La Nouvelle union populaire écologique et sociale a défendu une motion de censure contre le gouvernement qui n'a réuni que 146 voix, loin de 289 voix requises. Élisabeth Borne a fustigé "l'invective en commun" des groupes de gauche, après le discours de Mathilde Panot tentant en vain de faire tomber le gouvernement. Comme annoncé, RN et LR se sont abstenus.
Les enjeux
Le détail du scrutin
Avec 146 voix pour, la motion de censure aurait dû rassembler presque deux fois plus de suffrages pour être adoptée. "Le congrès de la Nupes est officiellement terminé", a ironisé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran à l'annonce des résultats.
"Il y a une majorité implicite que LaREM (Renaissance, ndlr) forme avec LR, et une majorité d'opportunité qu'elle forme avec le RN, qui a décidé de se comporter comme un supplétif", a dénoncé immédiatement Olivier Faure (PS).
Retour sur les moments clés
Mathilde Panot a d'emblée donné le ton en qualifiant la présence d'Élisabeth Borne à Matignon d'"anomalie démocratique", après ce qu'elle estime être le "naufrage des élections législatives" qui n'ont pas donné de majorité absolue au gouvernement et l'absence de vote de confiance suite au discours de politique générale de la Première ministre.
Profitant de cette motion de censure, la présidente du groupe La France insoumise a voulu marquer la différence entre l'opposition de gauche et les autres oppositions : "Ceux qui ne voteront pas cette motion de défiance seront les partisans de votre politique" a-t-elle lancée à Elisabeth Borne en visant le Rassemblement national et Les Républicains.
Pour appuyer sa démonstration d'une dizaine de minutes, la députée a accusé le camp présidentiel et le RN de "vivre une lune de miel" depuis les élections. "On ne récolte jamais impunément les soutiens de ce côté-là de l'hémicycle", a-t-elle critiqué. "Cette motion de défiance sert à démasquer les impostures !"
La riposte n'a pas tardé. Élisabeth Borne a accusé la Nupes de "faire passer la tactique politique avant l'intérêt des Français", estimant que la gauche a inventé "la motion de censure a priori", puisque celle-ci a été décidée et déposée avant même son premier discours dans l'hémicycle, mercredi dernier.
Déterminée à rendre les coups, Élisabeth Borne a jugé la Nupes "fâchée avec la démocratie" : "En démocratie, ce n'est pas celui qui a moins de voix, moins de sièges qui est légitime à gouverner."
Brandissant le risque d'instabilité que ferait courir l'adoption de la motion de censure, la Première ministre a ajouté que La France insoumise ne proposait "rien" : "L'avenir en commun a été remplacé par l'invective en commun", a-t-elle fustigé en référence au programme présidentiel de Jean-Luc Mélenchon.
En soutien à l'exécutif, Aurore Bergé (Renaissance) a reconnu dans un trait d'ironie "une vertu et une seule" à la proposition de censurer le gouvernement : "Rappeler par votre vote minoritaire que Jean-Luc Mélenchon a perdu une fois encore la présidentielle."
Signataires de la motion de censure, les autres groupes de gauche l'ont vivement défendue à la tribune. "Si vous souhaitez trouver des points d'accord avec les socialistes, les insoumis, les écologistes et les communistes, comprenez que notre raison d'être n'est pas l'abdication devant le capital", a martelé Olivier Faure pour le groupe socialiste.
"Vous fissurez toutes les digues ! (...) pour imposer votre programme, vous empruntez le choix de la lâcheté", a ajouté le premier secrétaire du PS, accusant la majorité de banaliser l'extrême droite. Il a été rejoint par sa collègue écologiste Cyrielle Chatelain, qui ne veut "aucun compromis avec les héritiers de l'Action française, de l'OAS et du Front national".
Pour les communistes, Pierre Dharréville a dénoncé une fausse ouverture du gouvernement envers les oppositions : "Vous demandez des compromis et vous affichez un plan sans concession (...) vous n'écoutez pas le pays."
Parce que les LR ne veulent pas "joindre [leurs voix] à celle de l'extrême gauche avec qui [ils n'ont] aucun point commun", la droite a confirmé s'abstenir. "Contre tout blocage stérile", Michèle Tabarot a, au contraire, réclamé "du courage" de la part de l'exécutif pour "réformer la France", citant pêle-mêle la mise sous condition du RSA, la réforme des retraites ou le redressement des comptes publics.
Pour le Rassemblement national, Alexandre Loubet a dit vouloir, lui aussi, écarter le risque d'une "crise de régime", raison invoquée pour ne pas voter la motion de censure de gauche. Surtout, le député a ironisé sur la "motion d'imposture" de la Nupes, alors que les quatre formations politiques de la coalition ont appelé à faire battre Marine Le Pen contre Emmanuel Macron à la présidentielle :
Surfant sur la stratégie désormais établie de normalisation du RN, il a mis en avant une "décision responsable" de la part des 89 députés de son groupe, en "faisant passer le pays avant les partis".