Accusant le président de la République d'être à "l'origine du chaos", Jean-Luc Mélenchon a réitéré lundi 6 octobre son appel à un départ d'Emmanuel Macron, estimant que ce dernier devait "démissionner ou partir suite à un vote des assemblées". Demain, mercredi 8 octobre, le Bureau de l'Assemblée nationale examinera la recevabilité d'une procédure de destitution que La France insoumise tente d'enclencher à l'encontre du président de la République.
"Emmanuel Macron doit démissionner ou partir suite à un vote des assemblées". C'est la conclusion que tire Jean-Luc Mélenchon de la situation politique actuelle. Lors d'une conférence de presse organisée lundi 6 octobre, le leader de La France insoumise a estimé que les pays vivait "un moment politique sans précédent, historique dans la Ve République", avant de pointer "l'incapacité du président de la République à maîtriser une telle situation". Et le triple candidat à l'Elysée d'appeler à "prendre à bras le corps le coeur du problème, c'est-à-dire le président de la République et sa légitimité à continuer de décider dans de telles circonstances", réitérant de fait l'appel à destituer Emmanuel Macron.
Un discours devenu une constante dans la rhétorique des insoumis, et ce depuis un an. En octobre 2024 déjà, une proposition de résolution visant à enclencher une procédure de destitution du chef de l'Etat avait été déposée à l'Assemblée nationale par 81 députés issus de La France insoumise, de la Gauche Démocrate et Républicaine et du groupe Ecologiste et Social. Ces derniers estimaient alors qu'Emmanuel Macron avait commis "un manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat" en ne nommant pas la candidate du Nouveau Front Populaire, Lucie Castets, à Matignon. Le texte n'avait cependant pas dépassé l'étape de la commission des lois, qui l'avait rejeté.
Le mois dernier, les députés LFI ont de nouveau déposé une proposition de résolution, afin de revenir à la charge. Outres les élus du groupe présidé par Mathilde Panot, le texte a de nouveau été paraphé par des députés du groupe Ecologiste et Social et de la Gauche démocrate et républicaine, atteignant un total de 104 signatures. La cheffe de file des insoumis à l'Assemblée nationale s'était alors réjouie d'un nombre de signataires "historique" pour une telle procédure.
La recevabilité de cette proposition de résolution sera examinée demain, mercredi 8 octobre, par le Bureau de l'Assemblée.
Selon l'article 68 de la Constitution : "Le Président de la République ne peut être destitué qu'en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat. La destitution est prononcée par le Parlement constitué en Haute Cour."
Le Bureau de l'Assemblée nationale doit d'abord se prononcer sur la recevabilité d'une telle proposition de résolution. Lors de la précédente tentative, entamée en septembre 2024 par La France insoumise, cette instance - la plus haute autorité collégiale du Palais-Bourbon -avait accepté de transmettre le texte à la commission des lois. La commission examine ensuite le texte. Si en 2024, la résolution avait été rejetée à ce stade, un tel rejet ne signifie pas forcément la fin de la procédure.
Il revient ensuite à la Conférence des présidents d'inscrire, ou non, dans un délai de treize jours, la résolution à l'ordre du jour de l'hémicycle. C'est à cette étape que la précédente tentative de La France insoumise avait échoué : si les quatre groupes de gauche avaient voté pour l'examen du texte en séance publique, tous les autres groupes, à l'exception du Rassemblement national, avaient voté contre. Le groupe présidé par Marine Le Pen s'était abstenu.
En cas d'examen dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, la proposition de résolution doit être votée par les deux tiers des députés. Si tel est le cas, le texte est transmis au Sénat, qui doit voter le texte dans les quinze jours. Là encore, la procédure doit être approuvée par deux tiers des sénateurs pour passer à l'étape suivante.
Si toutes les étapes précédentes sont remplies, la Haute Cour, qui réunit les députés et les sénateurs, doit se prononcer dans un délai d'un mois. Après quinze jours d'enquête réalisée par une commission ad hoc composée de six députés et six sénateurs, l'ensemble des parlementaires vote à bulletin secret. Seule une adoption du texte à la majorité des deux tiers peut entraîner la destitution du président de la République.
Compte tenu de la composition des deux Chambres et du Parlement dans son ensemble, il semble à ce jour plus qu'improbable que cette procédure puisse aboutir au départ contraint d'Emmanuel Macron.