Soucieux de maintenir leur unité après un troisième échec de suite à l'élection présidentielle, Les Républicains ont signé un texte actant leur autonomie vis-à-vis de La République en marche comme du Rassemblement national en vue des élections législatives.
Pour l'instant, la maison tient toujours debout. C'est Christian Jacob qui est venu lui-même l'annoncer aux journalistes mardi 25 avril, à l'issue d'une réunion qui rassemblait les principaux dirigeants du parti : "Notre groupe parlementaire se construira dans une indépendance totale", a affirmé le président des Républicains.
Alors que le compte à rebours des élections législatives est lancé, le conseil stratégique de LR a ainsi acté le refus "du parti unique à la disposition du Président de la République". Le texte a été voté par l'ensemble des présents, de Brice Hortefeux à Jean-François Copé en passant par Nadine Morano et François Xavier-Bellamy, moins deux abstentions particulièrement remarquées : celle de Damien Abad, président du groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, et de Philippe Juvin, ancien candidat à la primaire LR.
Pas d’alliance des #LR avec LREM ou le RN. Le conseil stratégique du parti a adopté ce texte mais D.Abad, patron des députés et P.Juvin se sont abstenus. pic.twitter.com/HwbEm77suh
— Stephanie Dépierre (@stephdepierre) April 26, 2022
Alors que la bataille pour les élections législatives a commencé, l'unité du parti est donc préservée même si, entre les deux tours de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy lui-même avait incité sa famille à "sortir des habitudes et des réflexes partisans" pour soutenir Emmanuel Macron, après la cinglante élimination de Valérie Pécresse lors du premier tour.
La veille, lundi, les députés LR s'étaient réunis au Palais Bourbon. "Nous sommes sur une ligne d'indépendance, on pense tous sensiblement la même chose", avait assuré à cette occasion Raphaël Schellenberger, élu du Haut-Rhin. Malgré les appels du pied des macronistes, le premier groupe d'opposition résisterait donc tant bien que mal. "Toute la stratégie des conseillers de l'ombre de Macron est de laisser croire qu'on est prêt à se vendre, a quant à elle alerté Annie Genevard, vice-présidente de l'Assemblée. Mais les Français détestent les reniements !"
Le principe d'une "double appartenance", ou du soutien de LR conjugué à un autre parti (LaREM ou le RN) a été exclu par Christian Jacob. À l'instar de Bruno Le Maire, Gérald Darmanin ou Édouard Philippe en 2017, partis rejoindre Emmanuel Macron, toute entrée dans le prochain exécutif serait aussi sanctionné.
Certains poussent toutefois pour une ligne politique plus claire, tirant le bilan des choix de LR depuis 2017. "Notre stratégie n'a pas été entendue par les électeurs, car on a fait un score minable", résume Constance Le Grip. À la recherche d'une réélection dans les Hauts-de-Seine, la députée appelle à une "clarification de la ligne politique" de son parti avant même les législatives et regrette que le texte du conseil stratégique n'affirme pas plus clairement que le président de la République "n'est pas un adversaire politique".
Finalement, c'est un sentiment de flottement qui règne encore parmi l'essentiel des députés. "Beaucoup ne disent rien et attendent de voir ce qui va se passer, résume l'un d'entre eux. Avant d'acter lui aussi l'échec de la stratégie du parti : "Après cinq ans d'opposition, le résultat c'est 4,80% des les urnes."
Entre Emmanuel Macron qui aurait "photocopié" le programme de la droite, selon le mot de Valérie Pécresse lors de sa campagne, et Marine Le Pen qui a tenté de recentrer son image, l'espace politique des Républicains semble plus réduit que jamais. Christian Jacob compte, malgré les vents contraires, mener campagne sur les bases d'un programme dévoilé le 7 mai et en s'appuyant sur l'implantation locale des candidats LR. Il a, par ailleurs, aussi appelé toutes les figures de sa formation, de Xavier Bertrand à Laurent Wauquiez, à soutenir les sortants pour sauver le plus de sièges possibles.