Nouvelle-Calédonie : les enjeux du déplacement inédit de Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher

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Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher
par Thibault Henocque, le Samedi 9 novembre 2024 à 08:30, mis à jour le Samedi 9 novembre 2024 à 09:12

La Présidente de l'Assemblée nationale, Yäel Braun-Pivet, et le Président du Sénat, Gérard Larcher, s'envolent ce samedi pour la Nouvelle-Calédonie. Un déplacement au cours duquel les plus hauts représentants des deux Chambres du Parlement veulent poser les bases d'une reprise du dialogue, alors que les tensions restent vives après les violences qui ont meurtri l'archipel ces derniers mois. "Il est légitime que les présidents des deux assemblées se mobilisent pour la République et la Nouvelle-Calédonie" déclare Yaël Braun-Pivet.

Les présidents des deux Chambres du Parlement ensemble en Nouvelle-Calédonie : le déplacement, inédit, se veut à la hauteur des enjeux. La collectivité d'Outre-mer de l'océan Pacifique est depuis mai dernier le théâtre d'une crise politique, marquée par des émeutes qui ont fait 13 morts et plongé l'archipel dans de graves difficultés économiques et sociales.

Une situation dont l'événement déclencheur a été une réforme - mise entre parenthèse depuis - sur le dégel du corps électoral de l'archipel qui aurait dû s'appliquer lors des élections locales initialement prévues dans les prochaines semaines. La visite de Yaël Braun-Pivet et de Gérard Larcher intervient à un moment important, quelques jours après que le Parlement a entériné le report de ces élections, dites provinciales, en Nouvelle-Calédonie.

Une mission "parlementaire et autonome"

Dans le prolongement de ce geste d'apaisement, le déplacement de la présidente de l'Assemblée et du président du Sénat, les deux plus hauts personnages de l'Etat après le président de la République et le Premier ministre, se veut une mission de "concertation", visant à "rétablir le dialogue", selon l'entourage de Yaël Braun-Pivet. Sa genèse remonte au mois de mai dernier. Quelques jours après le début des émeutes, la présidente de l'Assemblée, conviée à Matignon aux côtés de son homologue du Sénat, avait plaidé pour une "mission de dialogue".

L'objectif est de "mettre toutes les parties prenantes autour de la table", explique-t-on de même source. Dans un contexte où l'action de l'exécutif fait l'objet d'une défiance croissante depuis mai de la part des acteurs locaux, l'initiative d'une telle mission "parlementaire et autonome" constitue un espoir de déblocage. "Nous sommes élus, nous avons tous deux une indépendance et une liberté, qui sont pour nos interlocuteurs des facteurs importants", estime Yaël Braun-Pivet dans une interview au Monde.

Trois jours sur place pour "rétablir le dialogue"

Au cours de leur visite, les présidents des deux Chambres vont multiplier les prises de contact avec les principaux représentants politiques de l'archipel. Ils débuteront par une cérémonie d'accueil à Nouméa, puis seront accueillis au Sénat coutumier, où ils prononceront chacun un discours en séance publique, avant de s'entretenir à huis-clos avec les sénateurs locaux.

Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher s'envoleront ensuite pour Koné, afin de rencontrer Paul Néaoutyine, le président la province Nord. Ils s'entretiendront ensuite avec la présidente de la province Sud, Sonia Backès et le président de l'Assemblée de la provinces des îles Loyauté, Jacques Lalié. Des échanges sont aussi prévus avec la présidente du Congrès et le président du gouvernement.

Le lendemain, c'est au Congrès, devant les parlementaires néo-calédoniens, que Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher sont attendus pour s'exprimer. Des rencontres avec des acteurs économiques locaux sont aussi prévus, ainsi qu'une visite du centre pénitentiaire de Nouméa. La visite se conclura par un échange, à huis-clos, au Congrès en présence de tous les acteurs locaux. L'occasion selon Yaël Braun-Pivet, de "rechercher une solution commune".


CHRONOLOGIE

  • 13 mai 2024 : alors qu’un texte visant à élargir le corps électoral pour les scrutins provinciaux aux résidents installés depuis au moins dix ans dans l'archipel est débattu et adopté à l’Assemblée nationale, des émeutes éclatent en Nouvelle-Calédonie
  • 15 mai : le président de la République, Emmanuel Macron, décrète l’état d’urgence sur l’archipel. Un couvre-feu est instauré à Nouméa, l’aéroport et les écoles sont fermés.
  • 17 mai : réunion à Matignon en présence de Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher. La Présidente de l'Assemblée appelle à une "mission de dialogue".
  • 23 mai : lors d'une visite à Nouméa, Emmanuel Macron s’engage à ne pas passer "en force" et souhaite un "accord global" suivi d’un vote des Calédoniens sur le statut institutionnel de l’île.
  • 12 juin : Emmanuel Macron suspend la réforme électorale.
  • 24 juin : reprise des violences.
  • Juillet : des représentants locaux alertent sur une "crise sociale et économique" pouvant déboucher sur une "crise humanitaire".
  • 1er octobre : le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, annonce que le texte constitutionnel sur le dégel du corps électoral, à l'origine de la crise, ne sera "pas soumis au Congrès" du Parlement à Versailles et que les élections provinciales, prévues à la fin de l’année, seront reportées.
  • 6 novembre : après le Sénat, l'Assemblée nationale entérine ce report.
  • 10-14 novembre : déplacement de Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher dans l'archipel.