"L'Assemblée nationale n'est pas un théâtre où l'on organise des mises en scène", a écrit Yaël Braun-Pivet, ce mercredi 12 février, sur X (ex-Twitter). Un message doublé d'un courrier dans lequel la présidente de l'Assemblée nationale rappelle à l'ordre la journaliste Elise Lucet, qui a fait passer des tests de dépistage de drogues à des députés au sein du Palais-Bourbon pour l'émission Envoyé Spécial.
Signé par Yaël Braun-Pivet, le courrier a été adressé à Elise Lucet, mercredi 12 février. "J'ai pris connaissance avec étonnement de ces images où vous apparaissez seule, avec des accessoires en mains, présentés comme des tests salivaires permettant de dépister la prise de produits stupéfiants", écrit la présidente de l'Assemblée nationale. Elle "déplore" que la journaliste vedette d'Envoyé Spécial ait "sciemment méconnu les règles que doivent respecter les journalistes accrédités" dans les salles des Pas-Perdus et des Quatre-Colonnes du Palais-Bourbon.
Sur X, partageant la lettre, Yaël Braun-Pivet a insisté : "L'Assemblée nationale n'est pas un théâtre où l'on organise des mises en scène."
L'objet du courroux ? La veille à l'Assemblée, Elise Lucet a fait passer des tests salivaires à plusieurs députés dans les salles où la presse interroge les élus. Une vidéo de la journaliste a été tournée, puis diffusée sur le compte X de l'émission Envoyé Spécial. "Il suffit d'humidifier cette languette avec la salive, et 10 minutes après on sait si vous avez pris du cannabis, de la cocaïne, de l'héroïne, des amphétamines ou encore des ecstasys", explique à l'image Elise Lucet.
Dans sa vidéo, la journaliste fait référence à une proposition du maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, qui a récemment appelé à tester élus et ministres, mais de façon anonyme.
Plusieurs députés se sont offusqués des images publiées. La vice-présidente de l'Assemblée, Naïma Moutchou (Horizons), a qualifié la pratique d'"inacceptable" et réclamé dans un courrier à Yaël Braun-Pivet d'"intervenir avec fermeté". Au micro de LCP, la députée, qui se dit "très en colère", a jugé "inadmissible" qu'Elise Lucet "confonde le fait de révéler des scandales, le cas échéant, avec le fait de scénariser des coupables". "On est à l'Assemblée nationale ici, ce n'est pas la télé-réalité, ce n'est pas le spectacle, il y a des règles", poursuit la députée.
"Qu'Elise Lucet aille se faire voir... Pour qui se prend-elle ? Juge ? Médecin ? Flic ? Curé ?", a pour sa part réagi sur X Sébastien Chenu (Rassemblement national), quand son collègue Matthias Renault se dit prêt à passer un tel test, à "une seule condition", "que le test soit fait dans les locaux de France Télévisions, avec un test simultané effectué par sa présidente".
Et c'est le service public de la télévision qui se livre à cette mascarade ? François de Rugy
Parmi les autres réactions, celle de Stéphane Vojetta (apparenté Ensemble pour la République) qui "attend avec impatience l'épisode où Elise Lucet ira faire passer des tests antidrogues dans les rédactions des médias publics et/ou subventionnés". Ou celle d'Eric Bothorel (Ensemble pour la République) qui renomme l'émission Envoyé Spécial en "Poubelle la vie".
La mise en scène d'Elise Lucet a fait réagir jusqu'à François de Rugy, l'ancien président de l'Assemblée nationale (2017-2018), qui parle de "mascarade" et interroge : "Lorsqu’elle a demandé une accréditation pour filmer à l’Assemblée, a-t-elle mentionné ces tests ?" Ou encore : "Que dirait-on si Cyril Hanouna ou CNews faisaient le même 'reportage' ?"