"Il y a une majorité absolue à l'Assemblée nationale qui refuse la dissolution", déclare Sébastien Lecornu

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Sébastien Lecornu sur France 2, le 8 octobre 2025.
Sébastien Lecornu sur France 2, le 8 octobre 2025.
par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Mercredi 8 octobre 2025 à 21:44, mis à jour le Mercredi 8 octobre 2025 à 22:00

Invité de France 2 ce mercredi 8 octobre au soir, le Premier ministre démissionnaire, Sébastien Lecornu, a indiqué que la situation politique permettait, selon lui, à Emmanuel Macron "de nommer un Premier ministre dans les prochaines 48 heures". S'il n'a rien annoncé sur la réforme des retraites, il a déclaré qu'il "faudra trouver un chemin pour que le débat ait lieu". 

Sébastien Lecornu est venu sur le plateau du 20 heures de France 2, ce mercredi 8 octobre, pour rendre compte des "ultimes consultations" que le président de la République lui avait demandées de mener lundi. Le Premier ministre démissionnaire, qui a répété à plusieurs reprises n'être là que pour expédier les affaires courantes, a déclaré qu'un "chemin" de sortie de crise était "possible encore", même s'il "est difficile". "Il y a une majorité absolue à l'Assemblée nationale qui refuse une nouvelle dissolution", beaucoup pensant qu'elle amènerait "au même résultat", à savoir une tripartition de l'hémicycle, et à "un blocage qui pourrait être définitif", a-t-il assuré.

"On a une Assemblée fragmentée avec des possibilités de compromis", a poursuivi Sébastien Lecornu, qui est revenu sur les messages passés à Emmanuel Macron avec lequel il s'est entretenu pendant plus d'une heure à l'Elysée, en fin de journée. "Je lui ai dit que les perspectives de dissolution s'éloignaient" et que la situation permettait "de nommer un Premier ministre dans les prochaines 48 heures".

Ce pourrait-il que ce soit lui ? "Je ne cours pas après le job. (...) J'ai un côté moine-soldat. Ce soir, je considère que ma mission est terminée", a répondu le sortant, l'excluant une nouvelle fois en fin d'entretien. 

La présidentielle de 2027 est "l'éléphant dans la pièce"

Interrogée sur l'éventualité qu'une personnalité de gauche soit nommée à Matignon, Sébastien Lecornu a renvoyé la balle dans le camp d'Emmanuel Macron : "Cela appartient au seul chef de l'Etat." Un Premier ministre dit technique ? "C'est le Président qui nomme."

Pour autant, au bout de ces trois semaines de consultations, et au vu des difficultés rencontrées, l'éphémère Premier ministre a affirmé avoir "l'intime conviction que l'équipe (gouvernementale) qui devra prendre les responsabilités dans les temps à venir" devra être "complètement déconnectée des ambitions présidentielles" pour 2027. Ce scrutin est "l'éléphant dans la pièce", estime Sébastien Lecornu, qui s'est "permis de faire ce retour d'expérience" à Emmanuel Macron. 

Sur les retraites, "il faudra trouver un chemin pour que le débat ait lieu"

Forcément, Sébastien Lecornu est également revenu sur l'éventualité d'une suspension de la réforme des retraites, au cœur des discussions politiques du jour, alors qu'Elisabeth Borne s'y est dite "favorable" dans Le Parisien. "Je ne suis pas là pour faire des annonces sur les retraites", a déclaré le Premier ministre démissionnaire, reconnaissant qu'il "s'est installé l'idée dans le pays qu'il n'y a pas eu de vote" sur la réforme des retraites, "ce qui n'est pas complètement vrai". "Il faut être sourd pour ne pas entendre des Français dire qu'il y a une blessure démocratique", a-t-il poursuivi, ajoutant sans rien annoncer de concret : "Il faudra trouver un chemin pour que le débat ait lieu sur la réforme des retraites."

"Entre suspendre, (...) et dire 'circulez, il n'y a rien à voir', (...) vous aurez du mal à siffler 'circulez, il n'y a rien à voir'", a estimé Sébastien Lecornu, renvoyant le sujet au prochain gouvernement. "Même si mon successeur n'organise pas de débat, il s'invitera à la présidentielle de 2027", a-t-il déclaré, estimant que le coût d'une éventuelle suspension de la réforme des retraites à "pas moins de trois milliards d'euros" en 2027, "une somme considérable".

Il y aura bien un projet de budget lundi

Le Premier ministre démissionnaire a aussi indiqué qu'un projet de budget serait déposé lundi 13 octobre, dernier jour pour que le délai d'examen de 70 jours au Parlement, prévu par la Constitution, soir respecté. Le texte ne sera "pas parfait", "il y aura beaucoup à débattre", a d'ores et déjà prévenu Sébastien Lecornu. "Il faut que la crise politique se dénoue, qu'un gouvernement soit nommé, que le projet de budget soit adopté par le Cconseil des ministres et que les travaux ouvrent à l'Assemblée", a-t-il récapitulé, parlant "d'urgence" et rappelant avoir promis le non-recours à l'article 49.3, permettant ainsi que les débats, sur la fiscalité notamment, se déroulent au Parlement.

Sur France 2, Sébastien Lecornu a également dit son désaccord avec la volonté d'Edouard Philippe (Horizons) de voir se tenir une élection présidentielle anticipée. "Quand on donne un mandat, (...) si on commence, dès qu'il y a un peu de tempête, à dire 'il faut s'en aller', ça pèsera sur le futur Président", puis "demain sur les maires, sur les députés", a-t-il mis en garde. Et d'évoquer la situation internationale : "Ce n'est pas le moment de changer de Président."