L'homme d'affaires Pierre-Edouard Stérin sèche encore la convocation d'une commission d'enquête, qui va saisir la justice

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Siège vide Stérin LCP 20/05/2025
Pierre-Edouard Stérin a refusé de répondre, une nouvelle fois, à la convocation d'une commission d'enquête parlementaire (© LCP)
par Raphaël Marchal, le Mardi 20 mai 2025 à 12:50, mis à jour le Mardi 20 mai 2025 à 12:55

Pour la troisième fois depuis la mi-avril, le milliardaire conservateur Pierre-Edouard Stérin ne s'est pas rendu, ce mardi 20 mai, à la convocation qui lui avait adressée par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur "l'organisation des élections en France". Le président de la commission d'enquête, Thomas Cazenave (EPR), a annoncé qu'il allait saisir la justice. 

Jamais deux sans trois. Pour la troisième fois, le milliardaire Pierre-Edouard Stérin a refusé de répondre à la convocation de la commission d'enquête parlementaire sur "l'organisation des élections en France". Le co-fondateur du groupe Smartbox était attendu, ce mardi 20 mai à 11 heures, pour évoquer plus en détails le rôle politique de Périclès, sa "société d'intelligence politique" destinée à promouvoir des idées conservatrices en France.

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Comme il y a six jours, l'entrepreneur a justifié de menaces pesant sur sa sécurité pour demander que l'audition se fasse en visioconférence. "La commission a pris ces alertes au sérieux", témoignent le président de l'instance, Thomas Cazenave (Ensemble pour la République), et le rapporteur, Antoine Léaument (La France insoumise), dans un communiqué publié lundi 19 mai au soir. Selon les deux élus, les services du ministère de l'Intérieur, contactés, ont indiqué qu'ils pouvaient assurer la sécurité du milliardaire aux abords de l'Assemblée nationale. "Monsieur Stérin a été informé dès le samedi 18 mai de ces garanties", ont-ils indiqué, jugeant que les conditions étaient dès lors réunies pour permettre sa présence physique et la tenue de l'audition.

Interviewé sur CNews, ce mardi 20 mai, quelques dizaines de minutes avant l'heure prévue de son audition, Pierre-Edouard Stérin a affirmé avoir reçu des "dizaines de menaces de mort". "Des amis, probablement, des personnes qui me convoquent", a-t-il lancé. L'homme d'affaire déclaré avoir déposé "24 plaintes" contre ces menaces de mort. Il a, par ailleurs, argué que résidant en Belgique, il ne se rendait que "trois jours tous les deux mois" en France.

Pierre-Edouard Stérin a également considéré que la décision des élus de privilégier une convocation en présentiel s'expliquait par leur volonté de "faire les marioles devant les caméras". "Les politiques, ils ont besoin de n'importe quel prétexte pour que leur nom soit mis en avant. Ils m'attendent avec des dizaines de journalistes pour faire les imbéciles devant les caméras."

"M. Stérin se place au-dessus des lois de la République"

Face à la teneur de ces propos et à la nouvelle absence du milliardaire conservateur, les deux députés ont décidé de durcir le ton. Thomas Cazenave (EPR) a annoncé qu'il allait signaler dans l'après-midi les faits au procureur de la République de Paris. Pour rappel, selon une ordonnance du 17 novembre 1958, toute personne qui refuse de répondre à la convocation d'une commission d'enquête est passible de deux ans d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende.

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"Rien ne justifie que Monsieur Stérin se place au-dessus des lois de la République, rien ne justifie qu'il méprise l'Assemblée nationale et ses représentants", a déclaré le président de la commission d'enquête. "Quand on porte un projet politique, on ne refuse pas de venir au cœur même de la vie politique française."

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Le rapporteur de l'instance, Antoine Léaument (LFI) a, pour sa part, jugé que Pierre-Edouard Stérin cherchait à "jouer la montre" pour tenter de se "dérober à ses obligations". "Il sait que cette commission d'enquête [sur les élections] est bornée dans le temps", a souligné le député insoumis. En effet, une commission d'enquête ne peut excéder une durée de 6 mois à compter de la date de sa création. La commission d'enquête sur l'organisation des élections en France devra impérativement conclure ses travaux d'ici au 6 juin.