Antoine Léaument (LFI) souhaite créer une commission d'enquête sur le projet Périclès de Pierre-Édouard Stérin

Actualité
par Maxence Kagni, le Vendredi 6 juin 2025 à 14:15, mis à jour le Vendredi 6 juin 2025 à 14:35

Le député Antoine Léaument (La France insoumise), rapporteur de la commission d'enquête sur "l’organisation des élections en France", veut continuer ses investigations sur les "tentatives d'ingérences financières dans les élections". Le président de la commission, Thomas Cazenave (Ensemble pour la République), appelle pour sa part à "poursuivre" les travaux entamés, "dans une forme qui reste à définir".

L'Assemblée nationale va-t-elle créer une commission d'enquête parlementaire spécialement consacrée au "projet Périclès" du milliardaire Pierre-Edouard Stérin ? C'est en tout cas ce que souhaite le député de La France insoumise Antoine Léaument. L'élu, qui était le rapporteur de la commission d'enquête sur "l’organisation des élections en France", a dévoilé vendredi ses 115 recommandations.

Parmi elles, la création d'une nouvelle commission d'enquête parlementaire sur les "tentatives d'ingérences financières dans les élections, en s'intéressant particulièrement aux liens avec les formations politiques". Objectif : se pencher spécifiquement sur le cas de l'homme d'affaires conservateur Pierre-Edouard Stérin, qui a refusé à trois reprises de répondre aux convocations de la commission d'enquête sur "l’organisation des élections en France", dont les travaux viennent de prendre fin.

Avec le président de la commission, Thomas Cazenave (Ensemble pour la République), Antoine Léaument (LFI) avait d'ailleurs décidé de saisir le procureur de la République de Paris puisque toute personne qui refuse de répondre à la convocation d'une commission d'enquête est passible de deux ans d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende.

"Le budget d'une campagne présidentielle tous les ans"

L'existence du projet Périclès de Pierre-Edouard Stérin avait été révélée en juillet 2024 par le journal L'Humanité, qui accuse cette "société d'intelligence politique" d'avoir pour but de "promouvoir des 'valeurs clés' de l'extrême droite". Le milliardaire "dit vouloir dépenser 150 millions d'euros sur 10 ans, 15 millions d'euros par an, c'est-à-dire l'équivalent du budget d'une campagne présidentielle tous les ans", a indiqué ce vendredi 6 juin Antoine Léaument, lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale.

Le député LFI juge donc nécessaire d'interroger ces "tentatives d'ingérences financières", notamment en "s’intéressant particulièrement aux effets de ces tentatives sur la qualité du débat démocratique, aux activités impliquées, aux modes de financements de ces activités et aux liens avec les formations politiques".

En l’absence d’un statut adapté à ces entités dites 'métapolitiques', leur action échappe largement aux exigences de transparence et de pluralisme qui fondent la légitimité du débat électoral. Extrait du rapport d'Antoine Léaument

Thomas Cazenave veut "poursuivre les travaux"

Si l'ensemble des propositions formulées par Antoine Léaument (LFI) n'ont pas été soutenues par tous les membres de la commission d'enquête sur "l’organisation des élections en France", la volonté de créer une nouvelle commission sur le projet Périclès ne fait pas l'objet d'une opposition de principe de la part de Thomas Cazenave (EPR).

Lors d'une conférence de presse organisée mercredi en visioconférence, le député du parti présidentiel a expliqué que certaines "menaces" pesaient sur la bonne tenue des élections en France, ciblant les ingérences étrangères, mais aussi les "initiatives para-politiques", comme le projet Périclès. Thomas Cazenave estime d'ailleurs que le refus de Pierre-Edouard Stérin d'être auditionné a empêché les parlementaires d'"aller jusqu'au bout de [leurs] investigations".

"Il est important de continuer à se saisir de ce sujet-là", a considéré le député de Gironde, qui aimerait notamment vérifier si les actions de la structure initiée par Pierre-Edouard Stérin sont "conformes aux droit et réglementation en vigueur". Faut-il pour autant créer une commission d'enquête ? "Je suis favorable à ce que ces travaux qui n'ont pas pu aboutir puissent être poursuivis, dans une forme qui reste à définir", a déclaré à ce stade Thomas Cazenave à LCP.