Lors d'une réunion à laquelle il avait convié l'ensemble des forces politiques représentées au Parlement, à l'exception du RN et de LFI, Emmanuel Macron a indiqué qu'il nommera un nouveau Premier ministre "dans les 48 heures". Les partis qui ont participé à la réunion semblent, quant à eux, avancer vers l'idée d'un accord de non-censure à condition que le futur gouvernement renonce au 49.3 et accepte le principe d'un Parlement renforcé. L'entourage du Président fait savoir que celui-ci a constaté "une unanimité des forces politiques pour ne plus dépendre du Rassemblement national".
Vers un pacte de non-agression ? Rien n'est encore fait, mais l'idée semble peu à peu s'installer dans l'esprit des forces politiques qui ont été reçues à l'Elysée ce mardi 10 décembre. Tous les partis représentés au Parlement, sauf le Rassemblement national et La France insoumise, avaient été conviés par Emmanuel Macron pour définir une "méthode" en vue de la nomination d'un nouveau Premier ministre et de la composition d'un gouvernement "d'intérêt général".
Selon les participants à la réunion, le président de la République s'est engagé à nommer un Premier ministre dans les 48 heures à venir. Et il a précisé qu'une fois nommé, le futur Premier ministre discutera "du fond" avec les partis avant de former son gouvernement. Puis, une fois le gouvernement constitué et afin de laisser au Parlement le temps de travailler, le chef de l'Etat a fait état de "sa volonté de ne pas dissoudre l'Assemblée nationale" d'ici la fin de son mandat en 2027, a indiqué son entourage, sans qu'il s'agisse à ce stade d'un engagement, mais plutôt d'une préférence conditionnée à ce que l'évolution de la situation politique permette d'assurer une certaine stabilité.
"Il y a un seul cas de figure où la Droite républicaine voterait une motion de censure, c'est un gouvernement comportant des membres de La France insoumise et dont le programme serait celui du NFP", a déclaré Laurent Wauquiez, premier à s'exprimer devant les journalistes au sortir de la réunion. Et le président du groupe "Droite républicaine" à l'Assemblée nationale d'appeler de ses vœux "un accord pour ne pas faire tomber un gouvernement", tout en rejetant en bloc l'idée "d'un contrat de gouvernement avec des gens qui ne partagent pas la même vision de ce qu'il faut faire pour la France".
Concernant le 49.3, Emmanuel Macron a jugé, selon un conseiller élyséen, que si cela devait faire consensus et garantir la stabilité, cela irait "dans le bon sens", tout en précisant qu'il ne lui revenait pas de "statuer là-dessus" puisque cela serait de la responsabilité du futur Premier ministre.
Au cours de la réunion, trois "plateformes" de réflexion ont été évoquées : une première "de gouvernement", réunissant les partis qui acceptent de gouverner ensemble, une autre "législative" entre des forces politiques susceptibles de bâtir des compromis sur certains textes et de voter un budget, et une troisième de "non-censure", entre des partis assumant leurs désaccords, mais souhaitant éviter l’instabilité institutionnelle.
Au sortir de la réunion, le chef de file des députés socialistes, Boris Vallaud, a en outre évoqué "l'acquis un peu général de l'après-midi", à savoir que "personne ne veut être dans la dépendance du Rassemblement national". "Le président de la République a insisté plusieurs fois sur le fait qu'ils s'engageaient tous à ne plus s'appuyer sur le Rassemblement national pour gouverner", a indiqué la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, en référence aux composantes de l'ex-"socle commun" de Michel Barnier.
En écho, l'entourage d'Emmanuel Macron a expliqué après la réunion que le chef de l'Etat avait constaté "une unanimité des forces politiques pour ne plus dépendre du Rassemblement national". Plus généralement, "personne à ce stade n'a jeté d'oukase sur le sujet de la non-censure" ce qui ouvre des "possibilités" a assuré un conseiller du Président tirant le bilan de la journée, sans toutefois se prononcer sur la famille politique dont sera issu le prochain Premier ministre.