Les partis de "Ensemble !" font compte commun

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Stanislas Guérini, François Bayrou et Édouard Philippe (AFP)
par Jason WielsElsa Mondin-Gava, le Vendredi 13 mai 2022 à 15:54, mis à jour le Mardi 17 mai 2022 à 18:21

Derrière la confédération regroupant La République en marche, le MoDem et Horizons, il n'y a aura qu'une seule et même association de financement politique pour les élections législatives. But du jeu : stabiliser le financement des trois formations politiques pendant cinq ans et limiter les transferts au sein de la majorité. 

À défaut d'un parti politique unique, les trois forces de la majorité présidentielle ont décidé de créer une confédération. Adossée à celle-ci, il n'y aura cependant qu'une seule et même association de financement en vue des élections législatives. Rendez-vous vital pour le financement de la vie politique, ce scrutin ouvre le droit au versement de deux subventions publiques par an pendant cinq ans selon le nombre de voix récoltées et le nombre de députés élus.

Le 10 mai, le ministre de l'Intérieur a pris un arrêté qui recense les partis ou groupements politiques auxquels peuvent se rattacher les candidats en vue de leur financement. Surprise : exit En Marche ! et le MoDem comme en 2017, cette fois, seule l'association "Ensemble !" figure sur cette liste au titre de la majorité présidentielle et centralisera donc les subsides publiques.

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Tous les candidats de la majorité devront se rattacher à cette entité, comme le prévoit d'ailleurs la charte de douze engagements qu'ils doivent signer pour concourir sous les couleurs de LaREM, du MoDem ou d'Horizons. Les recettes seront ensuite partagées chaque année entre les trois partis, en reflétant les scores réalisés et le nombre d'élus à l'Assemblée nationale le mois prochain. 

"Mariage" et "compte commun"

Preuve de l'importance de cette manne pour faire tourner la vie d'un parti politique : en 2021, La République en Marche a touché près de 21 millions d'euros au titre du financement publique de la vie politique, devant Les Républicains (environ 13 millions d'euros) et le Parti socialiste (environ 6 millions d'euros).

Selon un connaisseur du dossier, l'objectif est de figer les règles pour les cinq prochaines années en ouvrant une sorte de "compte commun". Car cette centralisation doit aussi permettre d'éviter que la migration d'un élu vers un autre parti allié ne se traduise par une baisse des ressources pour sa famille d'origine, chaque élu étant affilié dès le départ à la même association.

De plus, les dirigeants d'Ensemble ! ont imaginé un autre verrou : le changement de groupe parlementaire à l'Assemblée nationale ne pourra se faire qu'avec l'accord de chacun des trois futurs présidents des groupes LaREM (bientôt rebaptisée Renaissance), MoDem et Horizons. Du cas par cas donc, alors que le MoDem avait gagné une dizaine de députés en 2020, essentiellement grâce à des départs de LaREM. Les artisans de ce système espèrent bien qu'il tiendra pendant toute la durée du quinquennat, et plus si affinités : "Quand on se marie, on espère que c'est pour la vie, même si on sait qu'un couple sur deux finit par divorcer", commente la même source sur ce montage financier... et politique.