Jean-Louis Debré, ancien président de l'Assemblée nationale et du Conseil constitutionnel, est mort

Actualité
Image
Jean-Louis Debré
Jean-Louis Debré
par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Mardi 4 mars 2025 à 10:47, mis à jour le Mardi 4 mars 2025 à 13:02

Jean-Louis Debré, ancien président de l'Assemblée nationale et du Conseil constitutionnel, est décédé ce mardi 4 mars, à l'âge de 80 ans. Fils du rédacteur de la Constitution de la Ve République, Michel Debré, il était le fidèle parmi les fidèles de Jacques Chirac. 

L'ancien président de l'Assemblée nationale (2002-2007) et président du Conseil constitutionnel (2007-2016), Jean-Louis Debré est mort dans la nuit, à l'âge de 80 ans, a annoncé sa famille ce mardi 4 mars à LCI, chaîne dirigée par l'un de ses fils, le journaliste Guillaume Debré. Il était issu d'une famille éminente : son père Michel, résistant, rédigera la Constitution de la Ve République en 1958 et sera Premier ministre du général de Gaulle. Le grand-père Robert a fondé la pédiatrie moderne et est à l'origine des CHU et l'arrière-grand-père Simon a failli être grand rabbin de France. Jean-Louis Debré avait trois frères dont un jumeau, Bernard, chirurgien urologue réputé, député et ministre, décédé en 2020. 

Sa carrière politique, Jean-Louis Debré l'a, lui, faite aux côtés de Jacques Chirac dont il a été le fidèle parmi les fidèles. Membre de ses cabinets aux ministères de l'Agriculture et de Développement rural, à l'Intérieur, puis chargé de mission à Matignon, il avait adhéré au RPR lors de sa création en 1976. A l'arrivée de Jacques Chirac à l'Elysée en 1995, Jean-Louis Debré, qui était son porte-parole de sa campagne présidentielle, devient ministre de l'Intérieur (1995-1997). A ce poste, il doit faire face à la série d'attentats islamistes à l'été 1995 et devient la bête noire de la gauche et des caricaturistes après l'expulsion musclée de centaines de sans-papiers occupant l'église Saint-Bernard, en 1996, à Paris.

Député de l'Eure pendant près de vingt ans

Magistrat de formation, Jean-Louis Debré décide de se lancer personnellement en politique lors des élections législatives de 1986. Réélu en 1988, il sera député de l'Eure pendant pendant près de vingt ans. Parallèlement, après avoir été conseiller municipal d'Evreux entre 1989 et 1995, il se présente en 1995 comme tête de liste dans le 18e arrondissement de Paris. Devenu conseiller de Paris, Jean-Louis Debré est nommé adjoint par le nouveau maire de la capitale Jean Tiberi. 

Après la réélection de Jacques Chirac en 2002, celui qui avait pris la tête du groupe RPR après la dissolution ratée de 1997, brigue la présidence du Palais-Bourbon, également convoitée à l'époque par l'ex-Premier ministre Edouard Balladur. Jean-Louis Debré, maire d'Evreux (2001-2007) l'emporte, au second tour du scrutin, après le retrait d'Edouard Balladur, largement devancé au premier tour. 

A l'Assemblée nationale, il fut un président unanimement reconnu, notamment pour son respect des oppositions. La gauche découvre "un vrai républicain", une "personnalité originale", "pas sectaire", qui "défend les droits de l'opposition", parfois au grand dam de sa famille politique, résume pour l'AFP Jean-Marc Ayrault, alors chef de file des députés PS. Jusqu'à agacer l'Elysée, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, que Jean-Louis Debré qualifie d'"homme de clan" sans "aucun sens de l'Etat". Plus tard, le fidèle de Jacques Chirac a révélé avoir voté pour François Hollande en 2012.

Parmi les images qui ont marqué les esprits, en 2006, Jean-Louis Debré pose entouré de piles d'amendements entassées au Perchoir pour dénoncer l'obstruction parlementaire lors de l'examen du projet de loi autorisant la privatisation de Gaz de France. En 2022, pour l'émission "INAttendu", il était revenu sur cette période, "l'honneur de sa vie", et sur plusieurs moments marquants de sa présidence. "J'aime tellement cette maison et j'aime tellement la démocratie parlementaire que l'avoir présidée (...) a été pour moi un moment exceptionnel", expliquait-il alors.

Jean-Louis Debré fut ensuite nommé à la présidence du Conseil constitutionnel (2007-2016), par Jacques Chirac. "Très attaché à la Constitution de la Cinquième République (...) il avait ainsi poursuivi durant sa présidence le service de la République qui l’a animé tout au long de son parcours", a salué l'actuel président du Conseil, Laurent Fabius.

Auteur de nombreux livres

Veuf, père de trois enfants, Jean-Louis Debré a toujours aimé écrire : des romans policiers comme "Quand les brochets font courir les carpes", mais aussi un "Dictionnaire amoureux de la République" ou encore une galerie de femmes pionnières, "Ces femmes qui ont réveillé la France", qu'il adapte au théâtre en montant sur les planches en 2021 avec sa nouvelle compagne, Valérie Bochenek. En 2016, retrouvant sa liberté de parole, il avait publié "Ce que je ne pouvais pas dire", revenant sur ses neuf années passées à la tête du Conseil constitutionnel, où il a notamment prononcé le rejet des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy et eu à statuer avec les Sages sur des réformes majeures (mariage homosexuel, taxe carbone, loi Hadopi...). C'est aussi sous son mandat qu'a été mise en place une nouvelle procédure : la question prioritaire de constitutionnalité (QPC). 

Revoir l'émission "Politiques à Table !" avec Jean-Louis Debré, datée du 15 octobre 2021