Malgré la désapprobation des dirigeants de sa famille politique, le député Les Républicains Aurélien Pradié a rencontré le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, mercredi 8 mars, à l'Assemblée nationale. Une rencontre qui illustre les divergences persistantes au sein du groupe LR, alors que le gouvernement compte sur le soutien de la droite pour faire voter la réforme des retraites.
Aurélien Pradié persiste : "Nous ne voulons pas d'une réforme qui pénalise les travailleurs." Le député Les Républicains a pris la parole ce mercredi, à la mi-journée, à l'issue d'une rencontre qui a selon lui réuni "une quinzaine" de députés LR et le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.
"Nous sommes favorables à une réforme, mais pas à n'importe quelle réforme", a expliqué l'élu du Lot, qui intervenait devant la presse accompagné de quelques-uns de ses collègues comme Pierre-Henri Dumont, Stéphane Viry ou encore Ian Boucard.
Aurélien Pradié a été démis de ses fonctions de numéro deux des Républicains à la mi-février : le président du parti Eric Ciotti lui reprochait ses "prises de position répétées" à l'encontre du projet de réforme des retraites du gouvernement, dont la philosophie est soutenue par LR. Mercredi, l'élu du Lot a une nouvelle fois fait entendre sa différence : "Ce que nous partageons avec Laurent Berger, c'est le fait que la durée de cotisation pour nous est plus importante que la question de l'âge légal."
La rencontre entre ces députés Les Républicains et le leader de la CFDT avait été critiquée la veille par le président du groupe LR à l'Assemblée nationale, Olivier Marleix : "On ne peut pas avoir l'air de soutenir des gens qui veulent bloquer le pays", avait-il dénoncé, jugeant l'initiative "assez regrettable".
"C'est une initiative personnelle, comme souvent, qui n'est pas partagée par le groupe, ni par le parti", avait pour sa part déclaré le président des Républicains Eric Ciotti, interrogé par LCI.
Interpellé sur le fait que cette rencontre est susceptible d'"énerver sa famille politique", Aurélien Pradié a répondu que "cela n'énerve pas les Français, ce qui est l'essentiel". "On n'est pas des députés dociles et soumis aux ordres des uns et des autres", a mis en garde le député du Lot.
L'apport des voix des députés LR - qui sont au nombre de 61 - sera nécessaire à l'adoption de la réforme des retraites en cas de vote à l'Assemblée nationale. La position d'Aurélien Pradié et de ses collègues "frondeurs" est donc scrutée de près puisqu'elle peut faire basculer le scrutin. "On voit bien qu'on est dans une impasse démocratique", a réagi Stéphane Viry (Les Républicains), expliquant que le groupe mené par Aurélien Pradié "n'a pas l'idée d'être embarqué sur le navire voulu par le gouvernement".
Aurélien Pradié met la pression sur l'exécutif : "Nous lançons un appel au gouvernement en disant à Elisabeth Borne qu'il est absolument urgent et impératif que d'ici la fin de la semaine elle puisse recevoir les représentants syndicaux", a indiqué le député, mettant en garde contre "la fracturation du pays". "Le risque aujourd'hui, c'est le blocage du pays", a encore affirmé Aurélien Pradié, qui "appelle au dialogue".
L'élu a par ailleurs proposé de "réunir à l'Assemblée nationale au mois de mai une conférence sur le travail et sur l'emploi qui rassemblera des partenaires sociaux, des représentants des entreprises, des salariés, des sociologues".
Lui aussi interrogé à l'issue de la rencontre, Laurent Berger a interpellé les parlementaires au lendemain de "la plus grande mobilisation (...) depuis le début des années 1980-1990" : "Je leur dis aussi, en tout respect qui est le mien envers leur fonction et leur mission, regardez bien ce qui se passe dans vos circonscriptions."
Actuellement étudiée au Sénat jusqu'au dimanche 12 mars, la réforme des retraites fera l'objet d'une commission mixte paritaire avant un retour prévu à l'Assemblée nationale le jeudi 16 mars.