Dérapage des dépenses de santé : les mesures "coup de frein" du gouvernement dévoilées à l'Assemblée

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Catherine Vautrin en commission des Affaires sociales, le 25 juin 2025
Catherine Vautrin en commission des Affaires sociales, le 25 juin 2025 - LCP
par Soizic BONVARLET, le Mercredi 25 juin 2025 à 17:45, mis à jour le Mercredi 25 juin 2025 à 19:24

La commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale a auditionné, ce mercredi 25 juin, la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, et sa collègue des Comptes publics, Amélie de Montchalin, alors que le comité de suivi de l’évolution des dépenses de l'Assurance-maladie a alerté sur un risque de dépassement de 1,3 milliard d'euros par rapport à l'objectif fixé pour l'exercice 2025. Lors de cette audition, les ministres ont présenté aux députés des mesures d'urgence destinées à mettre un "coup de frein" à ce dérapage.

"Un risque de dépassement de l’Ondam supérieur à 1,3 milliard d’euros en raison de dépenses de soins de ville dynamiques, notamment dans le champ des médicaments et des indemnités journalières, ainsi qu’une activité constatée à l’hôpital au premier trimestre 2025 plus élevée que prévu". Tels sont les termes de l'alerte formulée le 18 juin dernier par le comité de suivi de l’Objectif national de dépenses d'assurance maladie (Ondam). Une hausse substantielle de l'ordre de 0,5% par rapport à l'objectif de 266 milliards d'euros établi en février dernier, qui a incité le gouvernement à réagir.

La ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, et sa collègue des Comptes publics, Amélie de Montchalin, sont ainsi venues présenter devant les députés, ce mercredi 25 juin, les mesures d'urgence destinées à freiner ce "dérapage" des dépenses de l'Assurance-maladie.

Une "hausse marquée des arrêts maladie"

Evoquant une "tendance" de 6% d'augmentation depuis 2019, Catherine Vautrin a décrit au travers des arrêts maladie "une pression très concrète sur notre système". La ministre a ainsi dit sa détermination à aller plus loin dans la lutte contre les fraudes, à hauteur d'un objectif de 100 millions d'euros d'économies, avant d'indiquer que "s'agissant des indemnités journalières, il faudra aller plus loin".

Certains s'interrogent sur le fait qu'on continue à avoir des arrêts maladie par téléconsultation. Je pense que c'est un sujet qu'il nous faut regarder. Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics

Soulignant que la moitié de la hausse était "portée par les moins de 30 ans", Amélie de Montchalin a par ailleurs estimé que les arrêts de travail octroyés par téléconsultation constituaient un sujet qu'il fallait "regarder". Le rapporteur général de la commission des affaires sociales, Thibault Bazin (Droite républicaine), a pour sa part incité le gouvernement à s'inspirer des propositions de son groupe "pour instaurer des délais de carence beaucoup plus fermes".

Des mesures "coup de frein" chiffrées à 1,7 milliard 

"Les dépenses de transport sanitaire ont augmenté de 45% depuis la période pré-covid", a par ailleurs indiqué Catherine Vautrin, estimant que leur maîtrise était devenue "un impératif". "Nous n'avons pas d'autre solution qu'une réforme du modèle de tarification. C'est pourquoi nous appliquerons cette réforme", a aussi martelé la ministre, alors que la mobilisation des taxis n'est toujours pas éteinte et menace de flamber à nouveau.

Catherine Vautrin a par ailleurs indiqué que la revalorisation des tarifs et des rémunérations pour les masseurs-kinésithérapeutes et les médecins serait reportée au 1er janvier 2026, soit une économie de l'ordre de "150 millions d'euros".

La sécurité sociale ne peut rester un colosse au pied d'argile. Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles

Si la baisse des prix des molécules génériques devrait générer 50 millions d'euros d'économies à court terme, Catherine Vautrin a indiqué que les négociations avec le secteur des médicaments avaient échoué. Et ce alors qu'Hadrien Clouet (La France insoumise) a indiqué que "les deux tiers du dépassement [de l'Ondam], soit 800 millions, sont liés aux prix des médicaments". "Nous n'aurons pas d'accord avec le Leem [Les entreprises du médicament, ndlr.]", lui a répondu la ministre. "Pour autant, je vous confirme que nous allons mettre en œuvre ces économies à hauteur de 500 millions d'euros", a-t-elle ensuite affirmé, sans renoncer à une "contractualisation" avec le secteur.

Tout en insistant sur la nécessité de ces mesures "coup de frein", afin d'agir à court terme, Catherine Vautrin a prévenu que des mesures de "long terme" devront ensuite être mises en œuvre dans le cadre du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). "La Sécurité sociale ne peut rester un colosse au pied d'argile", a-t-elle déclaré, évaluant le premier train de mesures à "1,7 milliards d'euros", soit davantage que le dérapage actuellement anticipé par le comité de suivi. 

"Tenir l'Ondam est bien une première marche dans une stratégie de redressement et de consolidation de nos dépenses publiques", a pour sa part indiqué Amélie de Montchalin, réaffirmant l'objectif de "ramener la 'Sécu' à l'équilibre avant 2029".