Rejet du Nouveau Front populaire à Matignon par Emmanuel Macron : à l'Assemblée, réactions à gauche et débats au sein du bloc central

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Assemblée nationale © Assemblée nationale juin 2021
par Léonard DERMARKARIAN, le Mardi 27 août 2024 à 14:29, mis à jour le Mardi 27 août 2024 à 16:01

Hier dans un communiqué, le chef de l’État a refusé de nommer à Matignon Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front Populaire. Un nouveau cycle de discussions a repris ce mardi, alors que le gouvernement a démissionné depuis plus de 40 jours.

On ne sait toujours pas qui Emmanuel Macron nommera à Matignon, mais on sait qui il ne nommera pas : Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire.

Dans un communiqué publié hier soir, l’Élysée dit avoir constaté "qu’un gouvernement sur la base du seul programme et des seuls partis proposés par l’alliance regroupant le plus de députés, le Nouveau Front Populaire, serait immédiatement censuré par l’ensemble des autres groupes représentés à l’Assemblée nationale". Au nom de "la stabilité institutionnelle", le président de la République écarte donc l’option Castets.

"Pied-de-nez à la démocratie"

"Ce n’est pas au président de la République de décréter que la censure est une évidence" fulmine le porte-parole du groupe "Socialistes" Arthur Delaporte, qui parle de "pied-de-nez à la démocratie".

Pour le député du Calvados, la stratégie d’Emmanuel Macron est de parier sur la fin de l’union de la gauche, "il ne veut pas négocier avec nous, il veut nous éclater, nous diviser, nous vendre à la découpe". Preuve en est selon lui, l’exclusion de la France Insoumise (LFI) du nouveau cycle de rencontres ; mais "le Président de la République surestime les risques de divisions de la gauche", les trois autres composantes du NFP (socialistes, écologistes, communistes) se sont montrées solidaires et ont décidé de ne pas honorer le rendez-vous du chef de l’État.

Avec ce communiqué en forme de fin de non-recevoir, le président de la République a ressoudé les troupes du NFP.

Jean-Luc Mélenchon avait ouvert samedi la voie à un soutien sans participation des "insoumis" à un gouvernement Castets, en interpellant les responsables du camp présidentiel et de la droite : "Le gouvernement de madame Lucie Castets, s'il ne comportait aucun ministre insoumis, est-ce que vous vous engager à ne pas voter la censure ?"

Pour le NFP, le scénario évoqué par Jean-Luc Mélenchon servait à démontrer que la présence d’insoumis au gouvernement n’était qu’un prétexte pour l’ex-majorité pour justifier une future censure.

Au sein d'EPR, des débats sur le NFP

Pour un ministre démissionnaire, "c’était un piège avec une ficelle un peu grosse, Mélenchon a voulu montrer qu’il était ouvert mais la question est purement rhétorique, personne ne s’engage à ne jamais censurer un gouvernement".

Dans un message adressé hier à ses troupes, Gabriel Attal, président du groupe "Ensemble pour la République" (EPR), a parlé de "simulacre" et de "tentative de coup de force" de la part de Jean-Luc Mélenchon qui veut "enlever un nom sur la devanture de la boutique, mais ne rien changer à ce qu’il y a à l’intérieur". Pour celui qui est encore Premier ministre, le problème est bien le projet du Nouveau Front populaire, qui "aboutirait à un matraquage fiscal sans précédent, à un appauvrissement généralisé des Français, à un effondrement économique de notre pays et à la remise en cause dangereuse de certaines de nos valeurs les plus fondamentales, au premier rang desquelles la laïcité". Selon le futur ex-locataire de Matignon, "la censure serait donc inévitable".

Mais certains députés du groupe EPR se montrent moins définitifs à l’égard du NFP. Pour eux, la sortie de Mélenchon sur la non-participation des insoumis au gouvernement est vue comme "une première avancée", "c’est la parole et les actes politiques qui dicteront si la censure doit être ou non engagée" confiait un député de l’aile gauche, refusant alors toute idée de censure a priori.

Début d'un nouveau cycle de consultations à l’Élysée ce mardi

Le président de la République a lancé, ce mardi, un nouveau tour de consultations en recevant deux représentants de LIOT (Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires), déjà venus vendredi à l’Élysée. "Ils ont demandé au président de la République de nommer un Premier ministre rapidement", "un politique avec de l'expérience" et "qui ne soit pas de son camp", a confié une source au groupe à l'issue de la rencontre selon l’AFP.

Président du groupe qui compte 22 députés, Stéphane Lenormand avait indiqué que la présence de La France insoumise au sein du Nouveau Front populaire était pour lui un "point de blocage". Son collègue, le député Christophe Naegelen a brièvement réagi, à la sortie de l’entretien.

Les dirigeants de la "Droite républicaine", Laurent Wauquiez, Annie Genevard et Bruno Retailleau, seront eux reçus mercredi, selon plusieurs sources.

Depuis vendredi dernier, le président de la République enchaîne les entrevues pour tenter de débloquer la situation issue de la dissolution.

Ces consultations doivent permettre de nommer un nouveau gouvernement, alors que Gabriel Attal, Premier ministre démissionnaire plus de cinquante jours après le résultat des élections législatives, continue de gérer les affaires courantes - une situation inédite depuis l’après-guerre.

Avec Elsa Mondin-Gava et Kathia Gilder.

Mise à jour 16h01 : ajout du nouveau cycle de consultations à l’Élysée.