Les gobelets, couverts et emballages à usage unique bientôt bannis des fast-food ?

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Le géant américain McDonald’s a lancé en septembre un gobelet en fibre de bois pour ses boissons froides. Insuffisant pour certains parlementaires, qui veulent imposer de la vaisselle réutilisable. (AFP)
Le géant américain McDonald’s a lancé en septembre un gobelet en fibre de bois pour ses boissons froides. Insuffisant pour certains parlementaires, qui veulent imposer de la vaisselle réutilisable. (AFP)
par Jason Wiels, le Mercredi 27 novembre 2019 à 08:00, mis à jour le Mardi 5 janvier 2021 à 17:37

Plusieurs amendements au projet de loi de lutte contre le gaspillage veulent obliger les fast-food à utiliser de la vaisselle réutilisable pour les repas pris sur place par leurs clients. S'ils sont adoptés, il s'agirait d'une petite révolution dans le monde de la restauration rapide.

Demain, les amateurs de fast-food mangeront peut-être leur hamburger dans une assiette et boiront leur soda dans un verre. C'est en tout cas la règle que veulent imposer plusieurs députés La République en marche et communistes à tous les lieux de restauration pour les repas pris sur place. Si la proposition est déjà une évidence pour les acteurs de la restauration traditionnelle qui font la plonge, elle bouscule en revanche le modèle sur lequel sont bâtis des enseignes telles que McDonald's, Burger King ou Quick.

Le secteur de la restauration rapide produit chaque année en France la bagatelle de 180 000 tonnes d'emballages aussitôt utilisés, aussitôt jetés. "Ce modèle a été construit pour optimiser les coûts en personnel, mais aucun consommateur ne demande à manger dans des emballages à usage unique ! Il faut imposer le réutilisable là où le jetable est absurde", justifie Laura Châtel, responsable du plaidoyer chez Zero Waste France.

C'est cette association qui a soufflé l'idée aux députés. Dans leurs amendements au projet de loi anti-gaspillage, les signataires - dont la présidente de la commission au développement durable Barbara Pompili (LaREM) - prônent l'interdiction des gobelets, récipients, couverts et autres emballages jetables en 2021 ou en 2023.

Le secteur prêt à muter ?

Selon Zero Waste France, environ la moitié des 6 milliards de repas servis dans les chaînes de restauration rapide sont pris sur place. La modification de la loi pourrait donc permettre d'économiser autant de déchets au prix d'un investissement en lave-vaisselles et de l'embauche de personnel. Un tel changement peut-il être digéré facilement par les principaux acteurs du secteur ?

Même si une réorganisation est toujours douloureuse, on leur offre une opération gagnante car la gestion des déchets et l'obligation de recyclage coûtent chers aussi.Laura Châtel, Zero Waste France, le 27 novembre 2019

Plutôt que la réutilisation, les enseignes de fast-food préfèrent faire le choix du recyclage. Encore faut-il s'y mettre : dans une enquête menée fin 2018 par le ministère de la Transition écologique, aucun des 50 établissements inspectés ne recyclait ses déchets. Depuis, la filière s'est engagée à faire le tri dans au moins 70% de ses restaurants avant la fin de l'année... bien que cela soit déjà une obligation légale depuis 2016.

Les jouets en plastique aussi en sursis

Le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire porté par la secrétaire d'État Brune Poirson sera également l'occasion de débattre de la pertinence des jouets en plastique offerts dans les menus enfants. Souvent utilisés pour appâter le jeune client, leur durée de vie serait extrêmement limitée.

Là encore deux amendements, l'un porté par des députés de la majorité, l'autre par des élus du groupe Libertés et Territoires, vont proposer de les interdire au plus tard au 1er janvier 2021.

L’étude d’impact du projet de loi relève que 100 millions de jouets et cadeaux représentant en tonnage 3,2 % des jouets mis sur le marché sont distribués par la restauration rapide chaque année en France.Amendement "Libertés et Territoires" au projet de loi anti-gaspillage

En Grande-Bretagne, le mouvement est déjà bien amorcé. Lancée en 2018, une pétition pour demander la fin des jouets en plastique dans les menus enfants a recueilli plus d'un demi million de signatures. Un souhait en partie exaucé par Burger King et McDonald's outre-Manche, qui offrent désormais à leurs jeunes clients des choix alternatifs tels que des livres ou des sachets de fruits.

En France, l'avenir de ces amendements est suspendu à l'avis du gouvernement, qui devra dévoiler sa position lors de la discussion de l'article 10 du projet de loi, mercredi ou jeudi, en commission du développement durable.