La cérémonie de passation de pouvoirs à Matignon a eu lieu, ce vendredi 13 décembre en fin de journée, entre le Premier ministre sortant, Michel Barnier, et son successeur nommé plus tôt dans la journée, François Bayrou. Dans son discours, le nouveau chef du futur gouvernement a expliqué qu'il sera un Premier ministre au service de la "réconciliation", tout en soulignant qu'il n'ignore rien des "difficultés" du pays et auxquelles il sera confronté à Matignon.
C'est la figure tutélaire d'Henri IV que François Bayrou a choisi d'invoquer lors la passation de pouvoirs qui eu lieu entre Michel Barnier et lui, ce vendredi 13 décembre, à Matignon. Le jour de l'anniversaire de la naissance du "bon roi Henri", a fait remarquer le nouveau Premier ministre, aux racines béarnaises, comme le souverain de l'édit de Nantes. "Il a fondé sa rencontre avec la France sur la nécessité de sortir des guerres stupides et secondaires", a dit le maire de Pau, agrégé de lettres classiques et féru d'histoire, qui a consacré plusieurs ouvrages à Henri IV. Avant de dire sa volonté, comme son modèle, de servir la "réconciliation nécessaire" en ces "temps difficiles". "C'est là le seul chemin possible vers le succès."
La comparaison s'arrête là. Prenant la suite d'un Michel Barnier qui a rappelé la nécessité de faire face au déficit public et à la dette, François Bayrou a dit ne rien ignorer de "l'Himalaya" des difficultés qui se présentent à lui. Dans la construction d'un budget pour 2025, un obstacle que son prédécesseur n'a pas réussi à franchir. Dans la tentative de trouver un accord politique aussi, face à différents blocs politiques partagés entre la bienveillance, l'attentisme, la méfiance et l'hostilité. Le président du MoDem n'est pas directement menacé - à ce stade, seule La France insoumise a évoqué la volonté d'une censure automatique. Mais son avenir dépendra en grande partie de son habileté à trouver des compromis au sein d'une Assemblée nationale sans majorité. "Nul plus que moi ne connaît la difficulté de la situation", a-t-il soufflé.
"Ma ligne de conduite sera de ne rien cacher, de ne rien négliger et de ne rien laisser de côté", a poursuivi le Béarnais, appelant à "affronter la situation les yeux ouverts, sans timidité". Et de d'évoquer deux obsessions qui le taraudent de longue date. Briser en premier lieu "le mur de verre qui s'est construit entre les citoyens et les pouvoirs", et qui conduit les Français à se méfier de ceux qui les dirigent. Et tenter de "rendre des chances à ceux qui n'ont en pas", en s'engageant contre "l'idée" fausse d'un "destin dont on n'était plus maître et dans lequel on n'avait aucune chance de progression". La "promesse originelle" d'Emmanuel Macron, a souligné le triple candidat à l'élection présidentielle, qui a mis en avant ses origines paysannes qui ne le prédestinaient nullement à Matignon.
Soutien décisif de l'actuel chef de l'Etat en 2017, François Bayrou va maintenant s'atteler à former son gouvernement. Une tâche qui s'annonce déjà ardue. Les Républicains n'ont, par exemple, pas encore décidé s'ils participeront au gouvernement, attendant d'en savoir plus sur le projet du nouveau Premier ministre, tandis que le Parti socialiste a d'ores et déjà annoncé son refus d'entrer dans l'équipe du nouveau Premier ministre. Qui devra tenter de ménager chacun de ses bord, pour éviter que le couperet de la censure ne mette précocément fin à son bail à Matignon. Le règne d'Henri IV, lui, a duré 20 ans.