Nouvelle-Calédonie : "Ce n'est pas une révolte politique", déclare Gérald Darmanin lors d'une audition à l'Assemblée nationale

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Gérald Darmanin LCP 21/05/2024
Gérald Darmanin à l'Assemblée nationale, le 21 mai 2024 (© Gérald Darmanin)
par Raphaël Marchal, le Mardi 21 mai 2024 à 20:17

Une semaine après le début de la crise en Nouvelle-Calédonie, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, a été auditionné à l'Assemblée nationale, ce mardi 21 mai, sur la situation dans l'archipel. Devant les députés de la commission des lois, il a affirmé que les émeutes ne relevait pas d'une "violence politique". Le ministre a également dressé un premier bilan de la mise en œuvre de l’état d’urgence, assurant que celui-ci était appliqué avec "parcimonie".

L'audition fut brève, mais instructive. Juste avant de s'envoler pour la Nouvelle-Calédonie avec le président de la République, Gérald Darmanin, a été auditionné par la commission des lois de l'Assemblée nationale, ce mardi 21 mai, une semaine après le début des émeutes qui ont touché l'archipel et qui ont causé la mort de six personnes, sur fond de contestation de la réforme visant à élargir le corps électoral spécifique aux élections provinciales.

Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer l'a affirmé : ces violences n'ont rien de "politique". Pour preuve, selon lui, aucun responsable indépendantiste reconnu n'y a participé. Il a, en revanche, pointé le rôle de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), organisation indépendantiste qu'il avait qualifiée de "groupe mafieux" la semaine dernière au Sénat, dans la flambée des violences. Celle-ci ayant utilisé de "jeunes Kanaks en déshérence", le tout en lien avec des "ingérences étrangères" au premier chef celles de l'Azerbaïdjan, a-t-il expliqué,

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Gérald Darmanin a, par ailleurs, laissé entendre que les événements récents pouvaient aussi résulter d'enjeux de pouvoir au sein du camp indépendantiste, la CCAT revendiquant désormais le rôle d'interlocuteur de l'Etat, au dépens des autres organisations, dont le Front de libération nationale kanak et socialiste (FNLKS). "La CCAT opère une transformation. [...] Des mouvements violents qui deviennent ensuite des mouvements politiques, on en connaît plein."

Un état d'urgence parcimonieux, selon le ministre

Le ministre de l'Intérieur a également dressé un premier bilan de l'état d'urgence, mis en place depuis le 15 mai dans l'archipel. Selon lui, les mesures prévues par l'état d'exception ont été mises en œuvre avec "parcimonie" : 29 assignations à résidence - dont 17 ont été notifiées -, et 23 perquisitions administratives prévues - dont 5 réalisées. En outre, 22 interdictions de paraître ont été prononcées. Conformément à la loi, l'état d'urgence doit prendre fin après 12 jours, soit le 27 mai au plus tard, à moins qu'un vote ait lieu au Parlement pour le prolonger. A toutes fins utiles, un projet de loi a été transmis au Conseil d’Etat, a confirmé Gérald Darmanin, au cas où la situation s'aggraverait à nouveau, mais sans que cela permette de présager à ce stade de la l'intention et de la nécessité éventuelles de prolonger l'état d'urgence. 

Au total, 276 interpellations ont été recensées, toutes raisons confondues, depuis le début des violences, dont une minorité de mineurs. Les auteurs présumés des homicides qui ont eu lieu ces derniers jours font partie des personnes interpellées, à l'exception de l'auteur du tir mortel à l'encontre du gendarme Nicolas Molinari. "Nous pensons l'avoir identifié", a toutefois précisé le ministre. Quelque six escadrons de gendarmerie et de CRS doivent encore arriver en renfort en Nouvelle-Calédonie.

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Au cours de son audition, Gérald Darmanin est brièvement revenu sur le blocage du réseau social TikTok, décidé par le Premier ministre sur le fondement de "circonstances exceptionnelles". Une décision prise en concertation avec les autorités de Nouvelle-Calédonie, a-t-il indiqué. Pendant l'audition, le Conseil d’État, qui instruit un recours en référé-liberté contre cette décision, a accordé 24 heures supplémentaires à l'exécutif pour motiver cette interdiction, et notamment apporter des preuves du rôle réel de TikTok dans la flambée des violences.

Enfin, le ministre de l'Intérieur a ébauché les contours de la "mission" annoncée par Emmanuel Macron. Le président de la République part ce mardi soir en Nouvelle-Calédonie, accompagné de Gérald Darmanin, de la ministre déléguée chargée des Outre-mer, Marie Guévenoux, et du ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Cette mission devrait être composée de profils "administratifs, et non pas politiques", a indiqué Gérald Darmanin.