Alors qu'Emmanuel Macron reçoit à l’Élysée l'ensemble des partis politiques représentés au Parlement, à l'exception du RN et de LFI, ce mardi 10 décembre, la participation du Parti socialiste, des Ecologistes et du Parti communiste, aux discussions lancées la semaine dernière par le président de la République crée des tensions avec La France insoumise au sein du NFP. Les députés LFI menacent d'ores et déjà de déposer une motion de censure dès la nomination d'un nouveau Premier ministre.
Nouvelle journée de consultations à l’Elysée. Ce mardi 10 décembre, Emmanuel Macron reçoit l'ensemble des forces politiques du pays, ou presque. Le Rassemblement national n'a pas été convié et La France insoumise, qui a décliné l'invitation précédente, n'a pas été invitée. A gauche, le Parti socialiste, Les Ecologistes et le Parti communiste, se rendront au palais présidentiel, dans l'optique de réfléchir à la constitution d'un "gouvernement d’intérêt général ou de le rendre possible" via un accord de non-censure, selon l’Elysée.
Une perspective vivement dénoncée par La France insoumise. "Le PS/ PCF / EELV en coalition pour négocier avec les droites : retour vers le passé. Tristesse", a écrit sur X (ex-Twitter), Jean-Luc Mélenchon, ce mardi. "J'invite l'ensemble des partenaires du Nouveau Front populaire à revenir à la raison" a, quant à elle, déclaré la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot. "Il n'est pas question pour nous de participer à cette chimère qui laisserait penser que nous pourrions gouverner d'une manière ou d'une autre, ou faire un accord de non-censure, avec ceux qui refusent l'abrogation de la réforme des retraites", a-t-elle ajouté. Et d'annoncer que son groupe déposera une motion de censure destinée à clarifier qui soutient le futur Premier ministre et l'équipe qui sera composée pour succéder à celle de Michel Barnier. "Tous ceux qui ne la voteront pas seront de fait des soutiens de ce gouvernement", a-t-elle tranché.
Invité sur France Info plus tôt dans la journée, le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel a regretté l'absence de LFI à l’Élysée. "J'aurais préféré qu'ils viennent dialoguer et que ensemble, unis, nous soyons une force pour peser", a-t-il déploré. Avant de justifier la participation du PC aux discussions organisées par Emmanuel Macron : "Les Français sont inquiets, veulent qu'on avance, qu'on trouve des solutions. [...] Il faut construire des compromis, tendre la main, être dans le dialogue". Fabien Roussel s'est même dit prêt à un compromis, au moins temporaire, sur la réforme des retraites, à condition que ses effets soient suspendus pour les quelques dizaines de milliers de salariés "cassés par le travail" qui ont dû repousser leur âge de départ à la retraite du fait du report de l'âge légal de départ en retraite à 64 ans. Il s'est toutefois dit opposé à la nomination d'un "Premier ministre de droite ou macroniste pour mettre en œuvre la même politique, le même budget" à l'issue des discussions qui ont lieu depuis la semaine dernière à l'Elysée.
Dans un courrier adressé à Emmanuel Macron, en amont de la rencontre d'aujourd'hui, les cadres du Parti socialiste ont également posé leurs conditions à un accord de non-censure : nomination d'un Premier ministre "de gauche", refus de participer à un gouvernement dirigé par la droite et "véritable changement de cap politique" en matière de justice fiscale, de pouvoir d'achat et des retraites. "La question se posera rapidement de changer de cadre de discussions. Il ne revient pas institutionnellement au président de la République de mener ces discussions", a en outre estimé, ce mardi, le député Emmanuel Grégoire (Socialistes), qui a redit son "exigence" quant au respect du cadre de l'union de la gauche.
"Il n'y a pas de compromission possible avec la droite macroniste", a également martelé ce mardi le député Benjamin Lucas (Ecologiste et social). "On dit tous qu'il faut un gouvernement de gauche, dirigé par la gauche, qui fasse au Parlement des propositions pour faire respirer notre démocratie. [...] N'inventons pas de divisions entre nous là où il y a des nuances tactiques". Plusieurs représentants du Nouveau Front populaire ont d'ailleurs assuré que leur participation à ce nouveau cycle de consultations ne présageait en rien de la réussite des négociations. "Si on trouve qu'on se fiche de nous, (...) on partira", a mis en garde, lundi soir, la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, sur France Info.