Budget : les socialistes critiquent la "copie très insuffisante", voire "alarmante" de Sébastien Lecornu

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par Maxence Kagni, le Vendredi 3 octobre 2025 à 15:05, mis à jour le Vendredi 3 octobre 2025 à 16:06

Reçus ce vendredi 3 octobre à Matignon, dans le cadre des consultations menées par Sébastien Lecornu, les dirigeants du Parti socialiste ont pris acte de sa décision de ne pas faire passer le budget en utilisant le 49.3. Mais ils ont surtout dénoncé l'absence de "rupture sur le fond", menaçant de censurer le gouvernement si le Premier ministre ne marque pas une inflexion politique claire lors de la déclaration de politique générale.

"En réalité, rien ne change sur le fond." Reçu ce vendredi 3 octobre à Matignon, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a dénoncé le projet de budget préparé par Sébastien Lecornu. Le Premier ministre "nous a présenté une copie très insuffisante et à bien des égards alarmante", a-t-il déclaré, à l'issue d'une entrevue qui a duré près de deux heures.

Les socialistes déplorent qu'à ce stade le projet de loi de finances soit "très loin" de leurs propres propositions : "Il coche toutes les cases a minima", a résumé Olivier Faure. Le député PS a notamment considéré que les mesures de Sébastien Lecornu étaient pour l'heure très proches de celles présentées au cours de l'été par François Bayrou : "Rien ne change fondamentalement", a regretté Olivier Faure. 

Taxe sur le patrimoine financier

Le Premier ministre a proposé aux dirigeants du Parti socialiste de mettre en œuvre une "taxe sur le patrimoine financier". Une taxation qui rapporterait, selon Olivier Faure, "de l'ordre de 1 milliard, 1,5 milliard" d'euros. "Ce n'est pas tout à fait ce que nous présentons", a réagi le député PS, précisant que sa formation continue à "défendre la taxe Zucman".

Il a renoncé au 49.3, il n'a renoncé qu'au 49.3. Olivier Faure (premier secrétaire du PS)

Les socialistes ne se contenteront pas de la promesse de Sébastien Lecornu de ne pas recourir à l'article 49.3 de la Constitution : "Nous voulons que tous les débats soient autorisés", a-t-il martelé, déplorant "qu'au moment où nous nous parlons, nous ne pourrons pas revenir sur la réforme des retraites" du gouvernement Borne. "Ni sa suspension, ni la possibilité de son abrogation, ne font partie de ce qui a été mis sur la table par le Premier ministre", a  aussi regretté le chef de file des députés socialistes, Boris Vallaud

Les parlementaires du PS laissent toutefois au Premier ministre "le bénéfice des prochaines heures pour réfléchir", jusqu'à son discours de politique générale. Et Olivier Faure de poser ses conditions pour ne pas censurer le gouvernement Lecornu : "A lui de dire maintenant quelles sont les assurances qu'il donne, dans quelle mesure il est prêt à renoncer à toute forme de projet de loi (...) qui serait une dérive vers l'extrême droite, à lui de dire ce qu'il est prêt à faire pour que tous les sujets soient sur la table."

Les écologistes "perplexes"

Reçus à leur tour à Matignon, les écologistes ont fait part de leur "perplexité" à l'issue de leur entrevue avec le Premier ministre. "On a la sensation que rien n'est prêt", a déclaré Marine Tondelier. La secrétaire nationale des Écologistes a dénoncé une "forme de tâtonnement", de "flou" et d'"impréparation". Elle a également regretté l'absence de prise de parole forte de Sébastien Lecornu sur l'écologie : "On sort [de cette entrevue] avec aucune garantie sur rien."

"Sébastien Lecornu n'a amené aucun élément qui pourrait ne pas amener à la censure", a complété la présidente du groupe Ecologiste et Social à l'Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain. La députée a regretté que les propositions fiscales du Premier ministre soient dans la "continuité" de ses prédécesseurs : "Ils essaient de voir comment gérer un débat qu'ils ne pourront pas éviter sur la fiscalité des milliardaires."