Les députés entérinent le coût "sans précédent" de la crise sanitaire

Actualité
Image
Olivier Dussopt, ministre des comptes publics (Hans Lucas/AFP)
par Jason Wiels, le Mercredi 16 juin 2021 à 16:37, mis à jour le Mercredi 16 juin 2021 à 18:19

Fonds de solidarité, exonération de charges, chômage partiel, aides tous azimuts... L'année 2020 a fait valser les comptes publics. Paradoxe, la dette n'a jamais été aussi élevée alors que les intérêts payés sont au plus bas.

Un vote et un coup d'oeil dans le rétroviseur qui peut donner le vertige. Mercredi, les députés ont validé le projet de loi de règlement du Budget 2020. Un Budget hors-norme, qui a fait l'objet de pas moins de quatre lois rectificatives afin d'ouvrir des milliards d'euros de crédits en urgence pour maintenir à flot une économie française paralysée par la pandémie.

Cet exercice de validation des comptes permet de faire le bilan définitif du coût du "quoi qu'il en coûte" pour l'année dernière, alors même que la facture devrait continuer à s'alourdir en 2021. "Nous sommes aujourd'hui face à un défi : le Budget de l'Etat en 2020 présente un déficit de 178,2 milliards d'euros, très loin du déficit initial prévu en loi de finances initiale qui s'élevait, alors, à 93,1 milliards d'euros", a résumé le ministre délégué chargé des Comptes publics, Olivier Dussopt. Et d'appeler, dans un euphémisme, à "une dépense plus soutenable" à l'avenir.

La dette à quitte ou double

L'écart entre les prévisions et la réalité se résume pour l'essentiel à la réponse de l'Etat au coronavirus, entre confinements et restrictions sanitaires. 44,1 milliards d'euros ont été dépensés l'année dernière en mesures d'urgence, comme le chômage partiel, les exonérations de charges ou le fonds de solidarité. Parallèlement, la chute de l'activité a conduit au décrochage des recettes (comme la TVA), avec 37,1 milliards d'euros de manque à gagner.

Comme le souligne rapporteur général du Budget, cet "exercice d'équilibriste" a conduit à battre le record détenu à moyen et long terme par la France, en franchissant la barre des 2000 milliards d'euros d'encours au 31 décembre 2020. Mais Laurent Saint-Martin rappelle le paradoxe financier de la période : malgré une dette record, la charge des intérêts n'a fait que diminuer, pour atteindre "un plus bas historique" de 35,8 milliards d'euros (43,8 milliards en 2019).

En 2020, plus on s'endettait, moins on payait de services de la dette. Laurent saint-martin, le 16 juin 2021

Une situation largement permise par les taux très bas maintenus par la Banque centrale européenne. "Nous vivons un endettement sans douleur mais sous morphine", a objecté Eric Woerth (LR). Le président de la commission des finances de l'Assemblée prédit un réveil dans la "souffrance" lorsque les taux remonteront et attaque également la hausse des dépenses courantes de l'Etat, évaluée par la Cour des comptes à 6,7 milliards d'euros. Un montant non imputable à la crise et 50% plus élevé qu'en 2019.

Charles de Courson (Libertés et Territoires) a dénoncé une année sous le signe de "l'open bar budgétaire" et ne croit guère à la fin annoncée du quoi qu'il en coûte avant l'élection présidentielle. Si le gouvernement veut lui donner tort, le projet de loi de finances 2022, débattu à partir d'octobre, sera la dernière occasion du quinquennat pour acter des économies (ou des hausses d'impôts, ce qu'exclut l'exécutif) afin de redresser les finances publiques. Un objectif en tout cas affiché publiquement le 2 juin par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire devant les députés de la commission des finances