Lors d'une conférence de presse commune, plusieurs députés du socle gouvernemental ont dénoncé l'ouverture de magasins Shein, géant chinois de l'"ultra fast fashion", sur le territoire français. Ils en appellent au Premier ministre et réclament la convocation dans les plus brefs délais d'une commission mixte paritaire sur la proposition de loi, adoptée en première lecture par le Parlement, visant à réduire la pollution engendrée par la "fast fashion".
"Nous sommes là pour dénoncer l'installation de Shein sur le sol français, à travers des magasins physiques permanents, qui est une véritable provocation". C'est ainsi qu'Anne-Cécile Violland (Horizons) a réagi, ce jeudi 2 octobre, à l'annonce de l'ouverture de plusieurs locaux de la marque en France. Six magasins doivent être inaugurés à partir de novembre, d’abord au BHV à Paris, puis cinq autres au sein des Galeries Lafayette à Dijon, Reims, Grenoble, Angers, ou encore Limoges.
Il s'agit d'une première mondiale, pour une marque régulièrement accusée de concurrence déloyale et de dumping écologique. En mars 2024, Anne-Cécile Violland avait porté à l'Assemblée nationale une proposition de loi visant à "réduire l'impact environnemental de l'industrie textile". Sensibilisation des consommateurs aux méfaits de la mode jetable, interdiction de la publicité, taxe sur les petits colis, gestion des déchets... Le texte, voté par les députés et par les sénateurs, mais dans des versions différentes, attend la convocation d'une commission mixte paritaire (CMP) pour aboutir à une adoption définitive par le Parlement.
Une priorité devenue véritable urgence pour les députés mobilisés ce jeudi autour de la rapporteure de la proposition de loi, qui a demandé au Premier ministre de soutenir la tenue dans les plus brefs délais de cette réunion de conciliation, "suite au vote à l'unanimité dans les deux Chambres, afin de pouvoir promulguer cette loi".
Il y a urgence à agir (...) L'installation sur le sol français de ces géants de l'ultra fast fashion montre à quel point ils sont prêts à tout. Anne-Cécile Violland (Horizons)
"Il s'agit de nous mobiliser et d'interpeller notre Premier ministre. Il faut agir au plus vite pour pouvoir contrer ce qui est une aberration écologique mais aussi économique", a martelé la députée du parti d'Edouard Philippe. "Il y a des liens entre la croissance exponentielle de l'ultra fast fashion en France ces dernières années et l'augmentation visible de la vacance commerciale, notamment dans les petites villes et villes moyennes", a ajouté sa collègue du groupe Ensemble pour la République et ex-ministre déléguée chargée des entreprises, Olivia Grégoire, taxant les grands acteurs de la mode jetable de "fossoyeurs de notre commerce de proximité".
"Ils peuvent s'acheter une bonne réputation avec l'argent privé, mais pas avec l'argent public", a pour sa part déclaré Antoine Vermorel-Marques (Droite républicaine), lui-même auteur d'une proposition de loi "visant à démoder la mode éphémère grâce à un système de bonus-malus".
Rappelant qu'en juin dernier, la Société des Grands Magasins (SGM) s'était associée à la Banque des Territoires pour acquérir les murs du BHV Marais, l'élu a jugé "très inopportun" que l'argent du contribuable participe à "laisser rentrer le loup dans la bergerie". Il a indiqué que les députés présents à la conférence de presse avaient "rédigé un courrier adressé au Premier ministre", ouvert à la signature de tous leur collègues, "en vue de l'interpeller vis-à-vis de la future politique du gouvernement et de la déclaration de politique générale".