"Protéger, désendetter, investir" : Bruno Le Maire et Thomas Cazenave détaillent les mesures du Budget 2024

Actualité
par Soizic BONVARLET, le Mercredi 27 septembre 2023 à 19:57, mis à jour le Lundi 16 octobre 2023 à 16:29

L'audition par la commission des finances du ministre de l’Economie et de son collègue chargé des Comptes publics marque traditionnellement le coup d'envoi du marathon budgétaire. Ce mercredi 27 septembre, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave ont revendiqué un projet de loi de finances responsable sur le front de la réduction des dépenses, tout en mettant en avant la lutte contre l'inflation et l'investissement dans la transition écologique.

"Voilà l'équation que nous voulons résoudre dans le projet de loi de finances pour 2024 : protéger contre l'inflation, désendetter et investir". C'est ainsi que le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a résumé l'esprit du budget de l’État pour l'année prochaine, alors qu'il était auditionné aux côtés du ministre délégué chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave, par la commission des finances de l'Assemblée nationale, mercredi 27 septembre. 

La crise inflationniste "la plus grave depuis les années 70"

Évoquant une économie française qui "résiste", tout en faisant face à "une crise inflationniste qui est la plus grave depuis les années 1970", Bruno Le Maire a souligné que le projet de loi de finances pour 2024 contenait des mesures de pouvoir d'achat "ciblées". "L'indemnité carburant-transport, c'est 100 euros par voiture, pour ceux qui bossent", a aussi souligné le ministre.

Tweet URL

Et pour cause, depuis plusieurs mois, l'exécutif n'a eu de cesse d'annoncer la fin du "quoi qu'il en coûte" pour répondre à l'objectif d'assainissement des finances publiques, que le budget pour l'année à venir vise à concrétiser. Dévoilant le chiffre de 16 milliards d'euros d'économies contenues dans le projet de loi de finances, Bruno Le Maire en a livré le détail : "10 milliards de fin du bouclier tarifaire, 4,4 milliards de recentrage des dispositifs d'aides exceptionnelles aux entreprises, et 1 milliard sur les politiques de l'emploi".

Tweet URL

Érigeant au rang d'"impératif catégorique" l'objectif de finances publiques "saines", Bruno Le Maire a rappelé que "cette ligne de responsabilité budgétaire et d'accélération du désendettement" était d'autant plus nécessaire au vu de la hausse des taux d'intérêts. "L'argent gratuit, c'est fini", a-t-il fait valoir. Le ministre a également réitéré son opposition à toute hausse d'impôt et de taxe, en dehors des arbitrages en faveur de la fiscalité dite "verte".

La transition écologique, "priorité absolue"

Budget de l''en même temps' s'il en est, le projet de loi du gouvernement investit, par ailleurs, dans quelques "grands choix d'avenir" énumérés par Bruno Le Maire, tels que "la sécurité et le régalien", "l'éducation et la santé", "la décarbonation et la transition écologique".

Tweet URL

"Nous augmenterons le budget consacré à MaPrimeRénov, qui sera porté à 5 milliards d'euros par an, soit 1,6 milliards d'euros de plus, nous amplifierons nos efforts sur les véhicules électriques", a-t-il notamment détaillé. "Ces investissements dans la décarbonation supposent d'engager la conversion de notre fiscalité", a expliqué Bruno Le Maire, indiquant que "les agriculteurs verront la fiscalité sur le GNR (gazole non routier, ndlr) augmenter de 2,85 centimes par litre de carburant en 2024". Une nouvelle taxe sur "les grandes exploitations d’infrastructures de transport de longue distance", soit les concessions autoroutières et les grands aéroports, devrait en outre dégager 600 millions d'euros, selon les calculs de Bercy.

Avec ce budget, nous permettons un financement historique de la transition écologique. Thomas Cazenave

"Le projet de loi de finances pour 2024 consacre la transition écologique comme une priorité absolue", s'est félicité le ministre délégué chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave, opérant un parallèle entre "dette financière" et "dette écologique". "Le projet de loi de finances prévoit l'investissement supplémentaire de 10 milliards d'euros annoncés par le président de la République et la Première ministre, dans le cadre de notre stratégie de planification écologique", a insisté le ministre. "En matière de transports, nous permettrons la construction de RER métropolitains (...) Le fonds chaleur recevra 300 millions d'euros supplémentaires pour le chauffage urbain et la décarbonation du chauffage des entreprises et des ménages, (...) le fonds vert est pérennisé à hauteur de 2,5 milliards d'euros", a-t-il énuméré, déclinant les mesures ainsi financées. Le texte prévoit en outre les moyens du dispositif de leasing à 100 euros par mois pour une voiture électrique, qui s'adressera aux "50% des ménages les plus modestes".

Tweet URL

Thomas Cazenave a, en outre, souligné que le projet de loi de finances priorisait le "réarmement des services publics", avec notamment "3,9 milliards d'euros pour l’Éducation nationale, 1 milliard pour la Recherche et l'Enseignement supérieur, plus de 3 milliards pour l'Armée, 1 milliard pour le ministère de l'Intérieur, 500 millions pour la Justice". 

Du côté des oppositions, alors que le président de la commission des finances, Eric Coquerel (La France insoumise) a critiqué, au travers de la baisse de certaines dépenses, des mesures risquant de "s'attaquer encore un peu plus au pouvoir d'achat des Français, notamment des plus défavorisés", Véronique Louwagie (Les Républicains) a pour sa part regretté une "absence de diminution des dépenses structurelles". Un constat avalisé quelques heures plus tôt par Pierre Moscovici, également entendu par la commission des finances sur le budget pour l'année à venir. Le président du Haut conseil des finances publiques avait alors estimé que la copie du gouvernement contenait "peu de mesures d’économies structurelles".

Si l'exécutif nourrit peu d'espoir quant à la possibilité de convaincre ses oppositions et a déjà évoqué le recours au 49.3 pour faire passer son projet de loi de finances, l'automne budgétaire à l'Assemblée nationale ne fait cependant que débuter. Après l'audition des ministres, la commission des finances entrera dans le détail du budget de l'Etat à partir du 10 octobre, puis le texte sera débattu dans l'hémicycle du Palais-Bourbon à partir du 17 octobre.