Auditionné mercredi 4 novembre par la mission d'information l'Assemblée nationale, dotée des pouvoirs d'une commission d'enquête, sur l'épidémie de coronavirus, le ministre de la Santé a assumé les décisions du gouvernement, rejetant tout manque d'anticipation. Selon lui, "la deuxième vague est indépendante de la première".
Olivier Véran le martèle : "L'heure n'est pas aux regrets". Auditionné mercredi par la mission d'information de l'Assemblée sur la gestion de l'épidémie de Covid-19, le ministre des Solidarités et de la Santé a assumé l'ensemble des décisions prises par l'exécutif depuis sa prise de fonction.
Le ministre a nié toutes dissensions entre lui et le chef de l'Etat, notamment en septembre dernier : "Il n'y a pas une fois où je me suis senti en décalage vis-à-vis d'une décision qui aurait été actée", a affirmé Olivier Véran. "J'ai toujours été très en phase avec les décisions prises en conseil de défense ou ailleurs depuis le début de cette pandémie", a-t-il ajouté.
Le ministre a profité de l'audition pour défendre son action, repoussant les accusations d'impréparation et les mises en cause : "Quelles que soient les décisions que nous avons prises depuis le mois de mars, nous avons agi en conséquence des données qui nous étaient remontées."
Pour le ministre de la Santé, le déconfinement n'a pas été raté : "Il a eu lieu le 11 mai, le reconfinement a eu lieu le 30 octobre, donc il s'est passé plusieurs mois entre les deux." Ce laps de temps prouve, selon lui, que "la deuxième vague est indépendante de la première".
"Vous ne m'avez jamais entendu nier la possibilité qu'il pourrait y avoir une deuxième vague", a ajouté Olivier Véran, qui estime que cette hypothèse a "toujours été anticipée" par le gouvernement.
"Nous avons entamé la reconstitution du stock national d'équipements de protection (...) masques, blouses, surblouses, médicaments, respirateurs : tout cela a été fait au cours de l’été", a ainsi expliqué le ministre.
Olivier Véran a également répondu aux questions sur le nombre de lits de réanimation disponibles : selon lui, il y en aura environ 7.700 à la fin de la semaine. Au 15 avril dernier, le chiffre était de 10.700 mais "les ressources humaines posent de grandes difficultés", a expliqué Olivier Véran, qui espère toutefois arriver prochainement au nombre 10.500 lits.
On ne sort pas du chapeau un réanimateur, un anesthésiste ou une infirmière spécialisée. Olivier Véran
Sur les tests, le ministre a affirmé que cette question "n’avait jamais été évoquée en janvier ou en février dans le cadre des échanges internationaux". Olivier Véran a aussi rappelé que la première recommandation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur des tests massifs datait de mars 2020.
Entre avril et mai, nous avons multiplié par dix notre capacité de tests. Olivier Véran
"Ces tests PCR, "disponibles à partir du 27 janvier", ont été de plus en plus utilisés par la France, a indiqué le ministre. "Nous sommes passés au moment du déconfinement de 50.000 tests par jour (...) à deux millions de tests [actuellement pratiqués chaque semaine], un effort sans précédent", s'est-il félicité, soulignant que la France était l'un des seuls pays à avoir organisé un dépistage sans reste à charge pour les patients.
"A chaque fois qu'il a fallu lever des barrières pour permettre de tester davantage, nous l'avons fait", a déclaré Olivier Véran. Toutefois, le ministre reconnaît qu'il y a eu, à la rentrée scolaire de septembre, "un bouchon très clair" sur l'accès aux tests.
"[Ce] bouchon s'est formé assez vite. Il y a eu une masse de population extrêmement importante qui a voulu se faire tester au même moment", a expliqué Olivier Véran.
Questionné sur la durée parfois très longue entre la réalisation d'un test PCR et l'envoi des résultats par l'Agence régionale de santé, le ministre a "émis un doute" sur un lien de cause à effet entre ces retards et la reprise de l'épidémie en Europe.
Il renvoie notamment aux autres pays européens qui connaissent une seconde vague : "L'accès aux tests est important, mais ne croyons pas une seconde qu'il y aurait une solution matérielle humaine capable à elle seule d'éviter un départ épidémique si le virus recommençait à circuler."
Cette audition, bien que centrée sur la gestion de la première vague de la crise, a aussi été l'occasion pour les députés d'interpeller le ministre de la Santé sur l'éventuelle disponibilité d'un vaccin dans les mois à venir.
"L'objectif est d'en identifier qui soit sûr et efficace. Quand ? Je ne sais pas", a répondu Olivier Véran. Le ministre rappelle que les Etats membres de l'Union européenne ont confié le 16 juin un mandat de négociation à la Commission européenne afin que celle-ci puisse conclure des accords de précommande avec des laboratoires qui portent des projets prometteurs. Au 4 novembre, "trois ont été signés".
Enfin, une semaine après la publication dans Le Canard enchaîné d'un article intitulé "le rapport secret qui étrille la gestion de la crise du Covid", les députés ont demandé à Olivier Véran s'il avait eu connaissance de ce fameux "rapport Lizurey", commandé en avril par l'ancien Premier ministre Edouard Philippe. "Je ne peux pas le commenter, car je ne l'ai pas eu", a simplement dit le ministre de la Santé.