Vingt-deux députés participeront à cette mission présidée par l'élue LREM Elisabeth Toutut-Picard. Elle devrait rendre ses conclusions dans six mois ou un an et dépassera la seule question du glyphosate.
En plein débat européen - et français - sur la prolongation de l'utilisation du glyphosate, l'Assemblée nationale a acté jeudi la création d'une mission d'information sur les produits phytopharmaceutiques. Présidée par la députée LREM Elisabeth Toutut-Picard, elle regroupera 22 parlementaires issus de quatre commissions permanentes (affaires économiques, développement durable, affaires sociales et affaires culturelles) dont la socialiste Delphine Batho (nommée vice-présidente), la députée La France insoumise Mathilde Panot ou les élus LREM Matthieu Orphelin (proche de Nicolas Hulot) et Jean-Baptiste Moreau.
"Nous allons adopter une approche systémique", explique à LCP Elisabeth Toutut-Picard, qui souhaite étudier la question sur le plan sanitaire (effets nocifs sur l'homme, l'environnement, le vivant), environnemental ("on en trouve des traces partout, dans les cheveux, les rivières...") et économique. L'objectif est, selon l'élue, de "faire une synthèse de ces approches" pour aboutir, dans six mois ou un an, à "un consensus" et à des propositions "réalisables".
Les travaux devraient commencer à la mi-novembre par l'audition du Centre international de recherche sur le cancer, qui a classé le glyphosate comme "cancérogène probable pour l'homme". Et tant pis si c'est le 9 novembre que la commission européenne soumettra au vote des 28 Etats membres de l'UE une proposition de prolongation pour cinq ans de l'utilisation de cet herbicide.
"Nous ne voulons pas nous précipiter", explique Elisabeth Toutut-Picard, qui ajoute que le glyphosate n'est qu'un phytopharmaceutique parmi d'autres : "Il y a 4.000 produits phytopharmaceutiques autorisés en France", rappelle la députée.
La mission ne s'interdira pas "d'inviter" les producteurs et fabricants de produits phytopharmaceutiques et même des responsables de Monsanto, même si ceux-ci seront libres de refuser d'être auditionnés, comme ils l'ont déjà fait au Parlement européen.
"Nous allons suivre trois pistes, ajoute Elisabeth Toutut-Picard. La première est un bilan de l'utilisation de ces produits. La deuxième consiste à évaluer leur danger pour la santé humaine et l'environnement mais aussi à évaluer la fiabilité des études scientifiques sur la question. Enfin, nous allons nous pencher sur la recherche d'alternatives à ces produits."
La présidente de la mission d'information souhaite en effet "ne pas exclure du débat" les conséquences financières d'une interdiction d'un produit comme le glyphosate.
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