Delphine Ernotte : "France Télévisions n'est pas un média comme les autres"

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Delphine Ernotte LCP 10/12/2025
Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, le 10 décembre 2025
par Raphaël Marchal, le Mercredi 10 décembre 2025 à 20:45, mis à jour le Mercredi 10 décembre 2025 à 20:47

Auditionnée par la commission d'enquête sur l'audiovisuel public, ce mercredi 10 décembre, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte-Cunci, a défendu les "missions essentielles" remplies par la télévision publique. Elle a également assuré des "efforts massifs" menés pour retrouver une situation budgétaire stable, malgré un contexte tendu.

Pendant 4h30, Delphine Ernotte-Cunci a été mise sur le gril par la commission d'enquête "sur la neutralité, le fonctionnement et le financement de l’audiovisuel public". La présidente de France Télévisions l'a d'ailleurs assumé d'entrée : le débat sur la neutralité de l'audiovisuel public est "légitime" et "sain", notamment au regard des polémiques de ces dernières semaines.

Pour mémoire, cette commission d'enquête a été créée à la demande du groupe Union des droites pour la République. Membre du groupe d'Eric Ciotti, le député Charles Alloncle (UDR), est le rapporteur de l'instance, tandis que Jérémie Patrier-Leitus (Horizons) en est le président. 

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Pas question toutefois pour la dirigeante de laisser la maison qu'elle dirige sans défense face aux critiques qui l'accablent, dans la foulée de l'affaire Legrand-Cohen ou de l'affaire du bandeau de France Info évoquant des "otages palestiniens". "France TV doit être exemplaire en matière de transparence de son offre d'information, et d'équilibre des points de vue", a martelé Delphine Ernotte, qui a insisté sur le rôle unique que joue, selon elle, le groupe public. "Imaginer notre disparition, c'est projeter une société où tout un pan de notre culture commune sera effacée d'un trait de plume", a-t-elle mis en garde face à ceux qui voudraient mettre à bas l'édifice.

Récusant les accusations de partialité de France Télévisions, soutenues notamment par la droite et l'extrême droite, Delphine Ernotte a répété que la télévision publique devait "s'adresser à tous". Elle a, en outre, assuré du sérieux de l'information au sein du groupe : "L'ARCOM n'a jamais sanctionné France TV pour malhonnêteté de l'information ou pour des manquements qui seraient extrêmement graves." "Il y a parfois des erreurs, parfois des fautes. (...) Ça ne veut pas dire que l'information de France TV n'est pas rigoureuse, n'est pas impartiale", a-t-elle estimé, rappelant que le débat sur la pertinence d'une "Riviera" à Gaza avait mené à des sanctions. Et d'indiquer qu'une "nouvelle direction de la déontologie" transversale doit être mise en place dans les prochaines semaines. 

Des questions sur des "frais de réception" pendant le Covid

La dirigeante a dû faire face aux questions parfois insistantes du rapporteur, Charles Alloncle (UDR), sur son salaire - d'un montant maximal de 400 000 euros bruts -, sur la situation financière de France Télévisions, sur la plateforme Salto ou sur des "frais de réception" en pleine période du Covid. "Est-ce que vous pensez que n'importe quel dirigeant d'une entreprise privée aurait été renouvelé pour un 3e mandat avec un tel bilan financier ?", lui a-t-il notamment demandé.

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Delphine Ernotte a répondu point par point, démentant notamment la tenue de réceptions pendant le Covid. "Il s'agit majoritairement de frais de repas pour les salariés qui travaillaient", a-t-elle assuré. "Pendant le Covid, France Télévisions était en première ligne. Toutes les équipes étaient sur le pont sans s'arrêter et ce malgré les confinements."

France Télévisions "en difficulté" financière

Concernant le financement de France Télévisions, Delphine Ernotte a vanté les "efforts massifs" menés par l'entreprise depuis son arrivée à sa tête en 2015. "En tenant compte de l'inflation, France Télévisions coûte aux Français 500 millions d'euros de moins qu'à mon arrivée", a-t-elle affirmé.

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Tout en pointant néanmoins une "inadéquation croissante" entre les missions et les moyens de France TV. "Nous arrivons au bout d'un modèle pour France Télévisions. (...) L'entreprise se trouve dans une situation budgétaire difficile", a-t-elle reconnu, indiquant qu'elle mettrait en application "l'ensemble des recommandations de la Cour des comptes", qui avait dévoilé un rapport très critique sur les finances de la maison en septembre dernier.

"Des efforts, nous en avons fait", a insisté la dirigeante, évoquant une dotation publique en baisse de 1,2 % en "valeur absolue et en euros courants" entre 2015 et 2025. Elle a rappelé avoir d'ores et déjà annoncé une baisse de 25 millions des investissements en matière de création audiovisuelle et cinématographique pour l'année 2026, tout en alertant sur le "risque de décrochage" dans un milieu ultra-concurrentiel.

Certains moments de l'audition ont été marqués par de vifs échanges entre des élus de La France insoumise, déçus des réponses qui leur étaient apportées, et le président de la commission d'enquête, Jérémie Patrier-Leitus (Horizons), qui a plusieurs fois appelé au calme.