Les députés Rassemblement national font leur entrée à l'Assemblée nationale

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Les 89 députés du Rassemblement national font leur rentrée à l'Assemblée, mercredi 22 juin 2022
Les 89 députés du Rassemblement national font leur rentrée à l'Assemblée, mercredi 22 juin 2022 (Alain JOCARD / AFP)
par Raphaël Marchal, le Mercredi 22 juin 2022 à 15:40, mis à jour le Mercredi 22 juin 2022 à 16:22

Les 89 élus du Rassemblement national ont fait leur entrée à l'Assemblée nationale, mercredi 22 juin, Marine Le Pen en tête. La finaliste de la dernière élection présidentielle a affiché sa "fierté" de voir un groupe nombreux arriver au Palais-Bourbon et affiché une volonté de "sérieux" après le succès de son parti aux élections législatives. 

Les députés du Rassemblement national ont fait leur entrée en nombre dans la cour d'honneur de l'Assemblée nationale, puis dans l’hémicycle, ce mercredi 22 juin, entourés de caméras et de photographes. Lors de la précédente législature, le parti n'avait envoyé que 8 élus au Palais-Bourbon, condamnés à siéger parmi les non-inscrits ; désormais, à 89, ils auront un tout autre poids dans la vie de l'institution et la possibilité de constituer un groupe pour la première fois depuis 1986. 

A cette occasion, Marine Le Pen a tenu à ce que ses troupes affichent une image de sérieux. La cheffe-de-file du parti à l'Assemblée — elle a d'ores et déjà fait savoir qu'elle ne reprendrait pas la tête du parti à Jordan Bardella — avait d'ailleurs passé des consignes claires, notamment cravate obligatoire pour les hommes. Objectif revendiqué : jouer le contraste avec le "cirque" de la Nupes et le "melon" d'Ensemble, selon les mots du Rassemblement national. "Il faut faire dignement notre travail de député, dans le respect de la Constitution, de la République" et se "comporter de manière impeccable", a indiqué Marine Le Pen. 

La "fierté" de Marine Le Pen

Visage conquérant, tailleur bordeaux, la finaliste de l'élection présidentielle a personnellement accueilli chacun des élus RN dans la cour d'honneur du Palais-Bourbon, faisant part de sa "fierté". "Nous assumons très tranquillement le poids des responsabilités. Nous y sommes préparés depuis de nombreuses années", a affirmé l'élue du Pas-de-Calais, regrettant même qu'il ait fallu attendre autant d'années pour que des "millions de Français soient dignement représentés".

Le discours avait également été bien rôdé parmi ses troupes : Marine Le Pen a promis des députés sérieux, appliqués, constructifs, compétents. "Très différents de ce que vous avez l'habitude de dire sur nous", a-t-elle confié aux nombreux journalistes venus assister à l'arrivée des députés RN. Même tonalité du côté de Sébastien Chenu (Nord), qui a affirmé son envie de faire partie d'une opposition "constructive" et qui n'est "pas là pour transformer l'Assemblée nationale en ZAD ou en squat, contrairement à l'extrême gauche". Ou du côté d'Edwige Diaz (Gironde), qui a promis qu'il faudrait compter sur un groupe "responsable".

L'arrivée des élus RN a été brièvement perturbée par le collectif Ibiza, qui a déployé une banderole à leur attention. "Le problème, ce n'est pas les immigrés, ce sont les trois degrés [du réchauffement climatique]", était-il inscrit sur la bannière, rapidement décrochée par les forces de l'ordre.

Du succès aux défis

Après avoir créé la surprise aux élections législatives, s'ouvre désormais une période décisive pour le Rassemblement national, qui revendique d'être le premier groupe d'opposition face à la majorité relative d'Emmanuel Macron. Bon nombre de nouveaux élus, au profil sociologique très divers, vont devoir être rapidement formés à la matière parlementaire. Pour ce faire, Marine Le Pen compte sur l'expérience des sortants, tels que Sébastien Chenu et Bruno Bilde, pour guider leurs nouveaux confrères.

La nouvelle place du RN à l'Assemblée va notamment se concrétiser à travers les postes auxquels il va désormais pouvoir prétendre à l'Assemblée nationale. Notamment au sein du Bureau du Palais-Bourbon, qui assure la gouvernance politique de l'institution. Le groupe de Marine Le Pen vise aussi la très convoitée présidence de la commission des finances, à laquelle la Nupes prétend également, et qui est réservée à un groupe d'opposition. Un nom est déjà avancé côté RN : Jean-Philippe Tanguy (Somme), ex-directeur adjoint de la campagne de Marine Le Pen et figure montante du parti.

Lors de la session extraordinaire qui commencera début juillet, le RN a fait savoir qu'il comptait bien "amender" le projet de loi du gouvernement sur le pouvoir d'achat, en fonction de son contenu, et qu'il souhaitait présenter un premier texte sur la "lutte contre l'islamisme" et l'interdiction du port du voile. En sachant désormais qu'au sein du Palais-Bourbon, les projecteurs seront aussi braqués sur ses élus.