radical - un soulèvement - pourrait permettre d'enrayer le réchauffement climatique". Un appel figure également pour "la 5e manif-action organisée en 1 an et demi" à Sainte-Soline, selon le mot d'ordre : "Pas une bassine de plus". De quoi, selon Gérald Darmanin, imputer au collectif la responsabilité du rassemblement de samedi dernier.

La gauche accusée de "haïr les policiers"

"Quand allez-vous arrêter d'être le premier flic de France pour devenir ministre de l'Intérieur, c'est-à-dire au service de l'intérêt général et de la démocratie ?", a demandé au cours de cette même séance Sophie Taillé-Polian (Ecologiste) à Gérald Darmanin. La députée critiquait la politique de maintien de l'ordre, responsable selon elle de "l'escalade" et sans rapport avec la nécessité d'apporter une réponse à la crise "politique, quasiment une crise de régime", actuelle. "Pensez-vous que ce soit le travail des forces de l'ordre ? Nous ne le pensons pas. Par vos décisions, vous mettez en danger les citoyens qui manifestent, mais aussi les forces de l'ordre", a-t-elle considéré.

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"Je ne suis pas le premier flic de France, car je n'ai pas le courage, ni vous d'ailleurs, d'être à la place des policiers qui chaque jour risquent leur vie pour l'ensemble des concitoyens", a répondu Gérald Darmanin à la députée. "Que s'est-il passé à gauche, pour qu'on haïsse les policiers ?", a poursuivi le ministre de l'Intérieur, avant d'accuser la Nupes de "blesser chaque jour" gendarmes et policiers. "Que s'est-il passé à gauche pour qu'on oublie à ce point Clémenceau, Chevènement, Cazeneuve, Valls, Mitterrand, Badinter ?" s'est également exclamé l'actuel locataire de la Place Beauvau.

Au cours de la séance, le ministre a aussi redit sa "confiance totale" à l'égard des forces de l'ordre, tout en affirmant son "exigence dans le respect de la déontologie".

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Un peu plus tôt, le président des Républicains, Eric Ciotti, avait dénoncé "les militants d'extrême-gauche (...) dont le seul objectif est de piller, de brûler, de tuer du flic" et appelé l'hémicycle à se lever pour rendre "un hommage républicain" aux gendarmes et aux policiers, notamment ceux blessés à Sainte-Soline. Il a accusé les "bancs de l'extrême-gauche" de refuser de s'associer à cet hommage. 

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"Je regrette comme vous Monsieur Ciotti (...) qu'il n'y ait pas d'unanimité dans la classe politique pour dénoncer ces groupes factieux qui veulent mettre à bas la République", a répondu Gérald Darmanin au député, tout en défendant une nouvelle fois le travail des policiers et des gendarmes dans le contexte actuel de manifestations contre la réforme des retraites.

Le ministre de l'Intérieur sera auditionné la semaine prochaine sur la gestion du maintien de l'ordre par la commission des lois de l'Assemblée nationale.