Budget 2026 : Quelles sont les principales mesures prévues avant les débats au Parlement ?

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Ministère de l’Économie et des Finances, Illustration - AFP
par Adèle DaumasAnne-Charlotte Dusseaulx, le Mardi 14 octobre 2025 à 14:31, mis à jour le Mardi 14 octobre 2025 à 14:35

Le projet de loi de finances de l'Etat et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale ont été présentés ce mardi 14 octobre en Conseil des ministres. Suppression de 3 000 postes de fonctionnaires, gel des pensions de retraites, contribution des plus riches... Voici les principales mesures prévues par le gouvernement avant l'examen des textes budgétaires au Parlement. 

"Il ne sera pas parfait, il y aura beaucoup à débattre", avait déclaré sur France 2 Sébastien Lecornu, alors Premier ministre démissionnaire, à propos des projets de loi de finances de l'Etat (PLF) et de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). 

La copie présentée ce matin en Conseil des ministres est identique à celle envoyée pour avis avant sa démission au Haut conseil des finances publiques (HCFP), elle-même très proche de celle de son prédécesseur François Bayrou. Le texte prévoit un effort de 30 milliards d'euros en 2026, grâce à 17 milliards d'économies - piochées notamment dans les dépenses de l'Etat - et 14 milliards de recettes nouvelles.

PLF : des dépenses en baisse, les plus aisés et les entreprises mis à contribution

Hors charge de la dette et augmentation de 6,7 milliards d'euros du budget de la défense, les dépenses de l'Etat devraient diminuer en 2026. Les recettes, quant à elles, reposeraient "sur un effort supplémentaire des contribuables disposant des moyens les plus importants", à hauteur de 6,5 milliards d'euros. Voici le détail des principales mesures : 

  • L'instauration d'une taxe sur les holdings patrimoniales, parfois utilisées pour contourner l'impôt : "Inspirée de taxes voisines en place dans plusieurs autres pays, comme les États-Unis et l’Irlande, cette taxe vise à faire échec aux stratégies de contournement de l’impôt par la thésaurisation de revenus non distribués dans des sociétés, ces revenus échappant ainsi à l’impôt", précise le document.
  • La prolongation d'un an de la surtaxe sur le bénéfice des grandes entreprises (instaurée en 2025), tout en la réduisant de moitié. Cette contribution concerne les 400 plus grandes entreprises qui réalisent un chiffre d'affaires d'au moins 1 milliard d'euros en France. Elle devrait permettre de générer 4 milliards d'euros de recettes en 2026 - moitié moins qu'en 2025.
  • La prolongation d'un an de la contribution différentielle sur les plus hauts revenus (CDHR, instaurée elle aussi en 2025), qui fixe un taux minimal d’imposition de 20% pour ces foyers (à partir de 250 000 euros de revenus pour un célibataire, 500 000 euros pour un ménage).
  • La suppression de 3 119 postes de fonctionnaires qui ne seront pas remplacés, notamment au sein des opérateurs de l'Etat (1 735 emplois publics sont concernés parmi les 434 opérateurs et agences de l'Etat).
  • La suppression de 23 niches fiscales (sur les 474 existantes) jugées "obsolètes ou inefficaces", comme l'exemption d'impôt sur les indemnités journalières pour affection longue durée ou la réduction d'impôt pour frais de scolarité dans le secondaire et le supérieur.
  • Le doublement du plafond des dons aux associations (qui donne droit à 75% de réduction d'impôt), qui passera de 1 000 à 2 000 euros. 
  • La taxation des petits colis issus de pays hors Union européenne, qui devrait générer 500 millions d'euros de recettes.
  • L'accélération de la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE, un impôt de production), qui sera diminuée à partir de 2026 et supprimée en 2028, deux ans avant la date initialement prévue. 
  • Le "recentrage des aides de l'Etat aux entreprises",  qui passera par une baisse des exonérations de cotisations sociales ainsi qu'un "effort demandé aux sociétés de l'audiovisuel public".
  • La concentration des aides MaPrimeRénov' sur les logements prioritaires pour les rénovations d'ampleur.

PLFSS : le déficit de la Sécu passerait de 23 milliards d'euros en 2025 à 17,5 milliards en 2026

Du côté du PLFSS, le projet de budget entend réduire le déficit de la Sécu à 17,5 milliards d'euros en 2026, après 23 milliards d'euros en 2025. En ligne de mire : 7,1 milliards d'euros d'économies dans le domaine de la santé et le gel des pensions de retraites. Voici le détail des principales mesures :

  • Le ralentissement de la progression des dépenses de l'Assurance maladie à 1,6%, pour arriver à 270,4 milliards d'euros - un taux largement inférieur à l'augmentation naturelle des dépenses.
  • Le "gel de l'ensemble des retraites de base" en 2026 ainsi qu'un gel des prestations sociales comme des allocations familiales.
  • La sous-indexation des pensions de 0,4 point par rapport à l'inflation, à partir de 2027.
  • Le remplacement de l'abattement de 10% sur les retraites par un abattement forfaitaire de 2000 euros dans l'objectif "d’améliorer la situation des couples de retraités les plus modestes" en mettant davantage à contribution les autres retraités.

Après leur présentation en Conseil des ministres, les deux textes budgétaires vont commencer leur parcours au Parlement dans les prochains jours. L'Assemblée nationale et le Sénat disposeront de 70 jours pour examiner le PLF, et de 50 jours pour le PLFSS, afin de permettre leur entrée en vigueur dès le 1er janvier 2026. Une éventuelle censure du gouvernement dans les prochains jours, ou les prochaines semaines, entraînerait vraisemblablement la mise en œuvre de procédures spéciales pour que la France puisse continuer à fonctionner même sans budgets adoptés en bonne et due forme.