Marine Le Pen : Les réactions politiques à l'inéligibilité prononcée à l'encontre de la cheffe de file du RN

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Marine Le Pen présente les propositions de loi retenues pour la niche parlementaire du RN
Marine Le Pen présente les propositions de loi retenues pour la niche parlementaire du RN
par Raphaël MarchalMaxence Kagni, le Lundi 31 mars 2025 à 15:30, mis à jour le Lundi 31 mars 2025 à 17:53

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, ce lundi 31 mars, Marine Le Pen dans l'affaire des assistants parlementaire du FN. La triple candidate à l'élection présidentielle a notamment vu prononcer à son encontre une peine d'inéligibilité de cinq ans assortie d'une exécution immédiate. Une condamnation qui provoque de nombreuses réactions politiques.

Quatre ans de prison, dont deux ans ferme, et cinq ans d’inéligibilité avec "exécution provisoire", c'est-à-dire prenant effet immédiatement. C'est la peine à laquelle a été condamnée Marine Le Pen ce lundi 31 mars, dans l'affaire des assistants des eurodéputés du Front national (devenu Rassemblement national). En attendant la réaction de la principale intéressée, qui s'exprimera ce soir au 20 heures de TF1, de nombreuses personnalités politiques ont déjà pris la parole pour commenter la décision de justice.

François Bayrou "a été troublé a l'énoncé du verdict", a indiqué l'entourage du Premier ministre au Parisien, tout en indiquant qu'il ne ferait "aucun commentaire" sur une décision de justice.

"Aujourd’hui, ce n’est pas seulement Marine Le Pen qui est injustement condamnée : c’est la démocratie française qui est exécutée", a commenté sur X le président du Rassemblement national, Jordan Bardella.

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 "La France est-elle encore une démocratie ?", a questionné sur X Eric Ciotti, le président du groupe Union des droites pour la République à l'Assemblée nationale. L'élu, allié de Marine Le Pen lors des dernières élections législatives, a estimé dans un second message que "le destin démocratique de notre nation [est] confisqué par une cabale judiciaire indigne".

L'ancienne députée Marion Maréchal, désormais élue au Parlement européen, a elle aussi réagi sur les réseaux sociaux : "Des juges se pensant au-dessus du peuple souverain, ont décidé d’exécuter dans un tribunal, celle qu’ils n’ont jamais pu faire reculer dans les urnes", a écrit la nièce de Marine Le Pen.

Le CSM "inquiet face aux réactions virulentes"

Le président du groupe Droite républicaine à l'Assemblée nationale, Laurent Wauquiez, a quant à lui évoqué sur BFMTV une "décision très lourde et exceptionnelle" : "Il n'est pas sain que dans une démocratie une élue soit interdite de se présenter à une élection." Sur la même ligne, le député européen François-Xavier Bellamy (Les Républicains) dénonce un "jour très sombre pour la démocratie française" : "Refuser que l’appel de Marine Le Pen suspende le jugement, comme c’est le cas ordinairement, revient donc à une interférence majeure sur notre vie démocratique", a-t-il écrit sur  les réseaux sociaux.

Dans un communiqué, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a exprimé son "inquiétude face aux réactions virulentes" après la condamnation de Marine Le Pen, les jugeant "de nature à remettre en cause gravement l'indépendance de l'autorité judiciaire". "Les menaces visant personnellement les magistrats en charge du dossier, tout comme les prises de parole de responsables politiques sur le bien-fondé des poursuites ou de la condamnation, en particulier au cours du délibéré, ne peuvent être acceptées dans une société démocratique", a déclaré le CSM dans une rare prise de parole publique.

LFI veut "battre" le RN dans les urnes

De l'autre côté de l'échiquier politique, La France insoumise a publié un communiqué de presse dans lequel elle "prend acte de cette décision de Justice" tout en précisant "refuser par principe que le recours soit impossible pour un justiciable, quel qu'il soit". "La France insoumise n’a jamais eu comme moyen d’action d’utiliser un tribunal pour se débarrasser du Rassemblement National", ajoute le texte, LFI se disant prête à "battre" le RN "dans les urnes, quel que soit son ou sa candidate".

Dans sa propre communication, Jean-Luc Mélenchon a estimé que "la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple" : "C'est à cela que servirait le référendum révocatoire dans une VIe République démocratique", a ajouté le triple candidat à l'Elysée.

"Personne n'est au dessus des lois. Ceux qui croient pouvoir se prévaloir, entre guillemets, d'une onction de sondage pour s'exonérer du respect de la loi se trompent" a, en revanche, commenté le député Emmanuel Grégoire (Socialistes). Et son collègue Arthur Delaporte d'écrire sur X : "Marine Le Pen et l'extrême droite ont été reconnues comme coupables de détournement de plusieurs millions d'euros. La justice doit s'appliquer à toutes et à tous sans distinction et nous ne devons la respecter".

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"C'est la preuve d'un système judiciaire qui fonctionne", a aussi salué la présidente du groupe Ecologiste et social à l'Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain. "La décision de justice visant Marine Le Pen et des dirigeants du RN est saine. Il en va de l'Etat de droit, que l'extrême droite à travers le monde veut justement détruire", a complété Clémentine Autain (Ecologiste et social) sur X.

A l'international, aussi, le jugement était très scruté. Le porte-parole du Kremlin a dénoncé une "violation des normes démocratiques". "Je suis Marine", a posté en Français Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois, sur le réseau social X. "Je suis choqué par le verdict extrêmement sévère rendu contre Marine Le Pen" a, quant à lui, confié Geert Wilders, le dirigeant néerlandais d'extrême droite du Parti pour la liberté. Quant au multimillardaire américain Elon Musk, il a dénoncé un "abus du système judiciaire", prévenant qu'il y aurait "un retour de bâton" comme avec "les attaques judiciaires" contre Donald Trump.