Après l'enquête judiciaire ouverte pour la vente de poupées sexuelles d'apparence enfantine, le gouvernement a annoncé, ce mercredi 5 novembre, l'engagement d'une procédure de "suspension" de la plateforme Shein en France. Ce même jour, le géant chinois de vente en ligne a inauguré à Paris, au BHV, son premier magasin physique au monde.
L'annonce a été faite à l'Assemblée nationale par le ministre du Commerce, Serge Papin, ce mercredi après-midi : "C'en est trop. Après les poupées pédopornographiques, maintenant les armes. (...) Le gouvernement engage la procédure de suspension de Shein". Sur instruction du Premier ministre, Sébastien Lecornu. Et ce, "le temps nécessaire pour que la plateforme démontre aux pouvoirs publics que l'ensemble de ses contenus soient enfin en conformité avec nos lois et règlements", a-t-il été précisé dans la foulée dans un communiqué. "Un premier point d'étape devra être fait par les ministres dans les 48 prochaines heures", peut-on également lire.
Lors des questions au gouvernement, le gouvernement avait été interpellé sur le sujet par le député Antoine Vermorel-Marques (Droite républicaine), qui est le rapporteur d'une mission d'information transpartisane "sur les contrôles des produits importés en France dans le cadre des politiques de réciprocité". "Un cap a été franchi. Nous sommes passés de la fast fashion au fast crime", a dénoncé l'élu de la Loire.
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Plusieurs députés, membres de la mission d'information en cours, ont salué la décision prise par le gouvernement. "La mesure est aujourd’hui à la hauteur", s'est félicité Antoine Vermorel-Marques, qui espère que cela enverra aussi "un signal à l'ensemble des plateformes en ligne". Alors que Shein a ouvert ce mercredi son tout premier magasin au monde à Paris, au sein du BHV, le député a aussi eu un mot à l'intention du directeur de l'enseigne parisienne : "On ne peut pas tout acheter avec de l'argent (...). Il y a des limites dans l'éthique commerciale."
"Si la plateforme Shein doit rouvrir, il faut qu'ils puissent démontrer (...) qu'ils mettent les moyens humains, quitte à rogner sérieusement sur leurs marges, pour contrôler chaque produit mis en ligne sur leur site", a quant à lui déclaré, à la sortie de l'hémicycle du Palais-Bourbon, le député Romain Eskenazi (Socialistes), le président de la mission d'information.
Cette dernière auditionnera le 18 novembre, à 18 heures, des responsables de l'entreprise.
Peu après, le géant asiatique du commerce en ligne Shein a indiqué prendre acte de la décision du gouvernement français d'initier sa suspension en France et souhaiter "engager dans les plus brefs délais un dialogue avec les autorités". "La sécurité de nos clients et l'intégrité de notre marketplace [place de marché où sont proposés des produits de vendeurs tiers, NDLR] sont nos priorités absolues", a assuré dans un communiqué Quentin Ruffat, porte-parole de Shein en France.