Rapport du Sénat sur le dérapage budgétaire : Bruno Le Maire dénonce "un réquisitoire d’opposants politiques truffé de mensonges"

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Bruno Le Maire
Le ministre démissionnaire de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, illustration - AFP
par Soizic BONVARLET, le Mardi 19 novembre 2024 à 20:05, mis à jour le Mardi 19 novembre 2024 à 22:03

Alors que la mission d’information du Sénat sur "la dégradation des finances publiques" a présenté son rapport, ce mardi 19 novembre, épinglant les gouvernements qui ont précédé celui de Michel Barnier pour leur "irresponsabilité budgétaire assumée", l'ex-ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a dénoncé dans l'après-midi "un réquisitoire d’opposants politiques truffé de mensonges, d'approximations et d'affirmations spécieuses".

Elisabeth Borne, Gabriel Attal, Bruno Le Maire... Ces dernières semaines, au cours d'auditions âpres et retentissantes, la mission d’information du Sénat sur "la dégradation des finances publiques" a notamment entendu l'ancienne Première ministre et son successeur à Matignon, ainsi que le ministre de l'Economie et des Finances qui est resté en fonction de 2017 à 2024. À l'issue de ses travaux, la mission a rendu public, ce mardi 19 novembre, un rapport au vitriol sur la gestion des finances publiques de ces dernières années. S'attirant dans l'après-midi les foudres des principaux auditionnés qui ont fait bloc pour fustiger le contenu du rapport.

Le précédent gouvernement taxé "d'irresponsabilité" et "d'attentisme"

Selon les termes du rapport consulté par Public Sénat, "le gouvernement connaissait l’état critique des finances publiques dès décembre 2023". Le document stipule également qu'"à partir du 30 octobre 2023, les notes produites par la direction générale des finances publiques concernant les prévisions de recettes des grands impôts vont toutes dans le même sens : celui d’un fort risque de dégradation par rapport à la prévision".

Et d'accuser les ministres d'avoir été alertés sur cet amoindrissement des recettes, sans qu'"aucune mesure d’ajustement n’a[it] été prise en décembre 2023", alors qu’il était encore temps de modifier les arbitrages sur le projet de loi de finances pour 2024. Le Parlement n’avait donc de ce fait pas été informé du risque de dérapage.

Le rapport pointe également l'absence de projet de loi de finances rectificative (PLFR) pour 2024, et la dissolution de l'Assemblée nationale, preuve que "le président de la République a choisi de repousser à plus tard les difficultés budgétaires auxquels l’État était confronté".

Une contre-attaque Borne-Attal-Le Maire pour dénoncer les "mensonges" du rapport

"En réalité, ce n’est pas un rapport, c’est un réquisitoire d’opposants politiques", a réagi l'ancien ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, visant notamment le rapporteur général de la commission des finances du Sénat, Jean-François Husson (LR) et son président Claude Raynal (PS). "Je n’ai cessé de me battre pour le rétablissement des finances publiques pendant sept ans", a-t-il martelé lors d'un point de presse en audioconférence tenu conjointement avec Elisabeth Borne, Gabriel Attal et l'ex-ministre du Budget et des Comptes publics, Thomas Cazenave

"Nous n’avons pas de leçons à recevoir ni sur notre anticipation, ni sur notre capacité à mener des réformes structurelles pour contenir notre déficit public" a, quant à elle, rétorqué Elisabeth Borne. Et l'ancienne cheffe du gouvernement de dénoncer "des attaques indignes qui reposent sur des allégations qui sont irréalistes ou mensongères".

Son successeur à la tête du gouvernement, Gabriel Attal, a pour sa part fait valoir qu'avant son départ de Matignon, il avait notamment préconisé "deux fois plus d’annulations de crédits" que les arbitrages finalement rendus par Michel Barnier. Estimant ainsi que passer d'un déficit "contenu à 5,5%, à un déficit de l'ordre de 6,1%, était loin d’être une fatalité". Façon de renvoyer, au moins en partie, la responsabilité du dérapage final aux choix faits depuis sa nomination par l'actuel locataire de Matignon. L'entourage d'un ex-ministre estimant même qu'"il n’y a pas la volonté vraiment d’aller vers la réduction de la dépense" depuis la nomination de Michel Barnier. 

Ce n'est pas un rapport, c'est un réquisitoire d’opposants politiques truffé de mensonges, d'approximations et d'affirmations spécieuses. Bruno Le Maire (ex-ministre de l'Economie et des Finances)

Défendant son bilan et celui des gouvernements auxquels il a participé depuis 2017, Bruno Le Maire a, en outre, évoqué "les mesures structurelles auxquelles se sont constamment opposées les oppositions" et la dernière réforme de l'assurance chômage écartée par le nouveau locataire de Matignon. Il a également rappelé sa détermination à sortir du bouclier tarifaire en dépit de l'impopularité à laquelle il s'est heurté à ce sujet. 

"Nous avons collectivement anticipé, réagi vite et réagi fort", a martelé l'ancien patron de Bercy en réponse à l'accusation d'attentisme portée par le rapport sénatorial. En conclusion, l'ex-ministre de l'Economie et des Finances a formulé le vœu que "la commission des finances de l’Assemblée nationale [aboutisse] à des conclusions plus intéressantes". Récemment constituée en commission d'enquête pour se pencher, elle aussi, sur la situation des comptes publics, elle commencera ses travaux le 2 décembre. Une audition de Bruno Le Maire étant notamment prévue le 12 décembre.