Les députées Caroline Parmentier (Rassemblement national) et Béatrice Piron (Horizons) ont présenté, mercredi 21 mai, leur rapport sur la pauvreté infantile devant la délégation des droits des enfants de l'Assemblée nationale. Le rapport fait état d'une hausse de ce phénomène en France. Au-delà de ce constat partagé et des recommandations du rapport, les deux élues font une analyse différente de la situation.
Les chiffres de la pauvreté infantile en France sont accablants. Les rapporteures Caroline Parmentier (Rassemblement national) et Béatrice Piron (Horizons) en font le constat dans le rapport de la mission d'information sur la pauvreté infantile qu'elles ont mené à la demande de la délégation aux droits des enfants de l'Assemblée nationale.
En 2021, l'Insee estimait le nombre d'enfants en situation de pauvreté à 2.7 millions en France, 500 000 de plus qu'il y a 20 ans. Parmi ces enfants, 900 000 étaient âgés de moins de 5 ans. Et à la veille de la rentrée scolaire 2024, plus de 2 000 enfants dormaient dans la rue. Un état des lieux que les deux députées ont présenté, mercredi 21 mai, à leurs collègues de la délégation des enfants, présidée par Perrine Goulet (Les Démocrates).
"Un enfant qui grandit dans la précarité, sans logement stable, sans accès à des soins ou à une éducation de qualité, voit ses chances compromises dès le départ", souligne Béatrice Piron (Horizons) dans l'avant-propos qu'elle a rédigé. Pendant six mois, les deux rapporteures ont visité cinq centres d'hébergement de la région parisienne et lyonnaise. Lors de la présentation du rapport, la députée du socle gouvernemental s'est désolée de voir "de nombreuses femmes, souvent jeunes, qui se retrouvent seules à assumer la charge d'un ou plusieurs enfants, sans réseau et sans mode de garde".
Des observations également partagées par Caroline Parmentier (Rassemblement national), qui a rédigé elle aussi un avant-propos, mais sous un prisme différent. Au-delà de l'action des pouvoirs publics en matière de lutte contre la pauvreté infantile, la députée du groupe présidé par Marine Le Pen a pointé : l'immigration irrégulière, déclarant qu'il s'agit de "l'éléphant au milieu de la pièce, dont nos interlocuteurs peinaient à parler clairement". Et a ajouté : "Toutes les personnes qui bénéficient d’un hébergement d’urgence que nous avons rencontrées étaient des clandestins", considérant en substance que ceux-ci, souvent des mères accompagnées d'enfants, participent à leur dépens à l'engorgement du système d'hébergement d'urgence. "Les dispositifs de l’État sont saturés", accentuant le phénomène de la pauvreté infantile, a insisté Caroline Parmentier.
En dehors des recommandations du rapport, pour la plupart communes aux deux rapporteures, la député RN a défendu l'idée que la lutte contre l'immigration irrégulière permettrait de faire baisser la pauvreté infantile en France. Sa collègue Horizons, Béatrice Piron, a quant à elle fait savoir à la délégation aux droits des enfants que le lien établi entre l'objet du rapport et l'immigration clandestine "engage uniquement Caroline Parmentier".
Outre le constat de la situation et l'analyse qui en est faite, le rapport contient 42 recommandations. Certaines ne sont faites que par l'une des deux députées. Béatrice Piron (Horizons), préconise par exemple "d’accélérer les procédures visant à obtenir une autorisation de travail et à doubler la durée des titres de séjour pour alléger le travail des préfectures, ainsi qu’économiser sur les dépenses de l’État au titre de l’hébergement d’urgence". Tandis que Caroline Parmentier (Rassemblement national) plaide pour "une évaluation de l’état de l’hébergement d’urgence en France, en particulier en matière d’accès, de rotation, ainsi qu’à la répartition des bénéficiaires selon leur nationalité, avec une présentation détaillée des pourcentages par nationalité".
Parmi leurs propositions communes les deux députées recommandent notamment :
"de poser clairement dans la loi l’obligation de fournir, de manière inconditionnelle, un hébergement à tout enfant qui en serait dépourvu".