L'Assemblée nationale s'apprête à voter un texte pour élever Alfred Dreyfus au rang de général de brigade

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par Maxence Kagni, le Dimanche 1 juin 2025 à 09:15, mis à jour le Dimanche 1 juin 2025 à 13:53

Les députés de la commission de la défense ont adopté à l'unanimité, mercredi 28 mai, une proposition de loi "appelant à élever Alfred Dreyfus au grade de général de brigade". Déposé par le président du groupe "Ensemble pour la République", Gabriel Attal, le texte est à l'ordre du jour de l'hémicycle de l'Assemblée nationale ce lundi 2 juin. 

L'Assemblée nationale s'apprête à voter une proposition de loi pour élever Alfred Dreyfus au grade de général de brigade. Les députés de la commission de la défense ont adopté à l'unanimité, mercredi 28 mai, le texte permettant cette reconnaissance à titre posthume. 

Déposée par Gabriel Attal et signée par les députés du groupe "Ensemble pour la République", la proposition de loi sera examinée et votée, ce lundi 2 juin, en séance publique. En commission, le rapporteur du texte, Charles Sitzenstuhl (Ensemble pour la République), a estimé que celui-ci permettrait de "renforcer la dynamique" en faveur de la panthéonisation d'Alfred Dreyfus.

"Reconnaissance symbolique"

"À la fin du XIXe siècle, le capitaine Alfred Dreyfus fut victime d'une injustice d'Etat, condamné pour trahison sur la base d'accusations forgées et alimentées par un antisémitisme virulent", rappelle l'exposé des motifs de la proposition de loi. Le texte souligne que "pendant près de cinq années, Alfred Dreyfus connut l’exil, la solitude et l’oubli sur l’île du Diable" et que sans cette "injustice", le capitaine Dreyfus "aurait accédé naturellement aux plus hauts grades".

"Le 12 juillet 1906 l'arrêt de la cour de cassation, qui innocente le capitaine entraîn[a] sa réintégration dans l'arméea, quant à lui, rappelé mercredi dernier le président de la commission de la défense, Jean-Michel Jacques (Ensemble pour la République), ajoutant qu'une loi, "votée le lendemain à la Chambre des députés", acta cette réintégration sans "reconstitution de carrière complète".

Une décision qui relèverait d'un "malentendu", selon le rapporteur, Charles Sitzenstuhl. "L'inspirateur du projet de loi, le commandant Targe, dreyfusard convaincu, était persuadé que Dreyfus ne souhaitait pas poursuivre de carrière militaire", indique le député du Bas-Rhin. Cette proposition de loi, qui a pour but de réparer une "erreur regrettable", fait office de "reconnaissance symbolique pour un cas hors normes et sans équivalent dans l'histoire de la République".

"La République doit réaffirmer sa vigilance"

La proposition de loi "élevant Alfred Dreyfus au grade de général de brigade" contient donc un article unique :

La nation française élève, à titre posthume, Alfred Dreyfus au grade de général de brigade. Article unique du texte

"En honorant Alfred Dreyfus, nous réparons une injustice historique, nous saluons un engagement exemplaire, et nous réaffirmons l’honneur de la République", écrit dans sa proposition de loi Gabriel Attal. L'ancien Premier ministre affirme aussi que puisque "l'antisémitisme qui frappa Alfred Dreyfus n’appartient pas à un passé révolu (...), la République doit sans cesse réaffirmer sa vigilance".

Parmi l'ensemble des interventions des députés, unanimes, celle de Gabriel Amard (La France insoumise) s'est distinguée par ses accents politiques. Le député du Rhône a notamment affirmé que "ce sont dans les rangs du Rassemblement national que les propos et comportements antisémites foisonnent encore", appelant à lutter contre "l'antisémitisme, le racisme sous toutes ses formes, et donc désormais l'islamophobie".

La proposition de loi sera examinée en première lecture ce lundi 2 juin, à 16h, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.