Dans la nuit de mardi à mercredi, la majorité a entériné une hausse de la dotation budgétaire de l'Élysée de 2,3 millions d'euros. Un supplément d'argent public qui a fait bondir les élus d'opposition, qui ont aussi trouvé à redire sur la nouvelle salle de bain de la résidence officielle du chef de l'État, au fort de Brégançon.
Les dépenses de la présidence de la République représentent environ 0,03% du budget de l'État. Mais par leur nature hautement symbolique, elles font souvent l'objet d'âpres débats dans l'hémicycle. La soirée de mardi l'a encore illustré lors de l'examen en hémicycle des crédits "Pouvoirs publics", où se niche l'enveloppe budgétaire allouée à l'Élysée, en hausse constante depuis le début du quinquennat Macron.
Celle-ci s'établit à 105,3 millions d'euros en 2020, une augmentation de 2,36 millions d'euros (+2,25 %) par rapport à 2019. Une hausse qui s'explique pour 1,7 million d'euros par l'intégration des dépenses des gendarmes et policiers affectés à la sécurité de la présidence de la République, jusque-là rattachées au budget du ministère de l'Intérieur.
Sans cette réaffectation, la hausse du budget est de 628 000 euros d'après la rapporteure spéciale Patricia Lemoine (Agir). "Un certain nombre de dépenses sont liées à des investissements en termes de télécommunication, de sécurité et de numérique", a ajouté le ministre chargé des Relations avec le Parlement Marc Fesneau.
L'opposition de droite comme de gauche a critiqué l'augmentation du budget. Maxime Minot (LR) a accusé la présidence de puiser chaque année dans sa trésorerie pour financer ses dépenses :"Depuis quatre ans, l'Élysée a puisé plus de 14 millions d'euros dans l'indifférence la plus totale", regrette-t-il.
Christine Pires Beaune (PS) a quant à elle fustigé la "grande vie du premier des Français" tout en soulignant l'écart entre le budget élyséen sous François Hollande (101,7 millions €) et celui prévu en 2020 sous Emmanuel Macron, qui atteindra au total 110,5 millions d'euros toutes recettes confondues (voir document ci-dessous).
Un écart de 8,8 millions d'euros qui fait grincer des dents au sein du pouvoir législatif, alors que depuis 2012 l'Assemblée nationale (517,9 millions €) et le Sénat (323,58 millions €) doivent en effet composer avec un budget gelé. À tel point que les deux chambres doivent elles aussi largement puiser dans leurs réserves pour boucler leurs budgets.
Pour le Sénat, ce "prélèvement sur disponibilités" est estimé à 24,98 millions d'euros en 2020. Pour l'Assemblée, le montant n'est pas précisé, mais représentait 46,9 millions d'euros dans le budget 2019.
Après la "piscine hors-sol" réalisée en 2018 au Fort de Brégançon pour un montant de 34 000 euros, Emmanuelle Ménard (non inscrite, rattachée RN) a pointé le contenu d'une autre ligne budgétaire prévue pour l'année prochaine.
Celle-ci prévoit "l'aménagement de la cuisine professionnelle et d'une salle de bain" dans la résidence officielle du chef de l'État. Montant de l'opération ? 150 000 euros. "Si la cuisine professionnelle peut éventuellement se comprendre, (...) combien coûtera la nouvelle salle de bain ? Cet aménagement est-il absolument nécessaire ?", a interrogé la députée de l'Hérault.
"Brégançon est destiné à accueillir des chefs d'État qui doivent être accueillis dans des conditions acceptables, a justifié Patricia Lemoine. On ne peut pas prendre de risque en matière de cuisine, c'est important qu'elle réponde aux normes sanitaires. Quant à refaire la salle de bain, (...) il est important que l'accueil se fasse dans de bonnes conditions."
Source : annexe au projet de loi de finances 2020 de la mission budgétaire "Pouvoirs publics"