Dans un message posté sur les réseaux sociaux, le leader des Insoumis a critiqué la stratégie des députés communistes, qui ont décidé d'accélérer le rythme des débats. Une différence - voire une divergence - de stratégie au sein de la Nupes aussitôt exploitée par la majorité et le gouvernement.
C'est un tweet qui expose au grand jour les différences de stratégie au sein de la Nupes. Jeudi 16 février après-midi, Jean-Luc Mélenchon a critiqué, sur les réseaux sociaux, les députés communistes qui ont décidé de retirer une partie de leurs amendements sur le projet de réforme des retraites.
Comme les socialistes et les écologistes, les élus communistes ont en effet décidé d'accélérer le rythme des débats, afin d'avoir une chance de voter sur l'article phare du texte, l'article 7, qui repousse l'âge légal de départ à la retraite. Une décision critiquée par l'ancien candidat à l'élection présidentielle : "Incompréhensible retrait des amendements du PCF. Pourquoi se précipiter à l'article 7 ? Le reste de la loi ne compte pas ? Hâte de se faire battre ?", a écrit Jean-Luc Mélenchon sur Twitter.
Ce message a aussitôt été cité en plein hémicycle par le député Renaissance Sylvain Maillard, qui y voit un aveu : "Il est en train de dire très clairement 'C'est la Nupes, c'est LFI qui fait le blocage'."
L'élu a sollicité une suspension de séance lors de laquelle la présidente de son groupe, Aurore Bergé, a pris la parole devant la presse : "Jean-Luc Mélenchon vient d'accuser ses propres partenaires de faire le jeu de la démocratie puisque maintenant [selon lui] c'est un problème de retirer des amendements pour qu'on puisse passer au vote."
Le gouvernement s'est lui aussi engouffré dans la brèche : "Contrairement à ce qui se passait ce matin où vous disiez que vous vouliez accélérer (...) on voit qu'il y a une bascule, cette bascule on voit que c'est le tweet de Jean-Luc Mélenchon", a déclaré Gabriel Attal. Le ministre des Comptes publics a commenté le tweet du leader des Insoumis : "Ca veut dire quoi ? Ca veut dire qu'on sait qu'on est minoritaires, qu'on sait qu'on n'a pas de majorité pour mettre en échec le gouvernement."
La stratégie de La France insoumise a également été critiquée par la présidente du groupe Rassemblement national, Marine Le Pen : "LFI veut empêcher le vote qui permettrait de rejeter la réforme des retraites pour son petit confort politicien. C’est maintenant public et assumé. Les Français apprécieront ces basses manœuvres !"
Le député et coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, a répondu à la majorité : "Monsieur le ministre, ce serait bien que vous cessiez vos diversions qui visent à nous empêcher de débattre des différents amendements que nous avons déposé".
"Si vous avez vraiment l'intention de faire en sorte que l'ensemble des articles soient débattus, il y a une solution extrêmement simple, prolongez les débats", a encore affirmé Manuel Bompard. Plusieurs députés de LFI ont demandé au gouvernement, tout au long de l'après-midi, la prolongation des débats au-delà de vendredi soir.
Le député communiste Sébastien Jumel a lui aussi réagi : "Lorsque le groupe communiste prend une décision, il le fait après avoir réfléchi, en pleine souveraineté et avec comme seule boussole être utile aux gens, être utile au mouvement social." Et d'ajouter que, selon lui, c'était la majorité - et non pas la Nupes - qui avait "une peur féroce" du débat sur l'article 7. "Oui, allons vite à l'article 7", a également écrit sur Twitter le secrétaire national du PCF Fabien Roussel.
Les députés socialistes, eux aussi, souhaitent accélérer le rythme des débats : ils ont retiré "100%" de leurs amendements avant l'article 7, a expliqué Guillaume Garot sur Twitter. "Nous souhaitons juste pouvoir débattre et voter contre le report à 64 ans", écrit l'élu. "Nous souhaitons aller à la discussion sur l'article 7, nous souhaitons également aller à la discussion et au vote sur la première partie de cette loi", a quant à lui déclaré devant les journalistes le président du groupe "Socialistes", Boris Vallaud.
Je ne commente pas la stratégie des uns et des autres. Boris Vallaud
Julien Bayou (Ecologiste) a également mis en cause la stratégie des députés LFI, accusés de vouloir ralentir les débats : "J'espère que ce n'est pas ça la stratégie, parce que la seule manière d'être utile au mouvement social (...) c'est d'aller à l'article 7."