"Je n'ai jamais reçu de la part du Président Hollande la moindre pression", déclare Olivier Schrameck, ex-patron du CSA

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Olivier Schrameck, ancien président du Conseil supérieur de l’audiovisuel.
Olivier Schrameck, ancien président du Conseil supérieur de l’audiovisuel.
par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Jeudi 11 décembre 2025 à 18:30, mis à jour le Jeudi 11 décembre 2025 à 19:03

Devant la commission d'enquête sur l'audiovisuel public, l'ancien patron du Conseil supérieur de l'audiovisuel, Olivier Schrameck, est revenu sur des propos qu'il avait tenus en 2024 devant les députés. Interrogé à plusieurs reprises par le rapporteur Charles Alloncle (UDR), il a assuré qu'il n'avait pas reçu de pression politique de François Hollande lors de la nomination de Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions en 2015. 

Il a fait le choix d'en parler dès son propos liminaire pour "rétablir la vérité des faits". Auditionné ce jeudi 11 décembre par la commission d'enquête sur l'audiovisuel public, l'ancien président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), Olivier Schrameck, est revenu sur ce qu'il avait déclaré en mars 2024 devant une autre commission d'enquête à propos d'un échange téléphonique avec François Hollande, alors président de la République, sur la nomination de Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions en 2015. Et qui a conduit, selon lui, "à des polémiques et à des mises en cause tout à fait injustifiées". 

"Je n'ai jamais reçu de la part du Président Hollande la moindre pression dans l'exercice de mes responsabilités. Pas plus que de la part du Président Macron, je tiens à le dire également", a déclaré Olivier Schrameck (voir vidéo en tête d'article) ce jeudi, avant même d'être interrogé sur le sujet par les députés présents.

Evoquant ses dires de l'époque, celui qui a dirigé le CSA entre 2013 et 2019 a expliqué avoir "mentionné que la seule occasion où le Président d'alors avait pu être conduit à formuler une appréciation sur des personnalités de l'audiovisuel, qui s'avéraient plus tard être candidates, était une conversation téléphonique qui n'avait pas cet objet et était antérieure au processus de candidature et de désignation". A cette occasion, François Hollande "avait alors émis des réserves à propos de deux personnalités", mais "du fait de [son] silence, aucune échange n'a[vait] eu lieu à ce sujet", a-t-il poursuivi.

"Il n'y a nulle contradiction, il n'y a qu'une précision"

Pas de quoi convaincre le rapporteur de la commission d'enquête, Charles Alloncle (Union des droites pour la République), qui l'a relancé à plusieurs reprises sur le sujet, reprenant mot pour mot les déclarations faites par Olivier Schrameck en mars 2024. "Pourquoi vous nous affirmez sous serment que vous n'avez pas subi de pressions sachant qu'il y a quelques mois, devant la représentation nationale, vous avez avoué parfaitement l'inverse pour nommer Mme Ernotte ?", a insisté le député du groupe présidé par Eric Ciotti.

-> Lire aussi - Commission d'enquête : l'audiovisuel public va devoir "rendre des comptes", déclare Charles Alloncle (UDR)

"Que le Président ait pu penser que cela pouvait exercer une influence sur ma détermination, ce n'est pas moi à en parler. Mais il n'y a pas eu une perméabilité, pour reprendre votre terme, parce que précisément, je suis resté totalement imperméable, je n'ai rien dit, je n'ai rien répliqué", a alors répondu l'ex-patron du CSA.

Dans un nouvel échange, toujours avec le rapporteur Charles Alloncle, Olivier Schrameck a renchéri : "Je peux énoncer des propos devant une commission d'enquête et, confronté à une polémique (...), préciser mes dires. C'est ce que je viens de dire aujourd'hui. Il n'y a nulle contradiction, il n'y a qu'une précision."

Un "scandale", dénonce le rapporteur Charles Alloncle

Dans la foulée de l'audition, qui a duré une heure, Charles Alloncle a qualifié sur X de "scandale" les nouvelles déclarations d'Olivier Schrameck. "Il conteste désormais ses propres déclarations tenues pourtant devant la représentation nationale, avant de finir par qualifier cet échange de simple 'tentative d’influence' de la part de l'ancien Président", dénonce le député UDR, avant d'affirmer que François Hollande "refuse d'être entendu dans le cadre de cette commission d'enquête". 

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Auditionné en 2019 dans le cadre d'une enquête sur la nomination de Delphine Ernotte, ouverte à la suite de deux plaintes émanant de syndicats, la CFDT-Médias et la CGC-Audiovisuel, pour "abus d'autorité" et "trafic d'influence", François Hollande aurait indiqué que celle qui deviendra la patronne de France Télévisions avait sa préférence, mais qu'il n'avait exercé aucune pression en sa faveur, selon un article du JDD de l'époque, qui citait "plusieurs sources proches de l'enquête". 

Auprès de l'agence de presse Reuters, l'entourage de François Hollande avait "confirmé que le Président a[vait] bien été entendu" et qu'il avait tenu "à le faire pour rappeler qu'il n'y avait eu aucune intervention de l’Elysée".

Une relance lors de l'audition de Roch-Olivier Maistre

Ce jeudi après-midi, après Olivier Schrameck, la commission d'enquête a auditionné l'un de ses successeurs en la personne de Roch-Olivier Maistre"Quel est votre point de vue sur le sujet ? (...) Est-ce que vous condamnez ces pressions politiques qu'[il] a avoué encore il y a quelques mois devant la représentation nationale, sous serment ?", a questionné le rapporteur Charles Alloncle

"C'est sa responsabilité, je ne me prononcerai pas là-dessus", a répondu Roch-Olivier Maistre, tout en appelant à ne pas venir "chercher l'Autorité sur le terrain de l'indépendance", car, selon lui, elle la "prouve quotidiennement". "Je n'ai reçu aucune intervention de quelque nature que ce soit du Président ou de son entourage durant l'exercice de mon mandat", a également affirmé le patron du CSA, devenu Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), de 2019 à 2025.